CITE DU VATICAN, Mardi 5 avril 2005 (ZENIT.org) – « L’Europe a une dette envers ce Pape » : la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE) rend ainsi hommage au « Pape visionnaire qui a construit des ponts pour une nouvelle Europe ».
Une déclaration a en effet été rédigée par le Comité Exécutif de la COMECE au nom de la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE) suite au décès de Sa Sainteté le Pape Jean Paul II.
Pour son enseignement sur l’Europe, il s soulignent : « L’Europe a une dette envers ce Pape d’une vision et énergie infatigable. Fils de la Pologne, il a vécu les horreurs de la guerre et la douloureuse division de l’Europe qui l’a suivie. Son implication dans la lutte pour la liberté au travers des mailles de l’oppression a influencé son pontificat dès le début. Il a imaginé une Europe dépassant les divisions de la Guerre Froide. Reconnaissant entièrement l’importance du processus de l’intégration européenne, il a souvent exprimé le vœu que cette organisation libre de peuples et de nations solidaires, qu’est l’Union Européenne, puisse un jour englober les pays de l’Europe Centrale et de l’Est, afin que l’Europe acquière “ la dimension qui lui est donnée par sa géographie et plus encore par son histoire ” (Discours au Parlement Européen, 12.10.1989) ».
Ils rappellent : « Le Pape Jean Paul II avait réuni la première Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l’Europe en 1991. Ce synode a engendré un échange d’expérience et un enrichissement mutuel entre les églises locales de l’Europe occidentale et orientale ».
« Sa vision de l’Europe était celle d’un continent avec deux poumons, l’Est et l’Ouest, respirant en harmonie “ non seulement du point de vue religieux, mais aussi culturel et politique ” (Discours à l’Assemblée Plénière de la COMECE à Rome, 30.03.2001), rappellent-ils. Il n’a eu de cesse de nous rappeler que l’exercice de la liberté dans la nouvelle Europe ne sera libérateur que dans la mesure où il est lié à la prise de conscience de nos responsabilités pour les droits d’autrui et pour le bien commun de la société à l’échelle mondiale ».
Et de préciser : « Pour Jean Paul II, l’humus de la civilisation chrétienne, maintenue en vie et nourrie par les citoyens chrétiens, était une source de choix basés sur les valeurs pour l’organisation de la vie en société, la dignité humaine, les droits de l’homme, la justice et la paix, et la primauté du droit. Il a continuellement encouragé les Européens à reconnaître “ la façon dont le christianisme peut offrir au continent européen une contribution déterminante et importante de renouveau et d’espérance, en proposant avec un élan renouvelé l’annonce toujours actuelle du Christ Rédempteur ” (Assemblée plénière de la COMECE à Rome, 30.03.2001) ».
Compostelle a été une étape décisive : « Le défi qu’il a lancé à l’Europe et aux Européens dans son discours mémorable à Saint Jacques de Compostelle en novembre 1982, “ Redécouvrez-vous. Soyez vous-même. Redécouvrez vos origines. Donnez vie à vos racines … Reconstituez votre unité spirituelle dans un climat de respect total pour les autres religions et pour une liberté véritable ” rappelle la principale préoccupation des ses plus de 1000 interventions sur des questions européennes. Il a demandé aux politiciens de l’Europe de protéger les droits humains des individus, des minorités et des peuples, à commencer par le droit à la liberté religieuse. Il a affirmé qu’il fallait réserver la plus grande attention à tout ce qui regarde la vie humaine de sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et la famille fondée sur le mariage. (Ecclesia in Europa n° 115) ».
Jean Paul II était convaincu, rappelaient-ils, que “ l’Europe est appelée avant tout à retrouver sa véritable identité ” (Ecclesia in Europa n° 109) ». En reconnaissant l’expansion de l’Union Européenne, il a insisté sur le fait que le processus d’intégration “ doit avant tout consister en une harmonisation des valeurs appelées à s’exprimer dans le droit et dans la vie ” (Ecclesia in Europa n° 110) ».
Ils ajoutent à propos du second synode sur l’Europe : « Afin de traiter les défis que la société européenne et l’Église en Europe devraient relever à l’aube du nouveau millénaire, il a appelé une seconde Assemblée Spéciale du Synode des Évêques. L’Exhortation Apostolique, Ecclesia in Europa, signée par le Pape Jean Paul II le 28 juin 2003 à la suite du second synode, proclame Jésus Christ comme étant le véritable et l’ultime espoir de l’Europe. En utilisant pour la première fois le terme “ Eglise en Europe ” (Ecclesia in Europa Nos.45, 65, 69, 105) en tant que sujet et agent d’action, le Saint Père demande aux églises locales et aux chrétiens de réfléchir et d’agir aussi au niveau continental, de dépasser les frontières et d’atteindre de nouveaux horizons de communautés. Ses efforts constants pour reconstituer une Europe fondée sur la solidarité seront le testament vivant de son pontificat ».
Les évêques estiment que “le décès de Sa Sainteté le Pape Jean Paul II marque la fin d’un Pontificat historique ».
« Le souvenir de ce Pontife énergique, courageux et visionnaire, qui a surmonté la souffrance et la maladie avec dignité, inspire des millions de croyants et non-croyants dans le monde entier », soulignent les évêques.
« Comme il a servi le Christ avec un courage sans faille tout au long de sa vie, nous prions qu’il voie à présent face à face notre Seigneur et Sauveur » ajoute la déclaration.
« En tant que Serviteur des serviteurs de Dieu, le Pape Jean Paul II était un pape avec une vision universelle dans son enseignement et dans ses œuvres pastorales, précisent-ils. Il était le pape d’un monde marqué par la mondialisation ; il a proclamé le message universel du Christ comme source de réel espoir pour l’humanité. Sa vision de la dignité humaine – enracinée dans la personne de Jésus Christ, par laquelle Dieu a vécu, a souffert, est mort et est ressuscité – était inextricablement liée au bien commun de l’humanité entière. Par cette vision, il a construit des ponts entre tous les peuples. Il s’est particulièrement dévoué à approfondir l’entente œcuménique entre les diverses confessions chrétiennes et à promouvoir et à renforcer les relations interreligieuses ».
« Son pontificat a également été empreint et renforcé par sa volonté de poursuivre les commandements de Dieu jusqu’à la fin, ajoutent les évêques. Son rôle de guide appliqué et paternel de l’Église tout au long d’un quart de siècle historique et riche en évènements et dans le troisième millénaire est à présent terminé. Son passage laisse non seulement l’Église, mais aussi le monde, dans le deuil d’un grand leader moral.
« Ses encouragements aux jeunes, soulignent-ils, son empathie avec les personnes âgées, les malades, ceux qui souffrent étaient le témoignage de sa capacité à entrer à un niveau très personnel dans la vie de nombreuses personnes. Il a suivi avec humilité l’exemple de Jésus et était pour le monde un exemple vivant du message de l’Évangile qui a vécu avec honnêteté et révérence dans la société contemporaine ».
Les membres du Comité éxécutif de la COMECE sont : Mgr. Josef Homeyer, évêque em. de Hildesheim, Allemagne (président de la COMECE); Mgr. Adrianus van Luyn SDB, évêque de Rotterdam, Pays Bas (vice-président); et Mgr. Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, France (vice-président).
La COMECE est une commission des conférences épiscopales catholiques des États membres de l’Union Européenne.