Entrer dans la grande neuvaine

Montée du Christ, descente de lEsprit

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Avec la fête de l’Ascension, le mystère pascal du Christ est accompli dans sa totalité : sa Passion, sa résurrection et sa glorification auprès du Père. Pour autant, le temps pascal liturgique ne prend pas fin dans la fête de l’Ascension, il nous conduit à la réalisation de la promesse du Christ : l’envoi de l’Esprit Saint sur toute chair. 

L’Ascension

En quittant les siens, le Christ ressuscité retourne auprès du Père. Il disparaît à nos yeux alors même qu’il vient de promettre : « Moi, je suis avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). L’Ascension du Christ introduit dans le monde le mystère de sa présence absente qui inaugure le temps de la foi : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29). La rencontre du Christ ne sera jamais plus une rencontre immédiate, de face à face direct, elle se fera toujours à travers le témoignage des disciples, qu’il s’agisse de l’annonce de la Bonne nouvelle, de l’écoute de la Parole consignée dans l’Évangile, dans les sacrements – et particulièrement l’eucharistie –, ou de la charité déployée par les disciples au service de tout homme. 

Si le Christ s’élève dans la gloire, il reste ici-bas présent dans les membres de son corps que nous sommes. Il est en nous, et par nous il est dans le monde. Plus qu’un triste départ, l’Ascension est un heureux envoi en mission. Baptisés, nous avons à prendre part à la mission du Christ, à la poursuivre pour que la Bonne Nouvelle arrive « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).

La neuvaine d’attente

« Quant à vous – dit Jésus aux disciples avant de les quitter – demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force venue d’en haut » (Lc 24, 49). Nul ne sait combien de jour ils ont attendus, mais la tradition liturgique qui a placé l’Ascension neuf jours avant la fête de la Pentecôte a, d’une certaine manière, fixé ce délai donnant ainsi naissance à la pratique de la neuvaine.

Notons que la neuvaine conjugue la prière à partir de trois éléments : la fidélité, l’Église, la promesse du Christ.

La fidélité parce qu’il est nécessaire de venir chaque jour faire la même démarche de prière instante. L’Église parce que les disciples étaient ensemble, unis dans une même supplication. La promesse faite par le Christ qui est l’objet même de la neuvaine. L’Église, tout entière, participe à cette grande prière dont la liturgie se fait l’écho à la messe où la prière d’ouverture comporte un appel à l’Esprit. Par exemple, le samedi de la 6e semaine : « Répands maintenant sur nous les mêmes dons de l’Esprit » ou le lundi de la 7e semaine : « Que descende sur nous la force de l’Esprit saint ». Il en va de même dans la liturgie des Heures où les prières d’intercession de chaque jour sont des appels à l’Esprit : « Envoie sur nous ton Esprit ! » ; « Par la puissance de ton Esprit, Seigneur Jésus vivifie ton Église ».

Ce qui est en jeu dans cette forme de prière, c’est la réalisation du mystère du salut. On peut dire que la neuvaine qui précède la Pentecôte est le prototype de toutes les autres neuvaines.

Le feu missionnaire

Il est une chose dont nous sommes certains : « le Père donnera l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (cf. Lc 11, 13). Ce que nous savons moins, c’est ce que l’Esprit Saint fera de nous si nous le laissons faire ! Ainsi les disciples réunis au Cénacle ont attendu cette « force d’en haut » promise par Jésus, sans bien savoir ce qu’elle serait et ce qu’elle produirai comme effet. Ainsi prendre part à la grande neuvaine à l’Esprit, c’est comme signer un chèque ne blanc. Nous ne savons pas de quelle ivresse nous serons pris au matin de Pentecôte ? Quelle nouveauté Dieu va-t-il introduire dans notre manière de vivre qui va radicalement bouleverser notre manière de vivre notre quotidien ? Les disciples se sont retrouvés dans la rue, poussés par un feu intérieur. Ce feu les a envoyés au quatre coins du monde, que savons-nous de ce qui nous attend ? Peu importe d’ailleurs ! Nos calculs seront toujours en-dessous de ce que l’Esprit suscitera en nous. En ces jours d’ouverture à l’impossible de Dieu, prions avec foi : « Fais-nous quitter ce qui ne peut que vieillir, envoie-nous un esprit de renouveau et de sainteté. »

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Marie Ruel

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