Hélène Ginabat
ROME, vendredi 26 octobre 2012 (ZENIT.org) – L’objectif du synode est de « redonner du souffle pour continuer d’évangéliser », et le « feu » aux prêtres, explique Mgr Olivier Schmitthaeusler à quelques jours de la clôture du synode.
Le vicaire apostolique de Phnom Penh, qui est intervenu lors de la 11èmecongrégation générale (cf. Zenit du 17 octobre 2012), a en effet rencontré les journalistes, jeudi 25 octobre, au Vatican, lors du « point presse » quotidien de la mi-journée, en français, avec Romilda Ferrauto.
On fait ici « l’expérience de la collégialité redécouverte lors de Vatican II et enseignée lorsque j’étais au séminaire », affirme Mgr Schmitthaeusler, 42 ans, qui participe pour la première fois à un synode, comme 140 autres évêques.
L’évêque est visiblement touché par la présence de Benoît XVI « très importante » : « Il écoute, regarde, applaudit », raconte-t-il, et sa présence « unifie, pacifie ». D’ailleurs, son intervention du premier jour, « sans papier », était « lumineuse, essentielle » : « Soyez témoins, allumez le feu sur la terre, vivez la charité ».
Un synode évangélisateur
Pour Mgr Schmitthaeusler, « le synode est lui-même évangélisateur » pour chacun des évêques, observateurs et délégués qui ont participé à cette rencontre. Après « s’être laissé évangéliser », ils repartiront « pour partager cette expérience d’évangélisation ».
« J’espère que quand les évêques rentreront dans leur diocèse, il redonneront un souffle », dit l’évêque alsacien qui rappelle que le synode « s’inscrit dans l’Année de la Foi » et que celle-ci, « bien organisée », apportera aussi « ce nouveau souffle ».
Pour Mgr Schmitthaeusler, il s’agit d’abord de « redonner une confiance et une expérience plus forte aux prêtres » qui, « parfois, rentrent dans la routine » ou se laissent « alourdir par les structures ». Il faudrait demander à chacun: « De quoi as-tu besoin ? ». Il faut « redonner ce feu aux prêtres » car si un prêtre est heureux, « ça rayonne et ça fait boule de neige ». L’Eglise se propage non par le prosélytisme, mais « par contagion » dit-il avec conviction.
Donner l’espérance au monde
Ce dynamisme est destiné aussi à « toute l’Eglise ». « Il y a un chainon qui manque dans la transmission de la foi », et ce chainon, « c’est peut-être le chrétien lambda qui n’a pas encore compris qu’il était apôtre ».
Au Cambodge, illustre le vicaire apostolique de Phnom Penh, où l’on vit une situation de première évangélisation, les jeunes chrétiens découvrent cela. « Ce n’est pas une évidence », insiste-t-il. Dans la petite école de la foi, fondée par le missionnaire pour fortifier les jeunes, on a lu récemment un passage du décret conciliaire L’apostolat des laïcs, traduit en cambodgien. « Ils ont compris qu’ils étaient aussi apôtres » et que l’évangélisation n’était pas l’apanage des prêtres et des religieuses, se réjouit-il.
Cette expérience, enfin, est faite pour rayonner, c’est « l’espérance du Christ en nous et on veut la donner au monde ». « J’aimerais, dit l’évêque, donner un regard de foi, d’espérance et d’amour sur le monde » pour aider à « lire les beaux signes de la vie au quotidien ».
« Une Eglise qui parle au cœur »
Pour Mgr Schmitthaeusler, l’essentiel du synode ne consiste pas dans les éventuelles décisions concrètes qui seront prises ou proposées. Le plus important, affirme-t-il, c’est de « toucher le cœur ». D’ailleurs, explique-t-il, « pour les Cambodgiens, comme pour beaucoup d’Asiatiques, le mot cœur est partout dans la langue, il sert à exprimer ses sentiments ».
« C’est ce que faisait Jésus, il touchait au cœur ». Lorsque 5000 mille personnes étaient rassemblées autour de lui, elles n’entendaient certainement pas toutes ce qu’il disait, commente-t-il, et elles avaient des besoins, des désirs différents, « mais Jésus les touchait ». De même aujourd’hui, « on ne donne pas une réponse concrète à chacun, mais une parole qui le touche ».
La vie contemplative, par exemple, est « un lieu pour les gens qui sont loin de l’Eglise ». Souvent, ils y « trouvent la paix ».
Et l’évêque de poursuivre : « L’Evangile est contagieux. Quand Jésus a touché le lépreux, il n’a pas attrapé la maladie, mais c’est le lépreux qui a attrapé la sainteté ». Et « ce n’est pas compliqué : ceux qui sont touchés continuent de témoigner ».
Revenir à l’évangile
Mgr Schmitthaeusler est convaincu qu’il faut « revenir à l’expérience des premières communautés chrétiennes » qui vivaient « la simplicité de l’évangile ». Il rappelle qu’à son arrivée dans sa paroisse, il n’y avait qu’un seul chrétien, qui rassemblait régulièrement quelques jeunes pour lire l’évangile du dimanche. Dix années plus tard, il vient de baptiser son 140èmeparoissien.
Pour l’évêque missionnaire, la force de l’évangile, c’est sa « capacité à se renouveler ». « Je peux lire le même évangile tous les ans, explique-t-il, et dans ma vie il aura toujours un autre sens parce qu’il rejoint mon expérience ». C’est pourquoi « l’évangile transcende les cultures ». L’inculturation se fait lorsqu’« il rentre dans la culture parce que les gens le vivent ». C’est un « long processus », admet l’évêque, qui pousse à se remettre en question. C’est d’ailleurs « ce qui s’est passé à Rome » il y a deux mille ans.
Aimer l’Eglise
Si les chrétiens du Cambodge sont encore peu nombreux, ils ont en revanche beaucoup de dynamisme et sont heureux de se retrouver dans l’Eglise. En témoignent les rassemblements de ce début d’année : récemment, raconte l’évêque enthousiaste, 400 jeunes se sont retrouvés pendant quatre jours, 150 chefs scouts sont partis pour un camp de trois jours et 150 catéchistes ont été réunis pendant aussi plusieurs jours.
Quant aux 32 jeunes du Cambodge qui ont participé aux JMJ de Madrid, ils sont rentrés heureux et ont « dynamisé la pastorale des jeunes ».
L’Eglise est « vivante et belle », conclut Mgr Schmitthaeusler, qui se réjouit aussi d’avoir dans son pays une cinquantaine de congrégations et plusieurs mouvements. « L’Eglise permet à chacun d’exprimer ses charismes, dans l’unité ». C’est pourquoi il a invité les six séminaristes du Cambodge à « aimer l’Eglise », avec toute sa richesse et son histoire, « même si elle a des défauts » et « même si elle a besoin de se dépouiller » pour « refléter le visage de Jésus ».