Chemin de croix (Panama) @ Vatican Media

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« La Semaine grande parce que Sainte », par Mgr Follo

« Le Christ qui fait de nous des Cyrénéens »

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« La Semaine Sainte commence par le dimanche des Rameaux. Elle est sainte parce que ce n’est pas seulement un souvenir ou une émotion mais un chemin avec le Christ qui fait de nous des Cyrénéens portant avec lui et pour lui la croix, source de vie: c’est une école de justice et de paix, un patrimoine universel de pardon et la miséricorde, preuve permanente d’un amour infini », explique Mgr Francesco Follo.

L’observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris, propose cette méditation sur la « semaine grande parce que sainte », à l’occasion du dimanche des Rameaux, 28 mars 2021.

Comme lectures patristiques, Mgr Follo a choisi un passage de Guerric d’Igny et un passage de S. Augustin.

AB

La Semaine grande parce que Sainte[1]

Prémisse  

Le Christ accueilli comme Roi avec les Rameaux se prépare à monter sur le trône de la Croix et à transformer la couronne d’épines en une couronne de gloire à Pâques.

Il existe deux caractéristiques essentielles du Royaume du Christ :

La première est que ce Royaume passe par la Croix. Parce que Jésus se donne totalement, il peut, en tant que Ressuscité, appartenir à tous et se rendre présent à tous. Dans la Sainte Eucharistie, nous recevons le fruit du grain de blé mort, la multiplication des pains qui se poursuit jusqu’à la fin du monde et dans tous les temps.

La deuxième caractéristique est la suivante : son Royaume est universel. L’ancienne espérance d’Israël se réalise : cette royauté de David ne connaît plus de frontières. Elle s’étend « d’une mer à l’autre » – comme le dit le prophète Zacharie (9,10) – c’est-à-dire qu’elle embrasse le monde entier. Cela n’est toutefois possible que parce qu’il ne s’agit pas de la royauté d’un pouvoir politique, mais qu’elle se fonde uniquement sur la libre adhésion de l’amour – un amour qui, pour sa part, répond à l’amour de Jésus-Christ qui s’est donné pour tous.

Toute l’existence du Christ révèle que Dieu est amour : telle est donc la vérité à laquelle il se prépare à rendre pleinement témoignage par le sacrifice de sa propre vie sur le Calvaire. La Croix est le « trône » à partir duquel il a manifesté la royauté sublime de Dieu-Amour : en s’offrant sur la Croix pour expier le péché du monde, il a vaincu la domination du « prince de ce monde » (Jn 12,31) et a définitivement établi le Royaume de Dieu.

Le chemin vers ce but est long et ne permet pas de raccourcis : en effet, il est nécessaire que chaque personne accepte librement la vérité de l’amour de Dieu. Il est Amour et Vérité, et l’amour et la vérité ne sont jamais imposés : ils frappent à la porte du cœur et de l’esprit et, ils apportent paix et joie, là où ils peuvent entrer

1) Les Rameaux : du triomphe humain au triomphe de Dieu

Pâques approche. La semaine sainte commence et celle-ci ne s’achèvera ni le vendredi de la mort ni le samedi du silence tombal de Dieu, mais le dimanche de la Résurrection du Christ.

Une semaine dramatique qui s’ouvre sur un triomphe de gens en fête, se poursuit dans un climat de tension entre haine et amour, et culmine en cette manifestation de miséricorde qu’est la fête de Pâques.

La Célébration eucharistique d’aujourd’hui s’articule en deux parties.

La première est sur les Rameaux, c’est-à-dire sur le triomphe de Jésus reconnu solennellement comme étant le Christ. Le peuple de Jérusalem accueille Jésus en chantant et agitant des branches d’olivier, feuilles de palmiers, et autres feuillages coupés dans les champs.

L’entrée de Jésus est triomphale. Il entre dans la ville sainte pour célébrer la nouvelle Pâques qui délivre l’homme de l’esclavage du péché et de la mort parce qu’Il aura donné sa vie en sacrifice.

Jésus entre en triomphe dans la ville de Jérusalem, mais surtout il entre dans la joie de tout cœur fidèle.

