Card. Parolin, 150 ans du Bambino Gesù © capture de Zenit / Vatican News

Card. Parolin, 150 ans du Bambino Gesù © capture de Zenit / Vatican News

150 ans de l’Hôpital Bambino Gesù ou "l’imagination de la charité", par le card. Parolin

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Il souligne l’attention constante de l’Église envers les malades

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« Lorsque l’Hôpital Bambino Gesù a été fondé il y a 150 ans, il n’existait pas d’hôpitaux spécifiquement dédiés aux soins des enfants » : c’est ce que rappelle le cardinal Parolin pour qui le « Bambino Gesù » est l’expression de « l’imagination de la charité », selon une formule empruntée à saint Jean-Paul II. « Rendre visite aux malades », explique-t-il en citant le chapitre 25 de l’Évangile selon saint Matthieu, est « une des œuvres de l’amour, qui doit caractériser le style des chrétiens et des communautés chrétiennes ».

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, est intervenu à l’occasion de l’ouverture des célébrations pour les 150 ans de l’Hôpital pédiatrique Bambino Gesù, à Rome, le 19 mars 2019. Il a invité à la « gratitude » envers Dieu et envers toutes les personnes qui « ont apporté leur aide avec dévouement, générosité, désintéressement et professionnalisme, en faveur des petits patients ».

En créant des hôpitaux, affirme le représentant du Saint-Siège, l’Église a manifesté « sa constante attention envers la personne humaine » ainsi que « sa volonté et capacité à se mettre » au « service » des plus petits. Elle a su « scruter les signes des temps » et « saisir, avec rapidité et souvent en anticipant sur la société civile, les besoins et les nécessités d’une époque déterminée et (…) y répondre ». « L’Église ne cessera jamais de prêter attention aux malades », conclut le cardinal, en les maintenant « au centre du processus de soins ».

Voici notre traduction de l’intervention du cardinal secrétaire d’État.

HG

Discours du cardinal Pietro Parolin

Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités,
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d’Administration et les représentants de l’Hôpital pédiatrique Bambino Gesù,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

C’est pour moi un motif de grande joie de participer à la rencontre d’ouverture des célébrations pour les 150 ans de l’Hôpital pédiatrique Bambino Gesù. Je vous salue tous très cordialement et je vous transmets la proximité affectueuse et la bénédiction du pape François.

Les indications qu’il donnait en 2014 à l’occasion de l’Année de la Vie consacrée sont encore valables aujourd’hui, en ce moment particulièrement significatif, à savoir que chaque anniversaire est une occasion de regarder le passé avec gratitude, de vivre le présent avec passion et d’embrasser l’avenir avec espérance (cf. Lettre apostolique pour l’Année de la Vie consacrée).

Regardons donc avec gratitude les 150 années passées ! Notre gratitude va à Dieu, source de tout bien, et à toutes les personnes qui, pendant cette période déjà longue, ont apporté leur aide avec dévouement, générosité, désintéressement et professionnalisme, en faveur des petits patients.

Regarder le passé et raconter sa propre histoire est indispensable pour garder vivante son identité, consolider l’unité à l’intérieur d’une communauté et favoriser le sentiment d’appartenance de ses membres.

Quelle est l’identité de l’Hôpital Bambino Gesù ? Elle s’enracine dans la parole de Jésus au chapitre 25 de l’Évangile selon saint Matthieu : « J’étais malade, et vous m’avez visité ». Rendre visite aux malades est une des œuvres de miséricorde corporelle, une des œuvres de l’amour, qui doit caractériser le style des chrétiens et des communautés chrétiennes.

L’Église l’a traduite sous de nombreuses formes, entre autres en donnant vie à des hôpitaux et à d’autres institutions de soins et en les multipliant, au fil du temps, en signe de sa constante attention envers la personne humaine – en particulier les plus faibles et les plus vulnérables – et de sa volonté et capacité à se mettre à leur service ; avec une attitude que j’oserais définir comme « prophétique », dans le sens de savoir saisir, avec rapidité et souvent en anticipant sur la société civile, les besoins et les nécessités d’une époque déterminée et d’y répondre. Le Concile œcuménique Vatican II a parlé du devoir permanent de l’Église de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile (cf. GS n.4). Il me semble possible d’appliquer aussi à notre cas ces paroles de Gaudium et spes, le document qui traite de la présence et de la mission de l’Église dans le monde contemporain. En fait, lorsque l’Hôpital Bambino Gesù a été fondé il y a 150 ans, il n’existait pas d’hôpitaux spécifiquement dédiés aux soins des enfants.

