Jakob Finci

CTV - OSSERVATORIO ROMANO

Une réédition de la Haggadah de Sarajevo pour le pape François

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Le cadeau offert au pape François par le Conseil interreligieux de Bosnie-Herzégovine reflète l’histoire tourmentée de l’Europe et de la communauté juive.

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Jakob Finci, président de la Communauté juive de Bosnie-Herzégovine, et président du Conseil interreligieux du pays, a accueilli le pape François lors de la rencontre œcuménique et interreligieuse, à Sarajevo, samedi 6 juin.

Disant combien la visite du pape était appréciée, il lui a offert au nom de tous réédition de la fameuse et précieuse « Haggadah de Sarajevo », un manuscrit juif de 600 ans.

Elle aurait été offerte en cadeau de mariage à un couple de Barcelone, au XIVème siècle. En 1492, quand l’Espagne a expulsé les juifs, un réfugié a apporté le manuscrit précieux en Italie. Plus tard, un rabbin l’a apporté d’Italie en Bosnie. Enfin, l’un de ses descendants, Joseph Kohen, la vendit au Musée national, en 1894.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le manuscrit aurait été caché dans la Grande Mosquée de Sarajevo. Après la guerre, la Haggadah revint au Musée national.

Au début du siège de Sarajevo, en 1992, les forces serbes bombardèrent la Bibliothèque nationale, la Bibliothèque Gazi Husney-Bey fondée en 1537, et endommagèrent le Musée national. Mais la Haggadah fut mise à l’abri dans un coffre de banque. En 2002, le Musée national l’accueillit à nouveau. Mais, comme le souligne Jacob Finci, le musée est fermé depuis octobre 2012, faute de ressources.

Discours du représentant de la communauté juive, président du Conseil interreligieux de Bosnie-Herzégovine

Saint Père,

C’est pour moi un grand honneur et un grand plaisir de vous souhaiter la bienvenue à Sarajevo, dans la ville où la communauté juive a vécu en paix et en harmonie avec les autres communautés religieuses et les Églises ces 450 dernières années, et avec l’intention de vouloir y rester, au moins pendant les 450 prochaines années, parce que nous ne cherchons ni n’avons pas de seconde patrie.

Il n’a pas été facile de survivre pendant 450 ans dans les Balkan, définis par beaucoup comme « une poudrière » ; toutefois, avec la compréhension, la bonne volonté et l’aide de Dieu, tout est possible.

Le hasard a voulu que, comme à l’occasion de la visite de votre grand prédécesseur, saint Jean-Paul II, j’occupe de nouveau la charge de président de notre Conseil interreligieux. C’est un organisme dans lequel les quatre communautés religieuses traditionnelles et les Églises de notre pays collaborent étroitement en défendant les principes de la tolérance religieuse, de la cohabitation et de l’agir commun, partout où c’est possible. Il est clairement évident que la chose la plus importante est le respect les uns des autres ; c’est bien d’avoir un point de vue personnel, mais la compréhension de celui d’autrui est aussi nécessaire ; en ce sens, je crois pouvoir dire que nous y sommes arrivés, mais cela peut et doit être toujours amélioré et plus efficace.

Votre visite nous encourage et nous donne de la joie à tous. Nous savons que vous êtes venu en ami, comme quelqu’un qui nous aime sans réserve, qui veut nous aider et nous enseigner à être de meilleurs croyants et, par conséquent, des personnes meilleures.

Nous ne voulons pas vous mentir, parce que nous ne sommes pas des politiciens, en disant qu’ici tout est lait et miel ou qu’il n’y a pas de problèmes. Les problèmes existent, mais nous cherchons à les résoudre ensemble, conscients qu’il n’est possible de survivre dans cette splendide partie de la terre, que Dieu nous a donnée afin que nous l’utilisions, que si nous travaillons ensemble. Ce n’est pas ici le moment ni le lieu pour faire la liste des problèmes qui nous assaillent, mais je vous assure qu’il ne s’agit pas de problèmes que nous avons créés nous-mêmes ; toutefois, nous devons les surmonter seuls. Naturellement, votre parole sage et votre conseil paternel ne peuvent que nous aider en cela ; c’est pourquoi nous avons suivi avec attention tout ce que vous avez dit depuis votre arrivée dans notre pays ; nous soutenons pleinement vos paroles adressées à tous les citoyens de Bosnie-Herzégovine.

Un des petits problèmes est que notre musée national est fermé depuis déjà longtemps et nous ne sommes donc pas en mesure de vous montrer notre petit joyau : la Haggadah de Sarajevo.

Je sais que la Pessah et le Seder, quand on lit la Haggadah, sont encore loin, mais permettez-moi de vous offrir en notre nom à tous une réédition de la Haggadah de Sarajevo. C’est un livre unique dans toute la longue histoire juive ; de cette façon, vous vous souviendrez de cette visite et de la petite communauté juive qui a eu l’honneur de célébrer son 450ème anniversaire avec votre visite.

Enfin, que puis-je ajouter sinon vous souhaiter un bon retour ? Et que vous reveniez nous rendre visite !

Jakob Finci, Président de la Communauté juive en Bosnie-Herzégovine

© Traduction Constance Roques

 

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ZENIT Staff

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