L’absurde – humainement parlant – c’est que pour entrer en Roi dans la ville, il ait souhaité emprunter une monture, demandant alors ses disciples de se rendre chez le propriétaire d’une ânesse, car « le Seigneur en a besoin ».

Est-il possible que Dieu ait un quelconque besoin ? Dieu est tout et Il a tout fait, comment peut-il avoir besoin de quelque chose. Pourtant dans le Messie[2], Dieu se fait mendiant de notre amour par amour. Et aujourd’hui il a « besoin » d’un âne pour entrer « en Roi » dans la ville de Jérusalem. « Comme il eut besoin d’une ânesse et de son ânon, à chaque instant Jésus a besoin de tout ce que je peux lui donner, pour que mon pauvre cœur entre dans la Jérusalem céleste de sa charité » (don Primo Mazzolari, Dimanche des Rameaux, 1958).

Pour comprendre cette « heure » évangélique que nous célébrons aujourd’hui, il nous faut replacer l’épisode dans son contexte historique. Le peuple de Jérusalem est en fête parce que Celui qui était attendu depuis des siècles comme leur libérateur et l’homme qui les aurait guidés vers une vie en plénitude, fait son entrée en ville. Ce peuple rend aujourd’hui hommage à la Vérité de l’amour, qui libère.

Dans l’attente, le peuple juif est passé par un nombre incalculable d’expériences : progrès, chûtes, victoires, évènements politiques, prophéties. Mais la pensée constante du peuple élu, surtout depuis l’exil de Jérusalem, était cet élément projeté dans l’avenir : l’avènement de Celui qui l’aurait sauvé.

Alors, et aujourd’hui encore, cet avènement devient réalité avec l’entrée solennelle du Christ dans la ville sainte. Il est important d’observer que c’est le petit peuple et les purs de cœur qui l’ont reconnu. Les enfants, les tout-petits, dotés d’un cœur pur et simple, sont en effet les premiers à avoir crié hosanna au Fils de David. Le petit peuple, le premier à avoir répondu à la question toujours actuelle : « Qui est ce Jésus de Nazareth qui a prêché pendant trois ans sur les routes de Galilée et de Judée ? ». En ce lumineux jour des Rameaux, le petit peuple a une grande intuition de la réalité : Jésus est le Christ ; c’est Lui le centre de l’histoire ; Lui que l’on attend depuis des siècles, le vrai Roi, Celui qui donne le bonheur.

2) La Passion du Christ, submergé par l’amour qu’Il nous porte

La seconde partie de la célébration liturgique d’aujourd’hui porte sur la Passion d’un Homme-Dieu passionné.

La célébration de cette Pâques est rendue « possible » par l’acceptation de la Passion, que saint Marc[3] nous raconte en mettant au premier plan les faits et les situations, et non les paroles.

Au fur et à mesure que de Béthanie, où Marie-Madeleine a oint ses pieds (nous reviendrons tout à l’heure sur cet épisode), l’on s’enfonce dans la passion, nous voyons Jésus entrer dans un silence de plus en plus profond, jusqu’à finir par se taire complètement. Cette phrase « C’est toi-même qui le dis » est tout ce qu’il dira, au moment où il lui faut répondre aux questions de Pilate. Il ne dira plus rien jusqu’à la terrible invocation : « Eloì, Eloì, lamà sabactanì (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?) » ?  (Mc 15,34) et au grand cri poussé avant d’expirer (Mc 15,36). Ainsi s’accomplit, jusqu’à l’extrême limite, l’abandon de Jésus qui semblerait abandonné également par son Père.

On peut dire que saint Marc nous offre deux éléments de lecture sur la façon dont Jésus vit cet abandon.

Le premier est la prière que Jésus adresse au Père sur la colline de Gethsémani : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14,36). Jésus vit cette douloureuse adhésion à la volonté du Père comme s’il répétait à chaque instant : « Non, pas ce que .je veux mais ce que tu veux ». Et si au début Jésus, pendant sa prière au mont des oliviers, est décrit comme un homme pris par l’angoisse et la peur, à la fin – après la prière – on le revoit à nouveau serein et ferme : « Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. ». Le Père n’a pas dispensé Jésus du calvaire de la Croix, mais l’a aidé à traverser l’épreuve.

Le second élément est l’invocation de Jésus sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi…? ». Comme on le sait, il s’agit du début d’un Psaume[4] 21 (22), une prière qui exprime l’intense souffrance d’un juste persécuté, mais aussi son incontrôlable confiance en Dieu.

Nous aussi, comme les femmes, nous sommes invités à « observer » (Mc 15,40): contemplons la souffrance et la mort du Seigneur pour découvrir en elle la révélation inattendue du Fils de Dieu qui reste tenacement, obstinément, fidèle à la «  folie » de l’amour et qui va sur la croix pour chacun de nous, pour l’humanité entière.

3) Une vie donnée, pas gaspillée

Sur la Croix aussi, Jésus est insulté et il semblerait que la logique du don qui a guidé toute sa vie lui soit nié: un don qui est ici à l’envers, mal compris, et se retourne contre Lui: « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! ». « Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. ». Face à Jésus – si nous regardons cette scène du point de vue des personnes présentes – on constate deux types de foi, et Jésus en croix est la ligne de partage entre les deux.

D’un côté, la foi de ceux qui prétendent que le Messie abandonne la croix et accomplisse des miracles. Je pense aux passants, aux scribes et aux prêtres présents sur le Calvaire pour voir comment tout cela va finir.

De l’autre, la foi de ceux qui, comme le centurion, voient dans la Croix la divinité de Jésus : « voyant comment il avait expiré, il déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! ». C’est sur la Croix que l’on sait vraiment qui est Jésus et dans quel sens Il est le Messie et le Fils. Nous pouvons dire que le centurion païen est un exemple de vrai croyant.

Mais il y a aussi un type de foi poussée par l’amour. La foi de cette inconnue d’Israël qui a crû en Jésus et l’honora amoureusement et saintement. Le geste de pitié de cette femme eut lieu avant la fête des Rameaux, à Béthanie, où nous trouvons Jésus dans la maison de Simon le lépreux qui, « … pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle lui versa le parfum sur la tête… ». Ce geste, un de ces gestes d’amour dont seules les femmes sont capables, provoqua la réaction des convives qui trouvèrent que c’était du gaspillage.

Si l’on considère ce geste d’un point de vue du pur et simple bon sens humain, ce fut certainement du gaspillage, un excès. Mais avec l’immolation de la Croix nous sommes mis face à un autre excès, mais un excès qui vient de Dieu cette fois-ci: dans son Fils Jésus, il accomplit un geste d’amour extrême, brisant son corps et versant, non pas de l’huile parfumée, mais son propre sang.

Le Maître a accueilli, a apprécié l’hommage de cette femme, et il décrit son geste comme un geste prophétique : « Il est beau le geste qu’elle a fait; … Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. ». Une bonne action.

Cette femme anonyme résume à elle seule toutes les femmes, seules et uniques réconfort durant ces jours de passion, intrépides en amour comme la légendaire Véronique, fidèles dans la proximité, comme la tradition les présente tout au long de la marche vers le Calvaire, fortes au pied de la croix, aux côtés de Marie: « …Il y avait aussi des femmes, qui observaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem… ».

La présence des femmes était aussi un signe, une vocation, une mission.

Une vocation à laquelle sont appelées tout particulièrement les vierges consacrées qui donnent leur vie au Christ et en la lui donnant font qu’Il en dispose pour sa grande œuvre de salut.

Ces femmes sont le signe que la grande émotion qui s’empare du cœur, à la lecture de la Passion de Jésus, ne saurait rester à l’état d’émotion, mais devenir un mouvement d’adhésion au Christ. En Lui donnant leur adhésion et témoignant de Lui, elles montrent que Dieu est « un mouvement de dons de soi ».

Quand la Vierge Marie reçut l’annonce du Fils en croix qu’elle serait devenue la mère de Jean : « Femme, voici ton fils », elle fut toute aussi émue que le jour de l’Annonciation avec l’Ange. Les larmes de joie de la première annonce et les larmes de douleur de la seconde ne firent pas replier la Vierge Marie sur elle-même. Elle a renouvelé son « fiat », son oui ; la Parole de l’Amour s’est de nouveau établie en elle et elle a fait connaître la passion du Christ dans le monde entier.

