Traduction d’Océane Le Gall
ROME, vendredi 5 octobre 2012 (ZENIT.org) – Le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, a évoqué les soixante-quinze ans de présence salésienne au Vatican, « sur les traces de don Bosco dans le domaine de la communication ». Voici notre traduction de cette homélie publiée par L’Osservatore Romano en italien du 4 octobre 2012.
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Je suis heureux de présider cette messe d’action de grâce pour la congrégation salésienne au Vatican, à l’occasion des 75 ans de sa présence et service auprès du Saint-Siège. Sa présence fut une présence discrète et fidèle; tant de confrères ont accompli et continuent d’accomplir avec constance et compétence, au nom et dans l’esprit de don Bosco, leur mission particulière.
En 1980 le regretté P. Martina, jésuite et historien, qui devait préparer un congrès sur la présence des religieux à Rome, voulut mieux s’informer sur les origines de la présence des salésiens au Vatican et demanda au directeur de l’époque, le P. Toti, de lui dire les raisons qui avaient amené le pape Pie XI à faire appel aux salésiens pour prendre la direction technique et administrative de la typographie polyglotte du Vatican et de «L’Osservatore Romano». La première des raisons données fut que le pape connaissait personnellement et depuis très longtemps la congrégation salésienne. En effet, jeune prêtre, il s’était rendu en visite de quelques jours chez don Bosco à Torino-Valdocco, pour connaitre de visu tout ce que le prêtre piémontais faisait avec ses oratoires et, en particulier, avec les écoles professionnelles.
En pionnier de la communication sociale, don Bosco avait même acheté à Mathi, dans la province de Turin, une fameuse papeterie pour se faire une bonne idée du processus de fonctionnement de la presse et donc de la diffusion des livres en fonction de l’évangélisation et de la promotion culturelle. Il avait voulu s’insérer dans le monde de la presse et de la communication, comme il disait, « à l’avant-garde du progrès ».
En tant que nonce en Pologne également, Mgr Achille Ratti fut particulièrement proche des œuvres salésiennes et, lorsqu’il devint pape, en signe d’estime et de bienveillance, il créa cardinal l’inspecteur de l’époque le P. August Hlond. Par ailleurs, après la fin de la première guerre mondiale, la multiplication des écoles professionnelles, non seulement en Italie mais dans le monde entier, et en particulier en Amérique Latine, n’avait pas non plus échappé à Pie XI.
La canonisation de don Bosco, en 1934, célébrée le jour de Pâques, eut une grande signification. Trois ans plus tard, en 1937, le Souverain Pontifie appela les fils de saint Jean Bosco pour qu’ils se lancent, les premiers jours d’août, dans cette difficile mission visant à gérer [la typographie] qu’on appelle la «Polyglotte», et à veiller à la bonne administration de la presse et à la diffusion de «L’Osservatore Romano». De cette manière, le pape leur demandait non seulement d’assumer des qualités techniques, mais de mettre à profit tout ce que la tradition charismatique de don Bosco avait enseigné aux différentes générations en termes d’expérience professionnelle et de gestion du travail. L’acceptation de cette nouvelle charge proposée au successeur de don Bosco, don Ricaldone, fut accueillie en parfaite harmonie avec le fondateur, dans un esprit d’obéissance au pape. « Aucune fatigue, quelle qu’elle soit, ne compte guère quand il s’agit de l’Egliseet duPape », disait souvent don Bosco à ses fils.
Je voudrais mettre en avant les deux dimensions qui, dans l’identité salésienne, caractérisent cette présence au Vatican: la première est la dimension ecclésiale. Le sens ecclésial de don Bosco et de son œuvre, cette intégration et ce sens aigu de leur appartenance à l’Eglise universelle, leur engagement concret dans l’Eglise particulière, trouvent ici une visibilité qui fait d’eux des co-responsables de la grande mission commune de salut. La seconde dimension est [la collaboration des frères] laïcs: dans la communauté salésienne du Vatican, la vocation et le professionnalisme du salésien « coadjuteur », qui fut une grande intuition de don Bosco et qui caractérise, encore aujourd’hui, la présence salésienne dans le monde entier, sont d’une importance particulière.
Le pape Pie XI, homme très cultivé et doté d’une grande clairvoyance, comprit l’importance de la communication socialeau service de l’évangélisation et de la culture chrétienne. Il mit donc en œuvre des instruments et des ressources, et il s’entoura de personnes qualifiées, que la Providence avait suscitées dans l’Eglise, pour agir de manière stratégique sur le front de l’annonce et de la diffusion du message chrétien. Le pape voulait des collaborateurs et des moyens qui l’aident à faire résonner le plus largement possible la Parole de Dieu. Les salésiens, invités à mettre leurs compétences, leur génie, leurs capacités managériales, au service de la communication sociale qui, à ce moment-là, prenait de l’importance, offrirent leur contribution pour répandre de manière plus incisive la Parole de Dieu et les documents du Magistère pontifical. Ces publications, imprimées avec beaucoup de soin et traduites en plusieurs langues, ont toujours été très appréciées.
Chers confrères de la Famille salésienne, célébrer dignement ces 75 années de présence laborieuse à l’intérieur de la Cité du Vatican signifie louer avec le Christ le Père qui nous a appelés parmi ceux auxquels ont été révélés les mystère du Royaume de Dieu, mais c’est aussi rappeler que cette prédilection divine doit être toujours méritée, renouvelée, en conservant un cœur humble et généreux qui nous permette d’aider l’humanité, épuisée, de ce troisième millénaire, afin qu’elle puisse, grâce à notre travail aussi, rencontrer et connaître le Christ, trouver en lui réconfort et espérance.
Nos pensées de fidèle et pieuse dévotion vont au Souverain Pontifie Benoît XVI. Il m’a chargé d’assurer sa présence spirituelle à cette célébration et de transmettre à chacun sa bénédiction apostolique, et ses encouragements à poursuivre ce sain et riche travail, en cette époque de nouvelle évangélisation. Au successeur de Pierre, que nous reconnaissons tous comme étant la pierre sur laquelle se fonde et s’édifie toujours la sainte Eglise, nous assurons notre prière constante et notre filiale adhésion à son ministère apostolique universel.
Chers amis, plus que quelques jours avant le début de l’Année de la foi, voulue par le Saint-Père au 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile œcuménique Vatican II et au 20ème anniversaire de la promulgation du Catéchisme de l’Eglise catholique. Dans la lettre apostolique Porta fidei, Sa sainteté affirme: « Alors que par le passé il était possible de reconnaître un tissu culturel unitaire, largement admis dans son renvoi aux contenus de la foi et aux valeurs inspirées par elle, aujourd’hui il ne semble plus en être ainsi dans de grands secteurs de la société, en raison d’une profonde crise de la foi qui a touché de nombreuses personnes. Nous ne pouvons accepter que le sel devienne insipide et que la lumière soit tenue cachée. Nous devons retrouver le goût de nous nourrir de la Parole de Dieu, transmise par l’Église de façon fidèle, et du Pain de la vie, offerts en soutien à tous ceux qui sont ses disciples » (nn. 2-3).
Cette invitation, chers amis, vaut aussi pour nous! Que Marie Auxiliatrice, saint Jean Bosco et tous les saints et les bienheureux de la famille salésienne aident en particulier la communauté qui travaille au Vatican à répondre toujours fidèlement à cet appel.