ROME, Vendredi 14 décembre 2007 (ZENIT.org) – Dans quelle mesure Jean Baptiste peut-il être appelé « prophète » s’il n’a pas annoncé de salut « à venir » mais un salut « présent » ?
C’est la question qui était ce matin au cœur de la deuxième prédication de l’Avent du P. Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, prononcée au Vatican en présence du pape et de membres de la curie romaine.
« Jésus définit Jean Baptiste ‘plus qu’un prophète’, mais où est la prophétie dans son cas ? », s’est interrogé le prédicateur capucin.
« Les prophètes annonçaient un salut à venir ; mais le Précurseur n’annonce pas un salut à venir ; il indique un salut qui est présent. Dans quelle mesure peut-on alors l’appeler prophète ? », s’est-il interrogé.
« Jean Baptiste a inauguré la nouvelle prophétie, celle du temps de l’Eglise, qui ne consiste pas à annoncer un salut à venir et lointain, mais à révéler la présence cachée du Christ dans le monde, à arracher le voile qui se trouve devant les yeux des personnes, à secouer leur indifférence », a répondu le P. Cantalamessa.
Le Christ est celui qui marque « le tournant décisif de l’histoire » et « celui qui baptise dans l’Esprit Saint », contrairement à Jean Baptiste qui baptisait dans l’eau.
« Dans toute son œuvre, Jésus est celui qui baptise dans l’Esprit Saint, a rappelé le prédicateur. Baptiser a ici un sens métaphorique ; cela signifie inonder, envelopper de toutes parts, comme fait l’eau avec les corps qui y sont immergés ».
« L’expression ‘baptiser dans l’Esprit’ définit donc l’œuvre essentielle du Messie qui, déjà dans les prophètes de l’Ancien Testament se présente comme orientée à régénérer l’humanité à travers une grande et universelle effusion de l’Esprit de Dieu », a-t-il poursuivi.
Le P. Cantalamessa a alors évoqué ce que l’on appelle « l’effusion de l’Esprit », littéralement le « baptême dans l’Esprit », rappelant que, depuis un siècle, des millions de croyants en ont fait l’expérience. Il cite, dans ce domaine, la naissance du Renouveau charismatique catholique, aux Etats-Unis, il y a quarante ans.
L’effusion de l’Esprit est « un rite fait de gestes d’une grande simplicité, accompagnés par des dispositions de repentir et de foi dans la promesse du Christ : ‘Le Père donnera l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient’ », a-t-il expliqué.
« L’effet le plus courant de cette grâce est que l’Esprit Saint, qui était un objet de foi intellectuelle plus ou moins abstrait, devient un fait d’expérience », a-t-il ajouté.
« Avant même de le percevoir dans la manifestation des charismes, on le perçoit comme Esprit qui transforme intérieurement, donne le goût de la louange de Dieu, ouvre l’esprit à la compréhension des Ecritures, enseigne à proclamer Jésus ‘Seigneur’ et donne le courage d’assumer des tâches nouvelles et difficiles, au service de Dieu et de son prochain », a-t-il ajouté.
« Il n’est pas dit que tous soient appelés à faire l’expérience de la grâce d’une nouvelle Pentecôte de cette manière, estime-t-il. Cependant, nous sommes tous appelés à ne pas rester en dehors de ce ‘courant de grâce’ qui traverse l’Eglise de l’après Concile. Jean XXIII parla, à son époque, d’une ‘nouvelle Pentecôte’ ; Paul VI est allé plus loin et a parlé d’une ‘perpétuelle Pentecôte’, d’une Pentecôte continuelle ».
« L’Esprit Saint est avant tout un spécialiste des maladies du mariage et de la famille », a souligné le prédicateur de la Maison pontificale.
« Le mariage consiste à se donner l’un à l’autre, c’est le sacrement du don. L’Esprit Saint est le don devenu personne ; c’est le don du Père au Fils et du Fils au Père. Là où il arrive renaît la capacité de se donner et avec elle la joie et la beauté de vivre ensemble, pour les époux. L’amour de Dieu qu’il ‘répand dans nos cœurs’ ravive toutes les autres expressions d’amour et en premier lieu l’amour conjugal », a-t-il expliqué.
Le P. Cantalamessa a conclu en exhortant chacun à devenir « un prophète de Dieu », « petit, inconnu de tous, peu importe, mais un prophète qui, comme le disait Paul VI, a ‘le feu dans le coeur, la parole sur les lèvres, la prophétie dans le regard’.
Gisèle Plantec