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Lesbos: Médecins sans frontières plaide pour les réfugiés du camp de Moria

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MSF refuse de travailler dans un «centre de détention» de Moria

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La mission Médecins sans frontières reproche à l’Union européenne d’avoir mis les réfugiés du camp de Moria à Lesbos « en détention pour des fautes qu’ils n’ont évidemment pas commises » et qui y vivent dans des conditions de vie « inacceptables ».
« C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne plus travailler à l’intérieur du camp », a déclaré à Radio Vatican Michele Telaro, chef de mission Médecins sans frontières (MSF) à Lesbos.
« Le 20 mars, explique Michele Telaro, Moria, qui était un centre d’accueil, s’est retrouvé du jour au lendemain transformé en centre de détention, sans aucun préavis officiel. Jusqu’à cette date, ces pauvres gens qui ont fui la guerre, entrepris des voyages extrêmement difficiles pour arriver jusqu’ici, ont risqué leur vie en traversant la mer, sont arrivés sur la plage, trempés, souvent malades ou en hypothermie, traumatisés, trouvaient une structure d’accueil qui répondait à leurs besoins, puis d’un jour à l’autre, ils se sont retrouvés en détention. »
La décision prise par l’Union européenne contredit l’appel du pape François à construire des « ponts et non des barrières », estime le chef de mission : « En ce moment, l’Europe veut justement créer des barrières et repousser ces personnes, fermer ses frontières et, en quelque sorte, faire sous-traiter l’assistance humanitaire et la protection internationale par les autres, par la Turquie. »
La mission Médecins sans frontières a « maintenu » ses activités « en dehors du centre de crise de Moria », mais à Moria toutes les « activités sont interrompues ». « Nous suivons de près la situation, surtout sanitaire, pour nous assurer qu’elle ne dégénère pas, mais nous n’y travaillons pas », précise Michele Telaro.
En ce qui concerne la situation au camp de Moria, les conditions de vie y « sont absolument inacceptables », affirme Michele Telaro. « Moria a une capacité d’accueil d’environ un millier de personnes, 900-1 000 personnes, et en ce moment, on en compte plus de 3 000, raconte-t-il. Les services d’hygiènes, les structures, les abris, et les lits ne suffisent pas. Des familles avec enfants dorment à l’extérieur, par terre, faute de places pour tout le monde à l’intérieur. La nourriture est insuffisante, l’armée fournit trois fois par jour les repas pour 2 400 personnes. Le reste, les repas manquants, est fourni par une petite organisation espagnole. C’est la confusion totale, les personnes n’ont aucune information, les médecins ne suffisent pas, pour ne pas parler du soutien psychologique et de la prise en charge des problèmes de santé mentale. »
« Pourquoi tenir toutes ces personnes en détention ? s’interroge le chef de mission, on pourrait les transférer dans d’autres structures, mieux adaptées, où elles trouveraient une assistance convenable. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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