Funérailles de Mgr Léon Kalenga Badikebele, 15 juin 2019 © Vatican Media

Funérailles de Mgr Léon Kalenga Badikebele, 15 juin 2019 © Vatican Media

Funérailles de Mgr Kalenga : la vie apprend à se congédier, souligne le pape

Print Friendly, PDF & Email

Il encourage les représentants pontificaux à vivre le détachement

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« La vie apprend à prendre congé », a souligné le pape François en célébrant la messe de funérailles de Mgr Léon Kalenga Badikebele, nonce apostolique en Argentine, ce 15 juin 2019, en la basilique Saint-Pierre.
Dans son homélie, évoquant le départ du diplomate congolais, le pape a encouragé les représentants pontificaux – réunis au Vatican pour une rencontre du 12 au 15 juin – à vivre le « détachement ».
Voici notre traduction de sa méditation.
Homélie du pape François
Cette Eucharistie se terminera avec la prière de la valedictio, c’est-à-dire de l’adieu : “dire adieu” au frère. C’est comme dire: nous te laissons aller à Dieu, aller dans les mains de Dieu. La Bible nous dit dans le Livre de la Sagesse que l’âme des justes est dans les mains de Dieu (cf. 3,1). Les mains de Dieu, qui sont les plus belles mains, blessées d’amour, des mains blessées d’amour. Et nous confions notre frère dans les mains de Dieu.
Et c’est aussi une prière de congé, et encore plus : c’est le congés du pasteur. Le pasteur prend congé de son peuple, de son troupeau. Comme l’a fait saint Paul à Milet, devant les anciens d’Éphèse, dans les larmes (cf. Ac 20,17-38). Tout le monde pleurait, tous se jetaient à son cou, l’embrassaient avant qu’il n’embarque sur le bateau. Le congé du pasteur. Le pasteur prend congé en rendant témoignage : « Vous savez comment je me suis toujours comporté avec vous » (v. 18): c’est ma vie – dit-il au troupeau – à vous de juger. Un témoignage. Le pasteur prend congé en montrant que sa vie est une vie d’obéissance à Dieu : « Et maintenant, voici que je suis contraint par l’Esprit de me rendre » (v. 22) ailleurs. C’est l’Esprit qui m’a conduit et qui me conduit ; il est comme la “colonne” qui soutient la vie du pasteur.
Le pasteur prend congé aussi avec un témoignage de détachement : il est habitué à ne pas être attaché aux biens de ce monde, à ne pas être attaché à la mondanité. « Je sais que vous ne reverrez plus mon visage, […] j’atteste aujourd’hui devant vous que je suis pur » (vv. 25-26) de tant de choses, et il se détache d’eux. Comme s’il disait : “à présent vous êtes adultes”. « Veillez sur vous-mêmes, et sur tout le troupeau » (v. 28). Veillez, luttez ; vous êtes adultes, je vous laisse seuls, avancez.
Puis, comme frère et père, le pasteur prend congé par la prophétie : attention, attention parce qu’ « après mon départ, des loups redoutables s’introduiront chez vous » (v. 29). Il montre le chemin, comment se défendre seuls sans le pasteur.
A la fin il prie : « Et maintenant, je vous confie à Dieu » (v. 32), et à genoux avec ses prêtres, il prie.
C’est le congé du pasteur, que Paul a vécu si fortement à Milet. Et aujourd’hui nous pensons à tout cela, et peut-être que notre frère Léon nous dira et dira à son peuple, son peuple d’Argentine, du Salvador, de tant de lieux où il est allé : “Maintenant, je vous confie à Dieu”.
Et nous avons entendu aussi l’autre congé, l’au-revoir de Jésus, qui est un congé d’espérance : « Je pars vous préparer une place » (Jn 14,2). Le détachement est provisoire, il est temporaire : “J’y avais avant, le troupeau viendra ensuite. Je vais vous préparer une place”. C’est-à-dire, je vais où je voudrais que vous arriviez tous, jusqu’à là. “Je vais vous préparer une place”: c’est l’espérance. La spiritualité, que nous avons au moins apprise au noviciat, disait que toute la vie est un chemin pour apprendre à mourir. Cela allait bien dans cette spiritualité du 19e qui était un peu comme ça… J’aime dire: la vie nous apprend à prendre congé. Apprendre à prendre congé. Et voir comment les pasteurs prennent congé, comme Jésus, comme Paul, comme beaucoup, comme Léon, tous, ils prennent congé. Nous aussi nous pouvons apprendre : faire des pas pour prendre congé, des petits congés de changement de mission, et le grand congé à la fin. Que le Seigneur nous donne à tous cette grâce : apprendre à prendre congé, qui est une grâce du Seigneur.
Traduction de Zenit, Anne Kurian

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel