Anita Bourdin
ROME, vendredi 26 octobre 2012 (ZENIT.org) – La Nouvelle évangélisation étant une « urgence » pour le monde d’aujourd’hui, le Message final du synode invite tous les baptisés à la rencontre – toujours nouvelle – avec le Christ, comme la condition d’une annonce courageuse de l’Evangile : « Nous vous invitons tous à contempler le visage du Seigneur Jésus-Christ, à entrer dans le mystère de son existence ». Le service des pauvres vérifie son authenticité.
De longs applaudissements ont accueilli la lecture du « Message du synode des évêques au Peuple de Dieu », en la salle du synode, ce vendredi matin, 26 octobre, lors de la 20e congrégation générale de l’assemblée.
Ce document de plus de dix pages, organisé en 14 paragraphes, a été lu en cinq langues : italien, français, espagnol, anglais et allemand. Il constitue une synthèse des thèmes des trois semaines de débat sur la Nouvelle évangélisation. Il est résolument christocentrique.
Le puits du désir profond
Les pères synodaux placent d’emblée le message sous le signe évangélique de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob.
Ils y voient l’image de l’homme contemporain, porteur d’une amphore vide, signe de sa soif et de sa nostalgie de Dieu. L’Eglise est appelée à marcher à sa rencontre et rendre le Christ présent : à l’instar de la Samaritaine, celui qui rencontre Jésus devient ainsi le témoin du salut et de l’espérance de l’Évangile.
« Comme la Samaritaine au puits » : c’est en effet le titre du premier paragraphe. Il dit notamment : « Il n’y a pas d’homme ou de femme qui, dans sa vie, ne retrouve pas, comme le femme de Samarie, auprès d’un puits avec une amphore vide, dans l’espérance d’y voir exaucé son désir le plus profond de son coeur, celui qui seul peut donner un sens à son existence ».
C’est dans ce contexte que s’ouvre le deuxième paragraphe intitulé : « Une nouvelle évangélisation ». Il fait observer « conduire les hommes et les femmes de notre temps à Jésus, à la rencontre avec lui, est une urgence qui touche toutes les régions du monde », qu’elles soient « d’ancienne ou de nouvelle évangélisation ».
Le visage du Christ
Le message se penche donc ensuite (§ 3) sur la « rencontre personnelle avec Jésus-Christ dans l’Eglise ». En effet, dit le synode, « avant de dire quelque chose sur les formes que doit prendre cette nouvelle évangélisation, nous ressentons l’exigence de vous dire, avec une conviction profonde que la foi se joue dans le rapport que nous instaurons avec la personne de Jésus, qui, le premier, vient à notre rencontre ».
« L’œuvre de la nouvelle évangélisation consiste, précise-t-il, à proposer de nouveau au cœur et à l’esprit – souvent distraits et confus – des hommes et des femmes de notre temps, et avant tout à nous-mêmes, la beauté et la nouveauté perpétuelle de la rencontre avec le Christ ».
Le synode invite à la contemplation de ce mystère : « Nous vous invitons tous à contempler le visage du Seigneur Jésus-Christ, à entrer dans le mystère de son existence, donnée pour nous jusqu’à la croix, confirmée à nouveau par le Père dans la résurrection des morts et communiquée à nous par l’Esprit. Dans la personne de Jésus se révèle le mystère de l’amour de Dieu pour toute la famille humaine, qu’il n’a pas voulu laisser à la dérive dans son impossible autonomie, mais qu’il a unie à lui dans un nouveau pacte d’amour ».
Mais comment rencontrer le Christ ? Le synode évoque « les occasions de rencontre avec Jésus et l’écoute des Ecritures » (§4). Et de préciser qu’il ne s’agit pas d’inventer « de nouvelles stratégies »: il ne s’agit pas de promouvoir l’Evangile comme un produit sur le « marché des religions ». Il s’agit « de redécouvrir les façons dont, dans l’histoire de Jésus, les personnes se sont approchées de lui et ont été appelées par lui » et de placer ces approches « dans la situation de notre époque ».
Nous évangéliser nous-mêmes
Mais par où commencer ? « Par nous-mêmes », répond le synode (§5), et c’est le cœur du message: « Nous évangéliser nous-mêmes et nous disposer à la conversion ». Il faut se garder, recommande le message, de « penser que la nouvelle évangélisation ne nous concerne pas en premier ». « Ces jours-ci, insistent les pères synodaux, des voix se sont élevées parmi nous, évêques, pour nous rappeler que, pour pouvoir évangéliser le monde, l’Eglise doit avant tout se mettre à l’écoute de la Parole » : « L’invitation à évangéliser se traduit par un appel à la conversion. Nous ressentons sincèrement ce devoir de nous convertir avant tout nous-mêmes à la puissance du Christ, qui est le seul capable de faire toutes choses nouvelles, et nous pauvres existences en premier ».
« Avec humilité, insiste le message, nous devons reconnaître que les pauvretés et les faiblesses des disciples de Jésus, et spécialement de ses ministres, pèsent sur la crédibilité de la mission. Certes, nous sommes conscients, nous, les évêques, les premiers, que nous ne pourrons jamais être à la hauteur de l’appel du Seigneur et l’Evangile qui nous a été confié pour l’annonce aux gentils. Nous savons que nous devons reconnaître humblement notre vulnérabilité aux blessures de l’histoire, et nous n’hésitons pas à reconnaître nos péchés personnels ».
Et face à ce réalisme, le synode n’exprime aucun pessimisme, mais une espérance, qui vient de l’Esprit de Pentecôte : « Nous sommes aussi convaincus que la force de l’Esprit du Seigneur peut renouveler son Eglise et faire resplendir ses vêtements, et nous nous laisserons modeler par lui ».
Alors seulement le disciple est prêt à communiquer la grâce reçue et à saisir « dans le monde d’aujourd’hui les nouvelles occasions d’évangélisation » (§ 6).
Courage serein
« Ce courage serein soutient aussi notre regard sur le monde contemporain. Nous ne nous sentons pas effrayés par la situation de l’époque que nous vivons. Notre monde est plein de contradictions et de défis, mais il demeure la création de Dieu, certes, blessé par le mal, mais cependant c’est toujours le monde que Dieu aime, son terrain, où l’on peut renouveler la semence de la Parole pour qu’elle porte à nouveau du fruit. Il n’y a pas de place pour le pessimisme dans l’esprit et le cœur de ceux qui savent que leur Seigneur a vaincu la mort et que son Esprit agit avec puissance dans l’histoire ».
Le synode se penche spécialement sur « l’évangélisation » des familles et des personnes consacrées (§ 7). La famille est le « lieu naturel » de l’évangélisation, depuis la première évangélisation, « avec un rôle spécifique joué par les femmes », mais sans pour autant « diminuer la figure paternelle et sa responsabilité ». Les évêques ont confirmé à nouveau « ce rôle essentiel de la famille dans la transmission de la foi ». Pas de nouvelle évangélisation donc sans « responsabilité pour l’annonce de l’Evangile aux familles » et sans « les soutenir dans leur tâche d’éducation ».
Ils rappellent également que l’évangélisation n’est pas la responsabilité de certains seulement dans l’Eglise, mais celle de « la communauté ecclésiale » et de « nombreux ouvriers » (§ 8) qui ont accès à « la plénitude des instruments pour la rencontre de Jésus », à savoir : la Parole, les sacrements, la communion fraternelle, le service de la charité, la mission.
Et c’est ici que le synode réaffirme « le rôle de la paroisse comme présence de l’Eglise sur le territoire où viven
t les hommes » : le bienheureux Jean XXIII l’appelait « la fontaine du village » où tous peuvent « s’abreuver à la fraîcheur de l’Evangile ».
« Son rôle est irremplaçable, même si les changements de contextes peuvent exiger soit son articulation avec des petites communautés soit des liens de coopération avec des réalités plus vastes ».
Ils exhortent les paroisses à unir la pastorale traditionnelle du Peuple de Dieu à « de nouvelles formes de mission exigées par la nouvelle évangélisation ».
Préoccupés, mais pas pessimistes
Le message consacre aussi un paragraphe spécifique aux jeunes « afin qu’ils puissent rencontre le Christ » (§ 9) : « Nous avons les jeunes tout particulièrement à cœur », ils sont une « partie importante de l’humanité et de l’Eglise », il en sont aussi « l’avenir ».
« Sur eux aussi le regard des évêques est tout sauf pessimiste. Préoccupé, oui, mais pas pessimiste », dit le synode avant d’expliquer : « Préoccupé parce que c’est justement sur eux que confluent les poussées les plus agressives », mais « pas pessimistes pavant tout parce que l’amour du Christ est ce qui meut profondément l’histoire, mais aussi parce que nous percevons chez nos jeunes des aspirations profondes à l’authenticité, à la vérité, à la liberté, à la générosité, et nous sommes convaincus que le Christ est la réponse qui les satisfait ».
« L’Evangile en dialogue avec les cultures et l’expérience humaine, et avec les religions » (§ 10) précise que « la nouvelle évangélisation a pour centre le Christ et l’attention à la personne humaine, pour donner vie à une rencontre réelle avec lui ».
Parmi les « semences du Verbe » à trouver dans les cultures, le synode rappelle notamment l’importance de la « voie de la beauté » comme étant « particulièrement efficace pour la nouvelle évangélisation ».
Il signale aussi que « par son travail, l’homme transforme le monde » et qu’il est appelé à « sauvegarder le visage que Dieu a voulu donner à sa création », notamment étant donné sa responsabilité « vis-à-vis des générations à venir ».
Le paragraphe 11 évoque le 50e anniversaire de l’ouverture de Vatican II, l’Année de la foi et le 20e anniversaire du Catéchisme de l’Eglise catholique. Le synode reprend l’expression de Benoît XVI dans son homélie pour l’ouverture de l’Année de la foi, le 11 octobre dernier: la « désertification spirituelle ». L’Année de la foi étant une Année spéciale pour faire reculer le désert en fortifiant la foi des baptisés.
Le service des pauvres
Le 12e paragraphe tient ensemble « la contemplation du mystère » et le service « des pauvres » qui constituent « deux expressions de la vie de foi » particulièrement importantes pour la nouvelle évangélisation. Deux « tests » en quelque sorte aussi pour en vérifier l’authenticité.
« Le don et l’expérience de la contemplation » consiste à « poser un regard d’adoration sur le mystère de Dieu, Père, Fils, et Saint Esprit », dans « le silence » pour « accueillir l’unique Parole qui sauve » : de là seulement peut jaillir la nouvelle évangélisation. Le synode remercie particulièrement les moines et moniales, les ermites qui consacrent leur vie à la « prière », à la « contemplation ». Mais en même temps il souligne la nécessité de « moments contemplatifs » pour tous dans la vie « ordinaire ». Et sur ce chemin, le synode indique l’exemple de la Vierge Marie, Etoile de la Nouvelle évangélisation » (§ 14): un message qui s’adresse à toutes les communautés du monde (§ 13).