Oecuménisme : nécessité d'un dialogue sur « l'essence de l'Église »

Entretien avec le card. Koch

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Propos recueillis par Jan Bentz 

Traduction d’Anne Kurian

ROME, mardi 30 octobre 2012 (ZENIT.org) – Dans le cadre de l’œcuménisme, « il ne suffit pas de se reconnaître mutuellement comme des Eglises », mais il faut « un dialogue théologique sérieux sur ce qui constitue l’essence même de l’Église », souligne le cardinal Koch.

A l’occasion du synode, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, livre aux lecteurs de Zenit ses impressions sur l’évènement et fait le point sur les avancées œcuméniques actuelles.

Zenit – Quelles sont vos impressions du synode ?

Cardinal Koch – C’est mon quatrième synode. En tant qu’évêque de Bâle, j’ai participé à deux d’entre eux, à savoir l’assemblée spéciale pour l’Europe en 2004, puis celui pour la Parole de Dieu en 2008. Dans mon nouveau poste, j’ai participé au synode pour le Moyen-Orient et à présent à celui de la nouvelle évangélisation. Dans l’ensemble, le plan est toujours le même, mais ce synode des évêques est particulièrement intéressant car il y a des représentants des épiscopats du monde entier. Etre en mesure de glaner les expériences de tous les évêques est déjà quelque chose d’extraordinaire. Mais c’est également extraordinaire de pouvoir faire l’expérience de la façon dont l’Eglise est différente dans le monde, et en même temps à quel point les problèmes se ressemblent.

Le dialogue avec les protestants est très important en Allemagne. Quels sont les progrès récents en ce domaine ?

La déclaration commune sur la doctrine de la justification signée en août 1999 était sans aucun doute un grand pas en avant dans le dialogue œcuménique avec les luthériens. La tâche qui reste maintenant est d’examiner les conséquences ecclésiologiques de la présente déclaration commune. Ce qui est clair, en effet, est que les évangéliques ont une autre conception de l’Eglise que les chrétiens catholiques. Il ne suffit pas de se reconnaître mutuellement comme des Eglises. Ce qu’il faut plutôt, c’est un dialogue théologique sérieux sur ce qui constitue l’essence même de l’Église.

Une solution comme la constitution apostolique « Anglicanorum coetibus » pour les anglicans est-elle possible pour les chrétiens évangéliques?

Anglicanorum coetibus n’était pas une initiative de Rome, mais provenait de l’église anglicane. Le Saint-Père a ensuite cherché une solution et, à mon avis, a trouvé une solution très large, où les traditions ecclésiales et liturgiques des anglicans ont été largement prises en considération. Si les luthériens expriment des désirs similaires, alors nous aurons à réfléchir sur cela. Cependant, l’initiative appartient aux luthériens.

Qu’est-ce qui émerge dans le dialogue avec les orthodoxes pour l’avenir proche ?

À l’heure actuelle, l’Eglise orthodoxe est très occupée avec les préparatifs pour le synode panorthodoxe. Personnellement, je suis convaincu que quand il aura lieu, ce sera un grand pas en avant pour le dialogue œcuménique. Par conséquent, nous devons soutenir ces efforts orthodoxes et aussi être patients. Dans les commissions œcuméniques nous poursuivons le dialogue théologique sur la relation entre «synodalisme» et primauté.

Beaucoup pensent que la sécularisation a aussi été causée par l’Eglise, même involontairement. N’est-il pas nécessaire d’analyser les attitudes qui conduisent à la sécularisation, afin de les corriger?

En fait, certains historiens soulignent à juste titre que le schisme du 16e siècle et les sanglantes guerres de religion qui ont suivi, en particulier la guerre de Trente Ans, ont provoqué la sécularisation dans le sens de la privatisation de la religion. Étant donné que le christianisme était présent seulement sous la forme de différentes confessions qui se battaient entre elles au point de faire couler le sang, il ne pouvait plus servir de fondement ni être garant de l’unité et de la paix sociale. Pour cette raison, l’âge moderne actuel a cherché un nouveau fondement à l’unité, sans religion. Ce grave processus doit également être gardé en mémoire pour le 500e anniversaire de la Réforme. Dans l’histoire ultérieure de l’ère moderne, d’autres développements de la sécularisation ont surgi – tel l’abandon de la question de Dieu – qui ont eu d’autres motivations et qui sont également abordés dans le plan de la nouvelle évangélisation.

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ZENIT Staff

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