Comme la Vierge Marie fut sous la Croix et devint Mère de tous les hommes, les Vierges consacrées dans le monde sont sous la Croix en prière, choisissent un Epoux crucifié pour vivre avec Lui le don de soi au monde. La Virginité c’est ce laisser saisir entièrement par le Christ, pour que « La rencontre avec le Christ — le fait de se laisser saisir et guider par son amour — élargit l’horizon de l’existence et lui donne une espérance solide qui ne déçoit pas. » (Pape François, Lumen fidei, 53).

 

Lecture Patristique

Guerric d’Igny (+ 1157)

Sermons sur les Rameaux, 3,25, SC 202, 188-192 198-200

Bien des gens ont été stupéfaits du triomphe glorieux remporté par Jésus lorsqu’il fit son entrée à Jérusalem, alors que peu après il montra dans sa passion un visage sans gloire et humilié.

Si l’on considère en même temps la procession d’aujourd’hui et la passion, on voit Jésus, d’un côté sublime et glorieux, de l’autre humble et misérable. Car dans la procession il reçoit des honneurs royaux, et dans la passion on le voit châtié comme un bandit. Ici, la gloire et l’honneur l’environnent, là il n’a ni apparence ni beauté (cf. Is 53,2). Ici, c’est la joie des hommes et la fierté du peuple ; là, c’est la honte des hommes et le mépris du peuple (cf. Ps 21,7). Ici, on l’acclame : Hosanna au fils de David. Béni soit le roi d’Israël qui vient (cf. Mc 11,10). Là, on hurle qu’il mérite la mort et on se moque de lui parce qu’il s’est fait roi d’Israël. Ici, on accourt vers lui avec des palmes ; là, ils le soufflettent au visage avec leurs paumes, et l’on frappe sa tête à coups de roseau. Ici, on le comble d’éloges ; là, il est rassasié d’injures. Ici, on se dispute pour joncher sa route avec le vêtement des autres ; là, on le dépouille de ses propres vêtements. Ici, on le reçoit dans Jérusalem comme le roi juste et le Sauveur ; là, il est chassé de Jérusalem comme un criminel et un imposteur. Ici, il est monté sur un âne, assailli d’hommages ; là, il est pendu au bois de la croix, déchiré par les fouets, transpercé de plaies et abandonné par les siens.

Si nous voulons, mes frères, suivre notre chef sans trébucher à travers la prospérité comme à travers l’adversité, contemplons-le mis en honneur dans cette procession, soumis aux outrages et aux souffrances dans sa passion, mais gardant une âme immuable dans un tel bouleversement.

Seigneur Jésus, c’est toi, joie et salut de tous, que tous bénissent de leurs voeux, qu’ils te voient monté sur l’âne ou suspendu à la croix. Que tous puissent te voir régnant sur ton trône royal et te louent pour les siècles des siècles. A toi louange et honneur pour tous les siècles des siècles.

 

ou bien

Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Jn 12,12-16

C’était quelques jours avant la Pâque. La grande foule qui était venue pour la fête, apprenant que Jésus arrivait à Jérusalem, prit des branches de palmier et sortit à sa rencontre.

Homélie

Roi par compassion

Homélie de saint Augustin (+ 430)

Homélies sur l’évangile de saint Jean, 51, 2-4; CCL 36, 440-441.

La grande foule qui était venue pour la fête, apprenant que Jésus venait à Jérusalem, prit des branches de palmier et sortit à sa rencontre. Les gens criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d’Israël ! (Jn 12,12-13) Les rameaux de palmier sont des louanges symbolisant la victoire que le Seigneur allait remporter sur la mort en mourant lui-même, et le triomphe qu’il allait obtenir sur le démon, prince de la mort, par le trophée de la croix.

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Cette acclamation doit se comprendre plutôt en ce sens : « Béni soit celui qui vient au nom du Père », bien qu’on puisse aussi comprendre : celui qui vient en son propre nom, parce que lui-même aussi est Seigneur.

