Le pape prend possession de la basilique du Latran

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Méditation sur la « patience de Dieu »

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Le pape François a pris possession de la basilique Saint-Jean-du-Latran, cathèdrale de l’évêque de Rome, ce dimanche de la Miséricorde, 7 avril 2013. Une longue cérémonie de deux heures, durant laquelle le pape a médité sur la « patience » de Dieu, qui « attend » l’homme, qui « espère, fait confiance, n’abandonne pas, ne coupe pas les ponts, sait pardonner ».

Rencontre de personnes handicapées

Le pape, qui venait d’assister à l’inauguration d’une nouvelle « place Jean-Paul II », adjacente à la basilique, est arrivé devant sa cathédrale aux environs de 17h10. Accueilli par le Conseil épiscopal du diocèse et par le Conseil presbytéral, il a accompli le rite d’entrée, selon lequel il a embrassé un crucifix que lui a présenté le cardinal vicaire de Rome, Agostino Vallini.

Puis l’évêque de Rome a béni son vicaire et ceux qui l’entouraient avec le rite de l’aspersion d’eau bénite.

En entrant dans la basilique, sur le chemin de la sacristie, le pape s’est arrêté longuement près d’un groupe de personnes handicapées, en fauteuil roulant. Prenant son temps, il les a saluées une par une, leur serrant les mains, les bénissant, les embrassant, les serrant dans ses bras avec affection.

Près de la sacristie à nouveau, le pape a souhaité s’arrêter pour saluer un groupe de séminaristes en aube blanche. Autour de lui, des signes indiquaient que le temps pressait. Qu’à cela ne tienne, le pape a donné rendez-vous aux séminaristes après la messe.

Le pape s’assied sur la chaire du Latran

La messe s’est ouverte par une procession, tandis que le chœur de la chapelle Sixtine interprétait l’hymne d’entrée. Après avoir encensé l’autel, le pape François s’est dirigé vers la cathèdre romaine de pierre ornée de mosaïques, s’arrêtant sur les premières marches.

C’est le cardinal vicaire Agostino Vallini, vicaire de l’évêque de Rome, qui a prononcé les paroles solennelles d’accueil, exprimant la joie de l’Eglise de Rome au moment où l’évêque prend possession de « la cathèdre de Pierre sur lequel est fondée l’Eglise ».

Le cardinal lui a rappelé l’humilité et le service qui lui est confié: « Comme le vigneron qui surveille la vigne d’en-haut, tu es placé dans une position élevée pour te soucier avec beaucoup d’attention du Peuple qui t’est confié. Rappelle-toi que tu occupes la cathèdre pastorale pour veiller sur le troupeau du Christ. Ton honneur est l’honneur de toute l’Eglise et c’est pour tes frères un soutien valide et sûr. Tu seras vraiment honoré lorsqu’à chacun sera reconnu l’honneur qui lui revient ».

Gravissant les marches, le nouveau pape s’est alors assis pour la première fois sur la cathèdre, et le bâton pastoral de Jean-Paul II lui a été remis, sous les applaudissements de l’assemblée. Quelque 100.000 personnes étaient présentes, à l’intérieur et à l’extérieur de la basilique, selon les chiffres du Vatican.

Des personnes de tous états de vie, en représentation du diocèse, se sont agenouillées chacune à leur tour devant le pape, lui promettant obéissance : le cardinal vicaire, le « vicegerente » du diocèse, un vicaire capitulaire, un curé de Rome, un vicaire paroissial, un diacre permanent, un religieux franciscain, une religieuse, une famille avec 4 enfants et enfin deux jeunes laïcs.

La patience de Dieu

Lors de son homélie, prononcée debout devant sa cathèdre, le pape a médité sur la « patience » de Dieu : « C’est le style de Dieu: il n’est pas impatient comme nous, nous qui voulons souvent tout et tout de suite, même avec les personnes. Dieu est patient avec nous car il nous aime, et qui aime comprend, espère, fait confiance, n’abandonne pas, ne coupe pas les ponts, sait pardonner. Souvenons-nous de cela dans notre vie de chrétiens: Dieu nous attend toujours, même quand nous nous sommes éloignés! Lui n’est jamais loin, et si nous revenons à lui, il est prêt à nous embrasser. »

Pour illustrer la patience divine, le pape a puisé dans l’évangile du jour, où l’apôtre Thomas refuse de croire à la résurrection : « et quelle est la réaction de Jésus ? La patience : Jésus n’abandonne pas Thomas l’entêté dans son incrédulité ; il lui donne le temps d’une semaine, il ne ferme pas la porte, il attend ».

De même pour Pierre, a rappelé le pape : « par trois fois il renie Jésus, juste au moment où il devait lui être plus proche ; et quand il touche le fond, il rencontre le regard de Jésus qui, avec patience, sans paroles, lui dit : « Pierre, n’aies pas peur de ta faiblesse, aies confiance en moi».

Mais, a-t-il souligné, « la patience de Dieu doit trouver en nous le courage de revenir à lui, quelle que soit l’erreur, quel que soit le péché qui est dans notre vie… Ceci est important: le courage de m’en remettre à la miséricorde de Jésus, de compter sur sa patience, de me refugier toujours dans les plaies de son amour. »

« Que de propositions mondaines entendons-nous autour de nous, mais laissons-nous saisir par la proposition de Dieu, la sienne est une caresse d’amour. Pour Dieu, nous ne sommes pas des numéros, nous sommes importants, ou mieux, nous sommes le plus important de ce qu’il a; même pécheurs, nous sommes ce qui lui tient le plus à cœur », a ajouté le pape en exhortant à ne jamais « perdre confiance en la miséricorde patiente de Dieu ».

 « J’ai besoin de vos prières »

A la fin de la messe, ce fut promesse tenue pour les séminaristes qui attendaient leur rendez-vous avec le pape après la célébration : au retour vers la sacristie, le pape, qui ne les avait pas oubliés, s’est arrêté, serrant des mains, échangeant quelques paroles, souriant. La joie rayonnait sur le visage des jeunes gens.

La journée n’était pas encore terminée pour le pape : un dernier rendez-vous était fixé avec la foule, qui attendait au-dehors, les yeux fixés sur la loggia de la basilique.

Des applaudissements, des ovations enthousiastes, « FRAN-CE-SCO ! FRAN-CE-SCO ! », et le pape est apparu, sa calotte blanche s’envolant sous le vent. Quelques hésitations, un problème technique de micro : « c’est un signe que je ne dois pas parler », a commenté le pape avec humour.

Remerciant les romains de leur présence, le pape a demandé à nouveau la prière des croyants, comme il l’avait fait au soir de son élection, le 13 mars dernier : « je vous demande de prier pour moi, j’en ai besoin », a-t-il confié.

« Avançons – « avanti » – tous ensemble, peuple et évêque, avec la résurrection de Jésus toujours à nos côtés », a-t-il ajouté, avant de donner sa bénédiction. A 19h30, le pape a quitté la loggia pour un retour à la maison Sainte-Marthe du Vatican.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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