« Qu’est-ce qui est important ? » : Méditation du prédicateur de la Maison pontificale

Commentaire de l’Evangile du dimanche 9 octobre

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ROME, Vendredi 7 octobre 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche (Mt 22,1-14) que proposait cette semaine le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale, dans l’hebdomadaire catholique italien « Famiglia cristiana ».

XXVIII Dimanche du temps ordinaire (Année A) – 9 octobre 2005
« Qu’est-ce qui est important ? »

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,1-14.

Jésus se remit à parler en paraboles :
« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : mon repas est prêt, mes boeufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.’
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.
Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : ‘Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes.
Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.’
Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce,
et lui dit : ‘Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?’ L’autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.’
Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »

© AELF

Il est instructif de voir quelles sont les raisons pour lesquelles les invités de la parabole refusent de participer au repas de noces. L’évangéliste Matthieu dit qu’ils ne « tinrent aucun compte » de l’invitation et s’en « allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ». L’Evangile de Luc est plus précis sur ce point et présente ainsi les motivations du refus : « J’ai acheter un champ et il me faut aller le voir… J’ai acheté cinq paires de bœufs et je pars les essayer… Je viens de me marier et c’est pourquoi je ne puis venir » (Lc 14, 18-20). Qu’est-ce que ces différents personnages ont en commun ? Tous trois ont quelque chose d’urgent à faire, quelque chose qui ne peut attendre, qui réclame immédiatement leur présence. Et que représente en revanche le repas de noces ? Celui-ci indique les biens messianiques, la participation au salut apporté par le Christ, c’est-à-dire la possibilité de la vie éternelle. Le repas de noces représente donc ce qui est important dans la vie, plus encore l’unique chose essentielle. L’on voit donc clairement en quoi consiste l’erreur commise par les invités : négliger l’important au profit de l’urgent, l’essentiel au profit de l’accessoire !

Maintenant, ceci est un risque tellement répandu et insidieux, pas seulement sur le plan religieux, mais aussi sur le plan purement humain, qu’il vaut la peine d’y réfléchir un instant. Négliger l’important au profit de l’urgent signifie reporter l’accomplissement des devoirs religieux, car chaque fois se présente quelque chose d’urgent à faire. C’est dimanche et c’est l’heure d’aller à la messe, mais il faut faire cette visite, ces petits travaux dans le jardin, il faut préparer le déjeuner. La liturgie du dimanche peut attendre, le déjeuner non, alors on reporte la messe et on s’installe devant ses fourneaux.

J’ai dit que le danger de faire passer l’urgent avant l’important existe aussi sur le plan humain, dans la vie de tous les jours, et je voudrais y revenir. Pour un homme il est certes important de consacrer du temps à sa famille, d’être avec ses enfants, de dialoguer avec eux s’ils sont grands, de jouer avec eux, s’ils sont petits. Mais voilà qu’au dernier moment, il se présente toujours des affaires urgentes à résoudre au bureau, des heures supplémentaires à faire au travail, et l’on reporte à une autre fois, en finissant par rentrer à la maison trop tard et trop fatigués pour penser à autre chose.

Pour un homme ou une femme, c’est une obligation morale d’aller de temps en temps rendre visite à sa mère ou son père, âgé, qui vit seul à la maison ou dans une maison de retraite. Pour quiconque, il est important de rendre visite à une personne que l’on connaît, qui est malade, pour lui montrer son soutien et lui rendre peut-être quelque service pratique. Mais ce n’est pas urgent. Le monde ne va pas s’écrouler, si on ne le fait pas. Peut-être même que personne ne s’en rendra compte. Et c’est ainsi que l’on reporte.

Il en est de même sur le plan de la santé qui fait également partie des choses importantes. Le médecin, ou simplement notre organisme, nous avertit que nous devons nous ménager, prendre un temps de repos, éviter un certain type de stress… On répond : oui, oui, je le ferai. C’est sûr. Dès que j’aurai terminé ce travail, lorsque j’aurai rangé la maison, lorsque j’aurai payé toutes mes dettes… jusqu’au moment où l’on s’aperçoit qu’il est trop tard.

Et voilà où se trouve le piège : on passe sa vie à s’occuper des mille et une choses à faire et l’on ne trouve pas le temps pour les choses qui ont réellement de l’influence sur les rapports humains et peuvent procurer une vraie joie (et si on les néglige, une vraie tristesse) dans la vie. Nous voyons ainsi comment l’Evangile devient aussi, indirectement, une école de vie : il nous enseigne à établir des priorités, à tendre vers l’essentiel. En un mot : à ne pas perdre l’important au profit de l’urgent, comme cela est arrivé aux invités de notre parabole.

[Texte original en italien publié dans « Famiglia cristiana » – Traduction réalisée par Zenit]

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ZENIT Staff

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