Aude Dugast avec Anne Kurian
ROME, mardi 30 octobre 2012 (ZENIT.org) – Passionné par les pays de l’Extrême Orient, le cardinal Etchegaray invite à s’ouvrir « à leur culture et à leur sensibilité ». Malgré sa présence minoritaire, l’Eglise y est « levain dans la pâte ».
Le cardinal Roger Etchegaray, président émérite des Conseil pontificaux Justice et Paix et Cor Unum, a présenté hier, 29 octobre 2012, son nouvel ouvrage « L’homme, à quel prix ? », au siège de l’ambassade de France près le Saint-Siège – la « Villa Bonaparte », à Rome. Le livre est publié en France aux Editions de la Martinière (12 euros). La rencontre était animée par Mgr François Bousquet, recteur de l’église Saint-Louis-des-Français.
Dans une salle comble, devant une centaine de personnes, Mgr Etchegaray a exposé les points principaux du livre, qui balaie de nombreux sujets d’actualité pour l’Eglise.
Le cardinal a fait part entre autres de ses espérances, selon la phrase directrice de sa vie, qui est une citation du P. Antoine Chevrier : « C’est un beau temps pour être prêtre ».
Il a affirmé en l’occurrence qu’aujourd’hui, malgré les apparences, l’Eglise avait des « chances » car elle est une « religion populaire solide et communautaire », qui invite à « être ensemble ».
Passion pour l’Extrême Orient
Il a confié notamment sa « passion » pour l’Extrême Orient, spécialement la Chine et l’Inde. Selon le cardinal en effet, l’Eglise doit s’ouvrir « à leur culture et à leur sensibilité », qui englobe « tout l’être ».
Dans ces pays, les chrétiens sont en très faible minorité, a-t-il rappelé, invitant à « réfléchir au devoir de mission » envers eux. Il a souligné à ce propos les paraboles qui parlent de l’action cachée de la minorité, telles celles du « sel de la terre » ou du « levain dans la pâte ».
En ce sens, la situation de cette partie du monde est illustrée par le titre d’un livre écrit par un prêtre russe assassiné : « l’Evangile commence à peine », a ajouté le cardinal.
Il a évoqué également tous ses voyages avec le pape, son expérience de « globe-trotter », durant laquelle il a rencontré « tant d’ethnies différentes dans le monde ». Il lui arrivait même d’y « retourner en simple clergyman » pour se rendre compte des situations qui n’étaient pas montrées lors des voyages officiels.
La pauvreté est à cultiver
Le cardinal est revenu aussi largement sur la pauvreté, encourageant à apprendre des pauvres, car si « la misère est à détruire », cependant « la pauvreté est à cultiver dans nos cœurs, par chacun de nous ». En ce sens, saint François d’Assise est l’un de ses grands modèles, pour sa pauvreté.
Le cardinal est d’ailleurs très attentif aux tziganes, et ce depuis son premier ministère comme secrétaire de l’évêque de Bayonne : il se dit édifié par « la simplicité et la pauvreté de la vie de ces gens ».
Mais pour éviter « le repli et la dissolution » dans la société, il faut prendre pour modèle Abraham, modèle de l’hospitalité : « Pour moi Abraham est Le grand saint, celui que je veux imiter quand je pense à la sainteté », a-t-il conclu.
L’Eglise en dialogue
Le cardinal s’est arrêté par ailleurs sur l’œcuménisme, à la base duquel il y a « le baptême », qui « unit au-delà des différences ».
Son ouvrage aborde aussi le dialogue interreligieux, avec des pages sur le Mur de Jérusalem et sur l’identité de l’Islam : « Islam : où es-tu ? Qui es-tu ? ».
La mission « primordiale », donnée par le Christ, « de toutes les nations faites des disciples » prend un visage différent avec le dialogue interreligieux, a-t-il fait remarquer, affirmant que « la clef de tout » était la « liberté religieuse ».
Evoquant les rapports entre l’Etat et l’Eglise, il a estimé que « le plus important est la confiance mutuelle », quel que soit l’homme au pouvoir et quel que soit le parti.
Le cardinal, qui s’est dit « très sensible aux rapports humains », a invité à être « des hommes de confiance, avant tout ». Il a encouragé les politiques à « rester des hommes » dans leur travail au service des autres, travail « éreintant et parfois au risque de la famille ».