À 51 ans, le cardinal indien George Jacob Koovakad devient le nouveau préfet du Dicastère pour le dialogue interreligieux au Vatican. Nommé par le pape ce 24 janvier 2025, il succède au cardinal espagnol Miguel Ángel Ayuso Guixot, décédé le 25 novembre dernier.
Au service du Saint-Siège depuis 25 ans, il était jusqu’à présent responsable de l’organisation des voyages apostoliques du pape, mission qu’il poursuivra parallèlement à sa nouvelle responsabilité.
La nomination d’un prélat de rite syro-malabar à la tête de ce dicastère est un signe fort donné par l’Église qui désire rester fermement engagée dans sa mission de dialogue et d’unité. Les syro-malabars en Inde suivent le rite oriental de l’Église catholique, mais vivent depuis quelques années de fortes tensions entre eux et avec Rome.
Un diplomate et un organisateur

Consécration épiscopale de Mgr George Jacob Koovakad le 24 novembre 2024 © Vatican Media
Originaire du Kerala, George Koovakad a été ordonné prêtre en juillet 2004 pour l’archéparchie de Changanacherry, dans le sud de l’Inde. Il a obtenu en 2006 un doctorat en droit canonique à l’Université pontificale de la Sainte-Croix, à Rome. « Je suis né et j’ai été élevé dans une société multiculturelle et multireligieuse où toutes les religions sont respectées et assurent l’harmonie » a-t-il déclaré, « la diversité est une richesse ! ».
Jeune prêtre, il a rejoint le service diplomatique du Saint-Siège, servant dans diverses nonciatures, notamment en Algérie, en Corée du Sud, en Iran, au Costa Rica et au Venezuela. En juillet 2020, il a commencé à travailler à la Section des affaires générales de la Secrétairerie d’État pour superviser l’organisation des voyages apostoliques du pape. Il a ainsi coordonné une douzaine de voyages, dans des pays représentant parfois un enjeu pour le dialogue interreligieux comme le Kazakhstan, Bahreïn, la Mongolie et l’Asie du sud-est en septembre 2024.
« Les voyages du Saint-Père ont presque toujours des implications interreligieuses, des rencontres avec les représentants d’autres religions, des moments de fraternité vécue » explique le cardinal. « Je pense au récent voyage en Asie et en Océanie en septembre 2024, lorsque le pape François a béni le “tunnel de l’amitié” qui relie la mosquée à la cathédrale de Jakarta, en Indonésie. »
La foi chrétienne est capable d’inculturation

Mgr Koovakad avec le pape lors d’un voyage apostolique © Vatican Media
En octobre 2024, le P. George Koovakad a reçu la consécration épiscopale dans la cathédrale syro-malabare de Sainte-Marie à Changanacherry, en présence de l’archevêque majeur des Syro-malabars, Mgr Raphael Thattil, de l’archevêque de Changanacherry, Mgr Thomas Tharayil, et de Mgr Edgar Peña Parra, substitut pour les Affaires générales à la Secrétairerie d’État.
Peu de temps après, le pape François l’a créé cardinal lors du consistoire du 7 décembre 2024, et préfet de ce Dicastère quelques mois après. Nomination qu’il accueille avec surprise et inquiétude, mais également beaucoup de gratitude.
Il déclare aux médias du Vatican que « le dialogue interreligieux n’est pas simplement un dialogue entre religions, mais entre croyants appelés à témoigner dans le monde de la beauté de la foi en Dieu, de la pratique de la charité fraternelle et du respect. »
« La foi chrétienne est capable d’inculturation : les chrétiens sont appelés à être des semences de fraternité pour tous » ajoute-t-il. « Cela ne signifie pas renoncer à sa propre identité, mais plutôt être conscient que l’identité n’est pas et ne devrait jamais être une raison pour ériger des murs ou discriminer les autres, et qu’elle est toujours une occasion de construire des ponts. »