Mais ses paroles nous orientent plutôt vers le sens que nous proposons, car il a dit : Moi, je suis venu au nom du Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez (Jn 5,43) ! En effet, le Christ est le maître de l’humilité, lui qui s’est abaissé en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix (Ph 2,8). Car il ne perd pas sa divinité lorsqu’il nous enseigne l’humilité. Par celle-là il est égal au Père, par celle-ci il est semblable à nous. Par le fait qu’il est égal au Père, il nous a créés pour que nous existions ; par le fait qu’il nous est semblable, il nous a rachetés, pour que nous ne périssions pas.

La foule lui adressait donc ces louanges : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Quel supplice l’esprit envieux des chefs des Juifs pouvait-il supporter, quand toute cette foule acclamait le Christ comme son roi ! Mais qu’est-ce que cela pouvait représenter pour le Seigneur, d’être le roi d’Israël ? Quelle grandeur y avait-il pour le roi des siècles (1Tm 1,17) à devenir un roi pour les hommes ? Car le Christ n’était pas roi d’Israël pour exiger l’impôt, pour armer des troupes ni pour terrasser visiblement des ennemis. Il est roi d’Israël pour gouverner des âmes, veiller à leurs intérêts éternels et conduire au Royaume des cieux ceux qui ont mis en lui leur foi, leur espérance, leur amour. Donc, si le Fils égal au Père, le Verbe par qui tout a été fait (Jn 1,3), a voulu être roi d’Israël, ce fut de sa part compassion et non promotion, une marque de miséricorde, non un accroissement de pouvoir. Car celui qui fut appelé sur terre le roi des Juifs, est dans les cieux le Seigneur des anges.

Jésus, trouvant un petit âne, monta dessus. Il accomplissait ainsi l’Écriture : N’aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d’une ânesse (Jn 12,15 Za 9,9). Cette fille de Sion, à laquelle sont adressées ces paroles inspirées, faisait partie de ces brebis qui écoutaient la voix du pasteur ; elles étaient dans cette foule qui louait avec tant d’enthousiasme la venue du Seigneur, qui l’escortait par un tel cortège. C’est à elle qu’il a été dit : N’aie pas peur (Jn 12,15). Reconnais celui que tu acclames et ne tremble pas devant sa passion, car ce sang qui est répandu, c’est lui qui effacera ton péché et te rendra la vie.

NOTES

[1]           Le Dimanche des Rameaux ouvre la Grands Semaine, que les Pères de l’Eglise appelaient à la façon juive la Semaine des Semaines qui signifie la Semaine par excellence, dont le moment clou sera la nuit de veillée que nous vivrons samedi prochain, quand résonnera l’« alléluia pascal ». Dans le rite ambrosien cette semaine est appelée Semaine Authentique.

Une semaine pendant laquelle nous faisons mémoire de cette Première Semaine qui, il y a plus de deux mille ans, a fait du temps une éternité temporelle et de l’éternité un temps sans fin. Nous revivons les jours de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus qui se fait maître et compagnon de voyage pour chacun de nous.

2 Il est le Messie (= Christ), annoncé, attendu depuis des siècles, mais chevauche un ânon et non un cheval de bataille, comme s’y attendaient les Juifs. Un Messie doux qui apporte la paix, qui éclaire de sa présence tous ceux qui pratiquent la justice et soulagent les pauvres de la misère. En ce jour de fête, il y a deux mille ans, lui fut attribué le prénom qui est devenu le sien : Jésus Christ, qui veut dire Messie, l’Oint, le Consacré de Dieu ; et qui deviendra aussi notre nom puisque nous nous appelons chrétiens.

[2]

[3]           Cette année (2015) on lit le récit de la passion du Seigneur selon l’évangéliste Marc. Pour cet évangéliste, les choses importantes et éloquentes sont les faits et non les mots.

[4]           « Mon Dieu, mon Doieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. Mon Dieu j’appelle tout le jour et tu ne réponds pas; meme la nuit je n’ai pas de repos  » (Ps 21(22), 2-3).

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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