Les objectifs du synode

par S.B. Naguib (Egypte) et Mgr Raï (Liban)

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ROME, Lundi 11 octobre 2010 (ZENIT.org) – Le synode doit écouter « ce que l’Esprit dit aux Eglises », notamment dans un contexte où la « laïcité » positive n’est guère mise en pratique, mettant à mal la liberté religieuse.

En fin de matinée, S. B. Antonios Naguib, patriarche d’Alexandrie des Coptes d’Egypte, rapporteur général du synode, et Mgr Béchara Raï, O.M.M., évêque de Jbeil, Byblos des maronites, au Liban, ont rencontré la presse au Vatican.

Ce que l’Esprit dit aux Eglises

Pour Mgr Béchara Raï, les trois buts du synode sont d’une part, une nouvelle « prise de conscience de la variété des chrétiens et du sens de leur présence historique au Moyen-Orient, de leur grande contribution à la vie de leurs pays » ; d’autre part, de « consolider les liens de communion ecclésiale », et enfin de « favoriser le témoignage chrétien, du point de vue spirituel, pastoral, social ».

Il souligne que la grande question est : « Qu’est-ce que l’Esprit Saint dit aux Eglises du Moyen-Orient pour relever les défis qui se présentent ? On en attend des fruits, des initiatives ».

Il est aussi clair que l’on « touchera les blessures du Moyen-Orient : Comment pouvoir assurer une vie de paix, d’entente et de prospérité ? »

Il relève que le « Rapporteur général » aborde la question des « grands problèmes de la vie chrétienne, de l’économie, de la politique, des droits de l’homme, de la liberté de culte en particulier, de conscience. Il rappelle en cela le contenu des « Lineamenta » et de « l’Instrument de Travail ».

La liberté de conscience

Il a aussi abordé la question de la liberté religieuse : « La liberté de conscience s’inscrit dans cette conception de l’islam que le judaïsme a été ‘complété’ par le christianisme et que le christianisme a été ‘complété’ par l’islam. On peut donc passer du judaïsme ou du christianisme à l’islam, mais pas l’inverse : on risque la peine de mort. C’est ‘one way’, à sens unique. C’est un grand problème pour l’Eglise et pour la communauté internationale ».

A la question de savoir s’il était « optimiste » ou « pessimiste », Mgr Raï a répondu que « les chrétiens sont appelés à être des ferments dans la pâte. La lumière dans l’obscurité. Celui qui fait l’histoire, c’est le Christ, nous sommes son Corps, ses mains, on ne peut pas désespérer. Nous sommes le Christ dans le monde. Je dois être un instrument loyal pour faire arriver sa voix par le témoignage de l’espérance. Il s’agit de donner un sens à la vie, à la philosophie, à la culture. La question n’est pas qu’est-ce qu’on doit faire pour survivre, mais comment donner un sens à la vie ».

La laïcité positive

Pour ce qui est de la « laïcité positive », il explique : « Cela signifie la séparation entre l’Eglise et l’Etat dans le respect de la loi naturelle par les Etats. Au contraire, une laïcité négative reconnaît l’avortement, le mariage libre, – contraire à la loi divine – , le mariage entre personnes gay. La laïcité positive fait problème aux musulmans qui y voient le danger de supprimer la religion. Les chrétiens cherchent à contribuer à réaliser cette laïcité positive par exemple au Liban ».

Il précise qu’au Liban, « le terme laïc est accepté par chrétiens et musulmans, ainsi que la séparation de l’Etat et de la religion (article 9 de la Constitution). C’est un système unique au monde, respectueux vis-à-vis de Dieu et de toutes les religions. On préfère l’appeler ‘Etat civil’ : l’Etat respecte la liberté de culte et de religion, c’est garanti par la loi et cela a été voulu dès 1943, avec la cohabitation sur un pied d’égalité entre tous les citoyens. Cela vise à faire en sorte que les chrétiens ne soient pas considérés comme des citoyens de seconde classe. En Israël la liberté de conscience et de religion est en quelque sorte supprimée parce qu’en fait les chrétiens sont des citoyens de seconde classe ».

Une seule voix catholique

Pour sa part, le patriarche Naguib a souligné que le synode – qui doit voter les propositions et le message final – pourra faire parler les différents catholiques du Moyen-Orient « d’une seule voix » : « A la fin, oui, une seule voix, synodale, une seule voix catholique ».

Le problème de la liberté de culte, a-t-il fait observer, vient d’ « une vision de l’islam, sa vision du lien entre religion et Etat : en théorie, l’Etat accepte le passage de l’islam au christianisme, mais en pratique c’est un problème ».

A propos de la laïcité positive, il a suggéré l‘emploi d’autres expressions moins « pipées » au Moyen-Orient : « Au lieu de parler de ‘laïcité positive’ on pourrait parler d’Etat ‘laïc’ ou d’Etat ‘civil’. Le Liban est un exemple pour l’humanité. Il a créé un Etat laïc, civil, en respectant les valeurs religieuses. Mais dès qu’on parle de laïcité en Egypte, on se heurte à un refus des autorités. On craint que cela signifie ‘absence de Dieu’. Il vaut mieux parler d’Etat laïc ou d’Etat civil, je préfère ces expressions ».

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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