Francis pope in Saint Peter basilic

ZENIT - HSM

Sécurité alimentaire: le pape François interpelle les pays riches

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Dans l’homélie prononcée pour l’ouverture de la XXème Assemblée générale de Caritas Internationalis, le pape François souligne que « celui qui vit la mission de Caritas n’est pas un simple opérateur », mais « une personne qui aime avec l’esprit du Christ, l’esprit de gratuité, de don ». Il a interpellé la conscience des pays riches sur le partage des ressources alimentaires de la planète. Nous publions ici une traduction intégrale des paroles du pape.

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Le pape appelle à « dresser la table pour tous » : « Tant de personnes attendent encore aujourd’hui de pouvoir manger à leur faim. La planète produit de la nourriture pour tous, mais il semble qu’il manque la volonté de partager avec tous », déplore-t-il en rappelant « aux puissants de la terre qu’un jour Dieu les jugera » à ce sujet.

Le pape François a inauguré la XXème Assemblée générale de Caritas Internationalis, hier soir, mardi 12 mai 2015, au cours d’une messe en la basilique Saint-Pierre.

« Celui qui vit la mission de Caritas n’est pas un simple opérateur, mais au contraire il est un témoin du Christ. Une personne qui cherche le Christ et se laisse chercher par le Christ ; une personne qui aime avec l’esprit du Christ, l’esprit de gratuité, de don. Toutes nos stratégies et planifications restent vides si nous ne sommes pas porteurs de cet amour. Non pas notre amour, mais le sien », a-t-il déclaré durant l’homélie.

Il a souhaité aux participants « la grâce de comprendre que Caritas est toujours en périphérie, dans chaque Église particulière » et que chaque Caritas « est seulement une aide, un service et une expérience de communion mais qu’elle n’est pas le chef de toutes les autres ».

A.K.

Homélie du pape François

La lecture des Actes des apôtres que nous avons écoutée (16,22-34) nous présente un personnage un peu spécial. Il s’agit du geôlier de la prison de Philippes, où Paul et Silas ont été enfermés à la suite d’une émeute de la foule dirigée contre eux. Les magistrats les font d’abord rouer de coups puis les jettent en prison, en ordonnant au geôlier de faire bonne garde. Voilà pourquoi, ayant entendu le tremblement de terre pendant la nuit et voyant que les portes de la prison étaient ouvertes, cet homme, pris de désespoir, veut se tuer. Mais Paul le rassure et lui, tremblant et tout étonné, supplie à genoux d’être sauvé.

Le récit nous dit que cet homme a accompli tout de suite les étapes essentielles du chemin de foi et de salut : il écoute avec toute sa famille la parole du Seigneur ; il lave les plaies de Paul et Silas ; il reçoit le baptême avec tous les siens ; et enfin il accueille Paul et Silas chez lui, il dresse la table et, tout joyeux, leur offre à manger. C’est tout le parcours de la foi.

L’évangile annoncé et cru incite à laver les pieds et les plaies de ceux qui souffrent, et à leur dresser une table. Simplicité des gestes où l’accueil de la Parole et du sacrement du baptême s’accompagne de l’accueil du frère, comme s’il s’agissait d’un seul geste : accueillir Dieu et accueillir l’autre. Accueillir l’autre avec la grâce de Dieu ; accueillir Dieu et le manifester dans le service rendu au frère. La Parole, les sacrements et le service s’appellent et se renforcent mutuellement comme on peut déjà le constater dans les témoignages de l’Église des origines.

Dans ce geste, nous pouvons voir toute la vocation de Caritas. Caritas est désormais une grande Confédération, amplement reconnue aussi dans le monde pour tout ce qu’elle réalise. Caritas est l’Église implantée dans de très nombreuses parties du monde, et elle doit chercher à se déployer encore plus largement, également dans les diverses paroisses et communautés, pour renouveler ce qui s’est passé aux premiers temps de l’Église. En effet, la racine de tout votre service consiste vraiment en l’accueil simple et obéissant de Dieu et du prochain. Et cet accueil se réalise en vous personnellement, pour que vous alliez dans le monde ; et que là, vous serviez au nom du Christ, que vous avez rencontré et que vous rencontrez dans chacun des frères et sœurs dont vous vous faites proches. C’est exactement grâce à cela que l’on évite de se réduire à une simple organisation humanitaire. La Caritas de chaque Église particulière, même la plus petite, est la même : il n’y a pas de grandes Caritas et de petites Caritas, elles sont toutes égales. Demandons au Seigneur la grâce de comprendre la vraie dimension de Caritas ; la grâce de ne pas tomber dans l’erreur de croire qu’un centralisme bien organisé soit la route ; la grâce de comprendre que Caritas est toujours en périphérie, dans chaque Église particulière ; et la grâce de croire que le centre-Caritas est seulement une aide, un service et une expérience de communion mais qu’il n’est pas le chef de toutes les autres.

Celui qui vit la mission de Caritas n’est pas un simple opérateur, mais au contraire il est un témoin du Christ. Une personne qui cherche le Christ et se laisse chercher par le Christ ; une personne qui aime avec l’esprit du Christ, l’esprit de gratuité, de don. Toutes nos stratégies et planifications restent vides si nous ne sommes pas porteurs de cet amour. Non pas notre amour, mais le sien. Ou mieux encore, notre amour purifié et renforcé par le sien.

De sorte que l’on peut servir tout le monde et dresser la table pour tous. Dresser la table : c’est une belle image que la Parole de Dieu nous donne aujourd’hui. Dieu nous dresse la table de l’Eucharistie maintenant aussi. Caritas dresse tant de tables pour ceux qui ont faim. Ces derniers mois vous avez déployé une grande campagne : « Une seule famille humaine, de la nourriture pour tous ». Tant de personnes attendent encore aujourd’hui de pouvoir manger à leur faim. La planète produit de la nourriture pour tous, mais il semble qu’il manque la volonté de partager avec tous. Dresser la table pour tous, et demander qu’il y ait une table pour tous. Faire ce que nous pouvons pour que tous aient de quoi manger, mais aussi rappeler aux puissants de la terre qu’un jour Dieu les jugera et que se manifestera s’ils ont vraiment essayé de Le nourrir en chaque personne (Mt 25,35) et s’ils ont œuvré pour que l’environnement ne soit pas détruit mais qu’il puisse produire cette nourriture.

Et en pensant à la table de l’Eucharistie, nous ne pouvons pas oublier nos frères chrétiens qui ont été violemment privés de la nourriture pour le corps comme de celle pour l’âme : ils ont été chassés de leurs maisons et de leurs églises, parfois détruites. Je renouvelle l’appel à ne pas oublier ces personnes et ces injustices intolérables.

Avec beaucoup d’autres organismes caritatifs de l’Église, Caritas manifeste donc la force de l’amour chrétien et le désir de l’Église d’aller à la rencontre de Jésus en toute personne, surtout lorsqu’elle est pauvre et souffrante. C’est le chemin qui nous attend et je souhaite que vos travaux puissent se dérouler ces jours-ci dans cette perspective. Nous les confions à la Vierge Marie qui a fait de l’accueil de Dieu et du prochain le critère fondamental de sa vie. Demain précisément, nous fêterons Notre Dame de Fatima, qui est apparue pour annoncer la victoire sur le mal. Avec une aide aussi puissante, nous n’avons pas peur de poursuivre notre mission. Amen.

© Traduction Librairie éditrice du Vatican
© Traduction de Zenit, Constance Roques, pour les passages improvisés

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ZENIT Staff

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