Le pape François a salué le chemin parcouru par les juifs et les chrétiens « ensemble », un chemin « considérable » au vu des « préjugés réciproques et de l’histoire, parfois douloureuse, qu’il faut assumer ». Mais, a-t-il déclaré aux membres de l’Amitié judéo-chrétienne de France, « la tâche n’est pas achevée et je vous encourage à persévérer ».
Le pape François a rencontré des membres de l’Amitié judéo-chrétienne de France (AJCF), à l’occasion du 75ème anniversaire de la fondation de l’association, lundi 13 décembre 2022, dans la Salle du Consistoire du palais apostolique du Vatican. Au terme de la rencontre, l’interprète Guila Clara Kessous, artiste de l’Unesco pour la paix, a remis au pape une version audio du livre Jésus et Israël, écrit par l’historien Jules Isaac en 1948, indique Vatican News.
Le pape François a rappelé le rôle « de premier plan » joué par, Jules Isaac, l’un des fondateurs de l’association AJCF, « dans le rapprochement entre juifs et chrétiens », au lendemain de la seconde guerre mondiale, et a remercié l’association pour son travail « sans relâche » dans ce sens.
Evoquant « ces temps hostiles » de repli sur soi et de rejet de l’autre, marqués par un retour de l’antisémitisme et par les violences contre les chrétiens, « en particulier en Europe », François a souligné la « fragilité » des liens déjà tissés et a invité à « reprendre et consolider » cette « belle œuvre ».
Discours du pape François
Je suis heureux de vous rencontrer, membres de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France qui célébrez le 75ème anniversaire de son existence. Je souhaite avant tout évoquer la figure de l’un de vos fondateurs, Jules Isaac, qui joua un rôle de premier plan dans le rapprochement entre juifs et chrétiens, après la tragédie de la seconde guerre mondiale. Il participa, en particulier, à la célèbre Conférence de Seelisberg qui conclut ses travaux par les fameux « dix points de Seelisberg » dont certains furent repris par la Déclaration conciliaire Nostra aetate. Reçu en Audience par les Papes Pie XII et Jean XXIII, Jules Isaac avait appelé de ses vœux la rédaction de ce texte prophétique. Un texte qui garde toute sa pertinence et qui rappelle le « grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux juifs » voulant « encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naissent des études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel » (n. 4).
L’Amitié Judéo-Chrétienne de France s’est résolument et activement engagée sur cette voie de l’étude et du dialogue afin de faire grandir juifs et chrétiens dans la connaissance réciproque, la compréhension, le respect et l’amitié. Je vous remercie pour ce travail que vous accomplissez sans relâche depuis soixante-dix ans. Il a largement contribué à aider les juifs et les chrétiens à se redécouvrir frères, enfants d’un même Père, qui « attendent le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d’une seule voix et “le serviront sous un même joug” (So 3, 9) » (ibid.).
Le chemin parcouru ensemble est donc considérable – il faut en rendre grâce à Dieu – vu le poids des préjugés réciproques et de l’histoire, parfois douloureuse, qu’il faut assumer. Mais la tâche n’est pas achevée et je vous encourage à persévérer sur cette voie du dialogue, de la fraternité, des initiatives communes. Car cette belle œuvre, qui consiste à créer des liens, est fragile, toujours à reprendre et à consolider, particulièrement en ces temps hostiles où les attitudes de fermeture et de refus de l’autre se font plus nombreuses, avec même la réapparition préoccupante de l’antisémitisme, particulièrement en Europe, comme de violences contre les chrétiens.
Je vous assure donc de mon soutien à vos initiatives, comme à celles de tous ceux, juifs et chrétiens ensemble, qui œuvrent à toujours plus de fraternité. Je prie pour que vos travaux et vos efforts portent des fruits abondants et durables. J’invoque pour vous la bénédiction du Seigneur et je vous demande, s’il vous plait, de prier pour moi. Merci !
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