Saint Jean de Dieu © saintjeandedieu.fr

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"Vivre l’hospitalité, c’est accueillir l’autre comme un don", par le p. Ragonneau sj

Le carême avec les frères de Saint-Jean-de-Dieu (2)

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Aventurier de l’hospitalité, saint de la charité, père de l’hôpital moderne : autant de surnoms attribués à saint Jean de Dieu (1495-1550), que l’Eglise fête demain, 8 mars 2017.
Pendant ce carême, et à l’occasion du voyage de la curie généralice de Rome au Liberia et en Sierra Leone, ZENIT propose à ses lecteurs la (re)découverte de cette communauté aux « périphéries » mais aussi au cœur du Vatican, avec une pharmacie fréquentée par tout Rome.
Elle a été guidée au cours des siècles par la mise en pratique des « œuvres de miséricorde » que le Jubilé extraordinaire a remises en lumière. Un premier volet a été publié la semaine dernière pour l’entrée en carême: un entretien avec le fr Alain-Samuel Jeancler, provincial de France.
Né à Montemor-o-Novo, non loin de Lisbonne (Portugal), le 8 mars 1495, Jean de Dieu – alors João Cidade – transféré en Espagne, vit une vie d’aventures, passant de la carrière militaire à la vente de livres en passant par berger et précepteur.
Hospitalisé à l’hôpital de Grenade, il rencontre la réalité dramatique des malades, abandonnés à eux-mêmes et marginalisés et décide ainsi de consacrer sa vie au service des infirmes. Il fonde son premier hôpital à Grenade en 1539. Il meurt le 8 mars 1550.
En 1630 il fut déclaré bienheureux par le Pape Urbain VII, en 1690 il fut canonisé par le Pape Alexandre VIII. Fin 19ème, début 20ème, il fut proclamé Patron des malades, des hôpitaux, des infirmiers et de leurs associations.
A la suite de saint Jean de Dieu, ceux qui s’appelèrent Frères de la Charité en France, ou encore Fatebenefratelli en Italie, proposent aujourd’hui encore le charisme d’hospitalité légué par leur fondateur à travers 53 pays, au sein de plus de 400 établissements. Les quelque 1 100 Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu sont accompagnés dans leur mission par plus de 60 000 collaborateurs laïcs.
A l’occasion de la fête du fondateur, le père Jean-Luc Ragonneau, jésuite français, proche de la communauté, propose cette réflexion sur l’hospitalité et le message de carême du pape François.
AB
Vivre l’hospitalité, c’est accueillir l’autre comme un don
Dans sa lettre du 8 mars 2017, le supérieur général des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu, à l’occasion de la fête patronale, fait écho aux diverses visites accomplies dans des œuvres et des communautés. Il écrit : « il est très réconfortant de rencontrer des frères, des collaborateurs et des bénévoles profondément engagés et convaincus de l’importance de la mission d’hospitalité qu’ils réalisent et, plus réconfortant encore, est de constater la manière dont ils le font ».
Cette « mission d’hospitalité », vécue intensément par les frères mais aussi par tous leurs amis, trouve son fondement dans la Bonne Nouvelle qu’est Jésus Christ, révélant l’hospitalité divine.
Vivre l’hospitalité invite à franchir un seuil, à aller à la rencontre de l’autre tel qu’il est et à le recevoir de façon que l’étranger devienne un hôte. Vivre la miséricorde nous conduit à ouvrir la porte de notre vie à l’autre, mais aussi à frapper à la porte de celui qui se terre dans sa maison. Être hospitalier, c’est frapper à la porte de l’autre pour être reçu par lui ; c’est ouvrir la porte à l’autre pour qu’il se découvre un homme, aimable et aimé. Dieu prend toujours l’initiative de venir au-devant de celui qui n’oserait même plus lever les yeux, qui serait écrasé par ce qu’il subit, comme ce paralytique de la piscine de Bethesda, dans l’évangile selon Jean : « Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton brancard, et marche » [Jean 5, 5-8]. Il nous faut aussi prendre cette initiative pour rejoindre l’autre dans sa vulnérabilité et sa faiblesse, pour le soutenir dans le cheminement qui est le sien vers son humanisation.
La Bonne Nouvelle qu’est Jésus Christ – dont les évangiles sont la mise en récits – témoigne que Dieu se fait l’un d’entre nous pour que nous apprenions de lui, le seul Maître, qui nous sommes en vérité, pour que nous percevions le chemin à emprunter pour répondre à notre vocation et traverser le mystère que nous sommes pour nous-mêmes et qu’est l’autre pour nous, pour que, nous acceptant comme fils d’un unique Père, nous regardions les autres comme des frères. En se faisant l’un de nous, Dieu manifeste sa miséricorde et nous offre l’hospitalité en sa vie même : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés… Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi… » [Jean 17, 1-2, 24]. Pour nous vivre la miséricorde consistera à pratiquer l’hospitalité, comme Dieu à notre encontre : « A la racine de l’Evangile de la miséricorde, la rencontre et l’accueil de l’autre se relient à la rencontre et à l’accueil de Dieu : accueillir l’autre, c’est accueillir Dieu en sa personne ! Ne vous laissez pas voler l’espérance et la joie de vivre qui jaillissent de l’expérience de la miséricorde de Dieu, qui se manifeste dans les personnes que vous rencontrez au long de vos chemins ! » [Pape François,Message pour la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, 17 janvier 2016].
A cette école de vie, nous pouvons être sensibles à ce que François rappelle dans son Message de Carême pour cette année. Il commente la parabole du « pauvre Lazare » : « Lazare nous apprend que l’autre est un don. La relation juste envers les personnes consiste à reconnaître avec gratitude leur valeur. Ainsi le pauvre devant la porte du riche ne représente pas un obstacle gênant mais un appel à nous convertir et à changer de vie. La première invitation que nous adresse cette parabole est celle d’ouvrir la porte de notre cœur à l’autre car toute personne est un don, autant notre voisin que le pauvre que nous ne connaissons pas. Le Carême est un temps propice pour ouvrir la porte à ceux qui sont dans le besoin et reconnaître en eux le visage du Christ. Chacun de nous en croise sur son propre chemin. Toute vie qui vient à notre rencontre est un don et mérite accueil, respect, amour » [François, Message pour le Carême 2017].
Profitons donc de ce temps favorable qu’est le Carême pour ouvrir notre porte… celle de notre cœur, mais aussi celle de notre générosité, celle de notre hospitalité.
Père Jean-Luc Ragonneau sj

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Rédaction

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