L'art de maîtriser sa langue

Ou les exigences supérieures du chrétien

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Dans son homélie du matin, le pape François invite à « maîtriser sa langue », « tailler un peu les commentaires que l’on fait sur les autres », car celui qui « entre dans la vie chrétienne a des exigences supérieures à celles de tous les autres ».

Ce jeudi 13 juin 2013, trois mois après son élection, le pape a célébré la messe en présence de diplomates argentins : L’Osservatore Romano et Radio Vatican rapportent notamment la présence de l’ambassadeur près le Saint-Siège, de l’ambassadeur en Italie, des représentants auprès de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et des employés du consulat argentin à Rome et à Milan.

Diminuer l’autre pour grandir

Pour le pape, cet Evangile souligne la nécessité de « revoir sa conduite » : « dans la tradition latine », a-t-il fait observer avec humour, le recours à l’insulte bénéficie « d’une créativité merveilleuse » et se pratique « avec une série de définitions qui ne sont pas exactement évangéliques ».

L’insulte, a-t-il poursuivi, est une façon de diminuer l’autre et « nul besoin d’aller chez le psychologue pour savoir que quand quelqu’un diminue l’autre, c’est parce qu’il ne peut plus grandir, il a besoin que l’autre soit plus bas pour se sentir quelqu’un. Ce sont de mauvais mécanismes ». Et Jésus dit le contraire : « ne parlez jamais mal des autres, ne vous diminuez pas, ne vous disqualifiez pas ».

Le pape a rappelé le contexte de l’évangile du jour, en continuité avec le discours sur la montagne où Jésus « annonce la nouvelle loi », c’est-à-dire « les béatitudes ». Si Jésus « ne vient pas abolir la loi antérieure, mais l’accomplir, la faire avancer, la faire mûrir », cependant par cette réforme « dans la continuité », il indique un chemin « très exigeant ».

Des exigences supérieures

Ainsi dans l’Evangile du jour, a poursuivi le pape, le Christ appelle la justice de ceux qui l’écoutent à « surpasser »  celle qu’ils ont vue jusqu’à présent, « celle des scribes et des pharisiens » : si leur justice n’est pas « supérieure » ils « n’entreront pas dans le Royaume des cieux ». Celui qui « entre dans la vie chrétienne, celui qui accepte de suivre ce chemin, a des exigences supérieures à celles de tous les autres… Il n’a pas d’avantages supérieurs, non ! Il a des exigences supérieures ».

Le pape a cité notamment « l’exigence de la vie en commun » et « le thème de la relation négative avec ses frères ». Les paroles de Jésus ne laissent pas d’issue, a-t-il constaté : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il en répondra au tribunal. Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Si quelqu’un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu’un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu.».

Celui qui « commence à sentir dans son cœur quelque chose de négatif » contre son frère et qui l’exprime « par une insulte, une malédiction, ou la colère »… doit « se convertir, changer ».

Maîtriser sa langue

Si quelqu’un « n’est pas capable de maîtriser sa langue, il se perd », a expliqué le pape en citant Jacques 3,4-5 : « Voyez aussi les navires : quelles que soient leur taille et la force des vents qui les poussent, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail au gré de celui qui tient la barre. De même notre langue, qui est une si petite partie de notre corps : elle peut se vanter de faire de grandes choses.»

Il est « beaucoup plus facile de résoudre une situation par une insulte, une calomnie, une diffamation, que de la résoudre d’une bonne façon, comme le dit Jésus », a ajouté le pape : « l’agressivité naturelle qu’avait Caïn à l‘égard d’Abel se répète le long de l’histoire », non pas que l’homme soit « mauvais » mais il est « faible et pécheur ».  

En conclusion, le pape a invité à « être un peu plus attentif à sa langue », « une petite pénitence », qui « donne de bons fruits » sur le long terme : il s’agit de « conformer sa vie à cette nouvelle loi, qui est la loi de la douceur, la loi de l’amour, la loi de la paix », en commençant par « tailler un peu sa langue, tailler un peu les commentaires que l’on fait sur les autres ou les explosions qui portent à l’insulte, à la colère facile ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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