Président du Chili Sebastián Piñera Echenique © Vatican Media

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Chili : le fléau des abus sexuels au coeur de la visite du président au Vatican

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Défense de la vie et accueil des migrants

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Le pape François a reçu le président de la République du Chili Sebastián Piñera Echenique, ce 13 octobre 2018, au Vatican. La visite se situe dans une période troublée pour l’Eglise du Chili, secouée par les scandales d’abus sexuels, couverts par certains évêques. Le même jour, le pape a réduit à l’état laïc deux évêques coupables d’abus.
Le président Piñera, 68 ans, un catholique, est en fonction depuis mars dernier. Dans la matinée, il a aussi rencontré le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats, précise un communiqué du Vatican.
Les échanges ont été l’occasion d’évoquer la situation du pays « avec une référence particulière à la défense de la vie et au douloureux fléau des abus contre les mineurs, confirmant l’engagement de tous à collaborer pour combattre et prévenir que de tels crimes et leurs couvertures soient perpétués ».
« Je suis catholique et ce qui se passe dans l’Eglise me fait très mal », avait déclaré le président chilien en juillet dernier. Il a fait observer que certaines autorités religieuses « se sont trompées » : « Au lieu de protéger les enfants, il se sont protégés eux-mêmes. »
D’autres thèmes d’intérêt commun de niveau international et régional ont également été abordés durant cette visite, en particulier l’accueil des migrants.
« Graves erreurs et omissions »
En février dernier, le pape François a mandaté Mgr Charles Scicluna (président du Collège spécial d’appel dans les cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de clercs, au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi) pour enquêter sur les abus au Chili. Il a reconnu, dans une lettre du 8 avril, « de graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation, notamment en raison d’un manque d’information véridique et équilibrée », et il en a demandé pardon. Puis il a reçu trois victimes d’abus le 25 avril, au Vatican. Du 1er au 3 juin 2018, il a reçu cinq prêtres, également victimes d’abus.
En mai, 34 évêques chiliens ont été convoqués à Rome par le pape et au terme de leur rencontre, ils lui ont présenté leur démission, reconnaissant des « graves erreurs et omissions ». Le pape François leur a remis une lettre redisant la « gravité » des abus « sur des mineurs, de pouvoir et de conscience » commis par des membres de l’Eglise dans le pays ces dernières décennies.
Le 31 mai 2018, le pape François a adressé une lettre, cette fois à tous aux catholiques chiliens, intitulée « Au Peuple de Dieu qui chemine au Chili », pour leur demander de prendre part à la réforme de l’Église.
Il y souhaitait notamment qu’on mette fin au cléricalisme, en quelque sorte terreau des abus de pouvoir, de conscience et des abus sexuels: « Au sein du Peuple de Dieu, il n’y a pas de chrétiens de première, deuxième ou troisième catégories. Votre participation active ne se résume pas à une concession que vous faites volontairement, mais elle est constitutive de la nature ecclésiale. »
Démissions et réductions à l’état laïc
Le pape n’a pas accepté les démissions des évêques chiliens en bloc, mais il examine la situation au cas par cas. Le 11 juin, il a accepté trois démissions: celles des évêques d’Osorno, Mgr Juan Barros; de Valparaíso, Mgr Gonzalo Duarte García de Cortázar, et de Puerto Montt, Mgr Cristián Caro Cordero, ces deux derniers ayant atteint la limite canonique de 75 ans.
Le 28 de juin le pape a accepté deux autres démissions: celles des évêques de Rancagua et de Talca.
Le 21 septembre, il a accepté celles de deux autres évêques : l’évêque de San Bartolomé de Chillán, Mgr Carlos Pellegrín Barrera, et celui de San Felipe, Mgr Cristián Contreras Molina.
Le 28 septembre dernier, le pape a retiré les pouvoirs sacerdotaux à Fernando Karadima Fariña, condamné en 2011 par la justice ecclésiastique, à une vie retirée et de pénitence. Cette sanction supplémentaire “exceptionnelle” a reconnu le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Greg Burke, reflète le caractère également “exceptionnel” du mal que la conduite de l’ancien prêtre chilien a provoqué.
Ce 13 octobre, il a à nouveau pris une décision inédite et irrévocable : la démission de l’état clérical de deux évêques chiliens, Francisco José Cox Huneeus, archevêque émérite de La Serena et Marco Antonio Órdenes Fernández, archevêque émérite de Iquique, coupables d’abus sur mineurs.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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