ROME, Vendredi 9 novembre 2001 (ZENIT.org) – Les évêques de France disent leur solidarité avec les populations éprouvées par la violence, des Etats-Unis au Soudan en passant par l´Afghanistan, le Moyen Orient, et la Colombie, et ils en appellent à la responsabilité des « opinions publiques » et des « gouvernements ».
« De nouveaux défis pour la paix du monde. Après les attentats du 11 septembre 2001 »: Soudan, Proche Orient et Colombie ont été présents dans les travaux de la conférence des évêques de France réunie en assemblée à Lourdes depuis dimanche dernier; comme en témoigne ce message final des évêques et le télégramme de Mgr Ricard, nouveau président.
« Aujourd´hui, la paix est devenue l´affaire des opinions publiques et des gouvernements de tous les pays. La mondialisation n´est pas qu´une compétition d´intérêts. Il dépend de tous d´en faire une mondialisation de la justice et de la solidarité. Responsables pour notre part du message de paix et de fraternité de l´Évangile, nous avons voulu lancer cet appel, comme l´avaient fait déjà les évêques rassemblés au Synode autour du Pape Jean-Paul II.
Nous prions et nous invitons les chrétiens à prier Dieu, le Père de tous les hommes, de répandre son Esprit de paix, et de soutenir les efforts de tous les artisans de paix. » Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ».
Les évêques répètent leur condamnation « absolue » du terrorisme, et en même temps invitent à « intensifier les relations » avec les Musulmans: « Beaucoup de musulmans ont été eux-mêmes très choqués par cette violence et ont exprimé leur réprobation ». Ils demandent que cessent les bombardements en Afghanistan: « Il est temps de chercher d´autres moyens pour ne pas ajouter le mal au mal, la violence à la violence ». Il rappellent que la Paix est le « message de Noël » et que « la paix est fruit de la justice et de la solidarité ».
Mentionnant la réunion romaine de la FAO, ils souhaitent « que l´Europe puisse assumer pleinement ses responsabilités internationales ».
Pour les évêques, la guerre au moyen orient « ne cessera que si d´abord sont respectés le droit et l´équité sur les questions fondamentales : la sécurité de l´État d´Israël, l´établissement d´un État viable pour les Palestiniens, une juste répartition des ressources, et spécialement de l´eau, l´établissement d´un statut adapté pour Jérusalem, la prise en compte équitable du problème des réfugiés, dans le cadre des traités conclus et des résolutions de l´ONU ».
Ls évêques de France, rappellent une actualité qui ne fait pas la une, mais « des millions de morts et de personnes déplacées »: les décennies de guerre au Soudan. » Aux chrétiens du Soudan, comme à tous ceux qui, par le monde, se trouvent dans des conditions minoritaires difficiles ou sont victimes de persécutions, nous voulons dire notre solidarité », disent les évêques français.
-Message des évêques de France –
De nouveaux défis pour la paix du monde
Après les attentats du 11 septembre 2001
Il y a moins de deux mois, le 11 septembre, le monde était secoué par les attentats tragiques qui ont frappé les USA : le terrorisme devenait mondial. Nous restons profondément marqués par ces événements. Nous partageons la douleur des familles des victimes et l´émotion du peuple américain. Les menaces ne sont pas écartées. L´onde de choc est loin d´être apaisée. Avec le Synode des évêques, » nous condamnons de manière absolue le terrorisme que rien ne saurait justifier « .
Pour nous chrétiens, la pensée que des hommes puissent tuer d´autres hommes au nom de Dieu, ou, bien pis, sur l´ordre de Dieu, nous fait horreur. Nous sommes les disciples de Jésus, le Fils de Dieu. En lui, nous savons que Dieu est Amour. Par lui, nous recevons le pardon et la force de pardonner. Avec lui, nous pouvons devenir des serviteurs de la justice et des bâtisseurs de paix.
Beaucoup de musulmans ont été eux-mêmes très choqués par cette violence et ont exprimé leur réprobation. Avec ceux qui vivent dans nos diocèses, au moment où ils se préparent au Ramadan, nous voulons surmonter la méfiance et les tensions, poursuivre le dialogue, intensifier les relations.
Des bombardements de plus en plus violents frappent maintenant l´Afghanistan, dans l´intention d´y détruire les bases du terrorisme. Mais ils font aussi des morts et des blessés dans les populations civiles innocentes. Ils détruisent les biens. La peur jette sur les routes ou dans les montagnes des milliers de réfugiés. Une situation de guerre s´étend dans le pays. Il est temps de chercher d´autres moyens pour ne pas ajouter le mal au mal, la violence à la violence.
Si notre humanité veut sortir de la violence, elle ne peut se dispenser de combattre les situations de violence. La paix est fruit de la justice et de la solidarité. Il ne suffit pas de le répéter. Le seul combat digne de l´humanité est l´engagement de tous, et spécialement de nos pays plus favorisés, pour réduire les inégalités criantes entre les peuples, qu´il s´agisse de la nourriture, de la santé, de l´éducation, de la liberté, de la dignité, du pouvoir. Beaucoup d´hommes et de femmes y sont déjà engagés. Mais cela nous concerne tous. Nous ne pouvons nous y dérober ! » Paix sur la terre » : c´est le message de Noël.
En ce moment où se réunit à Rome la 31e conférence générale de la FAO, nous tenons à réaffirmer la nécessité des organisations internationales, et spécialement de l´ONU. Plus elles pourront jouer leur rôle, plus elles deviendront garantes d´un droit international contre la loi du plus fort ou du plus violent. Nous souhaitons également que l´Europe puisse assumer pleinement ses responsabilités internationales.
Le conflit du Proche-Orient
Nous sommes tous particulièrement concernés par la paix dans un pays qui est une » terre sainte » pour tant de croyants. Et pourtant les conflits semblent s´y enliser. La violence appelle la violence et crée un engrenage sans fin. Elle entretient la haine et l´esprit de vengeance. Elle ne cessera que si d´abord sont respectés le droit et l´équité sur les questions fondamentales : la sécurité de l´État d´Israël, l´établissement d´un État viable pour les Palestiniens, une juste répartition des ressources, et spécialement de l´eau, l´établissement d´un statut adapté pour Jérusalem, la prise en compte équitable du problème des réfugiés, dans le cadre des traités conclus et des résolutions de l´ONU. Nous sommes convaincus que, malgré la méfiance accumulée, il est de part et d´autre des hommes et des femmes assez courageux pour faire advenir une paix durable. Nous saluons fraternellement les chrétiens de Terre sainte et leurs pasteurs. Nous partageons leurs souffrances et leur prière. Nous prions pour qu´ils soient pour leurs frères, musulmans ou juifs, des témoins du Christ, le » Prince de la Paix « .
La situation du Soudan
Il y a deux ans, nous avons accueilli ici même Mgr Zubeir Wako, archevêque de Khartoum. Nous connaissons les souffrances de ce pays, en guerre depuis des décennies, avec ses millions de morts et de personnes déplacées. Aujourd´hui, de nouvelles exactions se produisent au profit des intérêts pétroliers, dans les régions du Sud, avec de nouveaux déplacements de population. Il est important que les entreprises de nos pays restent vigilantes pour ne pas devenir complices d´une situation d´injustice. En août dernier, les évêques des Églises catholique et anglicane du Soudan ont lancé un nouvel appel » pour l´arrêt immédiat des hostilités et une paix juste et durable « . Nous nous joignons à leur appel en pensant aux souffrances de tous les habitants de ce pays. Aux chrétiens du Soudan, comme à tous ceux qui, par le monde, se trouvent dans des conditions minoritaires diffi
ciles ou sont victimes de persécutions, nous voulons dire notre solidarité.
Aujourd´hui, la paix est devenue l´affaire des opinions publiques et des gouvernements de tous les pays. La mondialisation n´est pas qu´une compétition d´intérêts. Il dépend de tous d´en faire une mondialisation de la justice et de la solidarité. Responsables pour notre part du message de paix et de fraternité de l´Évangile, nous avons voulu lancer cet appel, comme l´avaient fait déjà les évêques rassemblés au Synode autour du Pape Jean-Paul II.
Nous prions et nous invitons les chrétiens à prier Dieu, le Père de tous les hommes, de répandre son Esprit de paix, et de soutenir les efforts de tous les artisans de paix. » Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ».
Les Évêques de France,
le 8 novembre 2001.