C’est l’expression de cette « imagination de la charité » que le saint pape Jean-Paul II évoquait dans son exhortation apostolique Novo millennio ineunte, publiée à l’issue du Grand Jubilé de 2000. La charité est inventive, la charité est créative. « Ubi amor ibi oculos », affirmait Richard de Saint-Victor. Là où est l’amour, là est le regard, là il y a des yeux pour voir, pour être conscients, pour se rendre compte, et il y a des yeux pour pourvoir, pour secourir, pour aider, non seulement par des actes de bienfaisance sporadiques, mais en réalisant des œuvres en mesure d’interpréter et de répondre dans le présent aux exigences des plus démunis et de se projeter dans l’avenir. Cette « imagination de la charité », expliquait le pape, doit se déployer « non pas tant, et non seulement dans l’efficacité des secours apportés, mais dans la capacité à se faire proche, solidaire avec ceux qui souffrent. De sorte que le geste d’aide soit ressenti non pas comme une obole humiliante, mais comme un partage fraternel ».

L’Hôpital pédiatrique Bambino Gesù naît d’une intuition inspirée, se concrétise dans un projet, grandit avec l’implication des personnes et avec le soutien de la communauté, et se distingue dans son histoire pour être solidaire avec ceux qui souffrent, tout en étant efficace dans le secours apporté.

Aujourd’hui, le scénario a radicalement changé par rapport à l’époque où l’Hôpital faisait ses premiers pas. En Italie, a été lancé et s’est consolidé un système de Service de santé national qui aspire à réaliser le principe d’égalité proclamé dans l’article trois de la Constitution. Tous les citoyens, riches ou pauvres, jeunes ou adultes, ont droit aux soins. C’est ainsi que l’on protège et que l’on promeut la vie.

Ce système implique différents acteurs institutionnels, comme les régions et l’État, et en même temps il mêle l’action privée à l’action publique. C’est une réalité complexe qui doit être constamment suivie, gouvernée, soutenue et stimulée pour que le niveau des services rendus et de leur qualité soit toujours conforme à la dignité humaine de chaque malade. « La personne du malade doit être respectée dans sa dignité et toujours maintenue au centre du processus de soins », exhortait le pape François dans son Message pour la Journée mondiale des malades 2018. Mettre le malade au centre signifie, entre autres, savoir conjuguer l’action de « soigner » la maladie avec celle de « prendre soin » de tout le patient, de sa personne et de son monde affectif, relationnel, psychologique et aussi spirituel.

Au cours de son histoire, l’Hôpital Bambino Gesù a continuellement apporté sa contribution à la croissance de la santé italienne, d’abord en garantissant l’accès aux soins pour les petits malades et ensuite en développant l’engagement de la recherche scientifique, jusqu’à obtenir, en 1985, la reconnaissance IRCCS (Institut de recherche et de soins à caractère scientifique). Aujourd’hui, c’est une des excellences au niveau européen et mondial. Le siège où se déroule notre rencontre est le plus grand centre européen de recherche consacré aux soins pédiatriques. Les soins passent nécessairement par la recherche qui demande toujours des investissements importants en structures, technologies et ressources humaines. Il est essentiel d’investir dans des parcours d’innovation scientifique pour répondre aux défis de l’avenir.

Même si la situation a radicalement changé par rapport aux temps des premières expériences de pionnier, l’Église ne cessera jamais de prêter attention aux malades. Avec ce regard d’amour et avec cette attitude « prophétique » que nous avons rappelée précédemment. Je pense en particulier aux nouvelles pauvretés en matière de santé : maladies chroniques et maladies rares, troubles mentaux, personnes âgées ou marginalisées. Les plus petits devront toujours être protégés, il y aura toujours des familles à impliquer dans les soins, il faudra toujours activer des réseaux pour que personne ne soit laissé seul. Parce que, comme nous l’a rappelé le pape François dans son message pour la Journée mondiale des malades de cette année, « la santé est relationnelle, elle dépend de l’interaction avec les autres et a besoin de confiance, d’amitié et de solidarité, elle est un bien dont on ne peut ‘pleinement’ bénéficier que s’il est partagé ».

L’environnement naturel dans lequel l’Hôpital Bambino Gesù remplit sa mission est à l’intérieur du Service de santé national, où il veut continuer d’être un protagoniste à Rome, dans le Latium et en Italie. Mais l’Hôpital est aussi une expression de l’Église catholique dont l’horizon est, par définition, universel. Si notre regard n’était pas tourné vers les périphéries du monde, nous ne répondrions pas à notre vocation. Une fois encore, « ubi amor ibi oculos » ! Le style concret de cette mission, qui signifie partage du savoir, formation et accompagnement, a trouvé une belle réalisation dans la récente ouverture de l’Hôpital de Bangui, en République centrafricaine. C’est un témoignage que, pour l’Hôpital Bambino Gesù, il n’y a pas de mur ni de frontière, ni de race ni d’appartenance religieuse qui séparent de la charité. C’est ainsi que nous voulons poursuivre dans le présent, avec passion, notre grande tâche de prendre soin des enfants malades, y compris ceux qui n’en ont pas la possibilité dans leur pays, en signe de la charité de Jésus-Christ et de son Église, et par conséquent de nous ouvrir et d’embrasser avec espérance l’avenir qui est devant nous.

Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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