"Une fraternité renouvelée" © capture de Zenit / Le Cerf, Bayard, Mame

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Jean-Paul II et le rabbin Elio Toaff, la rencontre historique du 13 avril 1986

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Première visite d’un pape à la Grande synagogue de Rome

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Il y aura demain 36 ans, le 13 avril 1986, le pape Jean-Paul II (1920-2005) se rendait à la Grande synagogue de Rome, et il était accueilli par le grand rabbin, Elio Toaff (1915-2015): une accolade dont la photo « a fait le tour du monde », rappelle le pape François qui signe la préface du livre « Jean-Paul II. Une Fraternité retrouvée. L’Eglise et le judaïsme » (Le Cerf, Bayard, Mame).

Il a ouvert un chemin. Vingt-quatre ans plus tard, le 17 janvier 2010, Benoît XVI se rendait à son tour à la Grande synagogue: il a rencontré le rabbin Toaff et il a été accueilli par le grand rabbin Riccardo Di Segni. Le pape François y sera à son tour accueilli par ce-dernier, le 17 janvier 2016.

Le livre est publié sous la houlette du Service national pour les relations avec le judaïsme (SNRJ) de la Conférence des évêques de France dont le directeur, le p. Christophe Le Sourt, écrivait il y a un an: « Il est heureux, pour le Service national des relations avec le judaïsme, de célébrer le 35e anniversaire de la visite de saint Jean-Paul II à la Grande synagogue de Rome en publiant ce Compendium. » Il est sorti en librairie le 24 mars 2022.

Jean-Paul II a « brisé la glace »

Le pape François cite d’emblée la Déclaration conciliaire de 1965, Nostra Aetate, sur les relations entre l’Eglise et les religions non-chrétiennes, dont le chapitre 4 est consacré au judaïsme et qui a marqué un tournant historique: « Depuis la déclaration du concile Vatican II Nostra Aetate (N°4), l’Eglise catholique s’est engagée de manière concrète dans le dialogue avec le judaïsme, qui, du point de vue de l’histoire religieuse, est le fondement du christianisme. Le christianisme a ses racines dans le judaïsme; Jésus lui-même, en tant que juif né à Bethléem, est issu de la tradition juive. C’est pourquoi le Concile affirme qu’il existe des liens étroits entre les deux traditions religieuses: « Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. »  »

« Pour les juifs, fait observer le pape François, Jean-Paul II est celui qui a « brisé la glace » dans le dialogue judéo-catholique car il a su poser envers eux des gestes d’amitié inoubliables. »

Il cite saint Jean XXIII et saint Paul VI mais précise: « L’engagement de l’Eglise tout entière (…) n’a été réellement remarqué que sous Jean-Paul II ».

Le pape François rappelle l’expérience de Jean-Paul II à Wadowice, dont un quart de la population était juive et il a « dû affronter l’immense douleur de voir nombre de ses amis juifs exterminés lors de la Shoah; il a fait l’expérience directe de la terreur semée par le nazisme dont les juifs furent les premières victimes. »

Le pape François estime que l’action de Jean-Paul II dans ce domaine est « en grande partie liée à sa personnalité extraordinaire: comme nul autre, il a su faire publiquement des gestes significatifs et rendre ainsi visible la priorité qui était la sienne. »

Dans ses pas

Le pape François cite la visite au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau du 7 juin 1979, dès la première année du pontificat. Puis le visite à la Grande synagogue de Rome, le 13 avril 1986: « Pour la première fois dans l’histoire, un pontife romain visitait une synagogue pour exprimer devant le monde entier son estime pour le peuple juif. »

Et puis ce fut la « reconnaissance diplomatique de l’Etat d’Israël en décembre 1993, et, en mars 2000, à l’occasion du Gran jubilé, et e son pèlerinage sur les lieux saints de l’histoire du salut, la visite en Israël: « un événement historique qui a insufflé au dialogue entre juifs et catholiques un remarquable élan ».

Le pape François précise qu’à cette occasion, saint Jean-Paul II s’est rendu au mémoriel de la Shoah de Yad Vashem, à Jérusalem. : « Il a fait mémoire des victimes de l’extermination nazie et il a prié pour elles, rencontrant également des survivants de cette tragédie sans équivalent, participant à une réunion interreligieuse à laquelle étaient présents des représentants du monde musulman et établissant pour la première fois des contacts avec ke grand rabbinat de Jérusalem. »

Le pape François rappelle ensuite comme il a « suivi ses pas »: il s’est rendu à Auschwitz-Birkenau, il s’est rendu à Yad Vashem. Et il confie: « La communauté juive de Rome m’a très cordialement accueilli à sa synagogue, et j’ai eu la joie de rencontrer en Israël les grands rabbins ashkénaze et sépharade. »

Le dernier mot de cette préface c’est la miséricorde  : « Ensemble, nous nous tenons devant Dieu pour rendre témoignage de son immense amour et de sa miséricorde. »

Quatre thèmes principaux

La CEF indique les quatre thèmes principaux du livre: « Avec ce livre le SNRJ souhaite permettre au plus grand nombre  de découvrir ces documents et, ainsi, s’approprier la pensée de Jean-Paul II. Quatre thèmes émergent, le « lien spirituel qui relie le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham », la mémoire de la Shoah, la lutte contre l’antisémitisme et les enjeux aujourd’hui du dialogue judéo-chrétien. De fait, il s’agit, bel et bien, d’une fraternité renouvelée qui devient une véritable bénédiction pour le monde d’aujourd’hui. »

« Le lecteur comprendra, explique la CEF, grâce à la récurrence de ces interventions et déclarations, la place importante de ce dialogue durant tout le pontificat de Jean-Paul II. De surcroît, chacun mesurera la singularité de la pensée de Karol Wojtyla sur ces questions, lui dont l’enfance, en Pologne, fut marquée par une grande proximité avec des familles juives, dont beaucoup furent exterminées. Ce qu’il rappellera, à plusieurs reprises, avec émotion. Un livre à découvrir et à faire connaitre et qui deviendra une référence ! »

« Une fraternité authentique »

On y retrouve notamment la prière enfilée par Jean-Paul II dans l’interstice des pierres du mur de soubassement du Temple de Jérusalem, le « Mur occidental » ou « Kotel », le 26 mars 2000: c’était la prière du 12 mars précédent, à Saint-Pierre, lors de la célébration du pardon du Grand jubilé (p. 314 dans le livre).

« Dieu de nos pères

tu as choisi Abraham et sa descendance

pour que ton Nom soit apporté aux peuples:

nous sommes profondément attristés

par le comportement de ceux qui,

au cours de l’histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils,

et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager

à vivre une fraternité authentique

avec le peuple de l’Alliance.

Amen. »

 

[© Librairie éditrice du Vatican]

 

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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