Océane Le Gall
ROME, lundi 22 octobre 2012 (ZENIT.org) – « Pourquoi voulons-nous une Nouvelle Evangélisation ? Et si elle est nouvelle, nous Eglise qu’avons-nous pas su offrir au peuple chrétien ? » : ces deux questions constituent le cœur du rapport exposé vendredi 19 octobre, par Mgr Santiago Jaime Silva Retamales, évêque auxiliaire de Valparaiso, en Colombie, au nom du carrefour « Hispanicus B » qui fait une analyse autocritique de l’Eglise face au monde actuel.
Ce rapport représente un nouveau débat en petits groupes après le débat général en assemblée.
« Un status questionis sur l’Église en elle-même et son regard sur le monde est indispensable à l’heure de la nouvelle évangélisation », souligne le rapport.
Le groupe, insiste tout au long de son rapport sur l’Esprit Saint et « le fondement « pneumatologique » de la nouvelle évangélisation », un fondement qui doit avoir « un rapport étroit avec la christologie et l’anthropologie », explique Mgr Retamales, qui est aussi le secrétaire général du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM).
Une analyse de « la relation Eglise-monde actuel » est fondamentale, estime le groupe, et ne pas le faire serait « continuer à donner l’impression d’une “institution”, et non pas d’une assemblée réunie autour de Jésus-Christ, où tout l’homme a sa place. ».
« Une ecclésiologie conséquente va de pair avec un profond examen de conscience de l’Église par rapport à elle-même », poursuit le rapport. « Ne parlons pas de nouvelle évangélisation seulement parce que les autres ont changé. Il est l’heure de nous demander: Quels péchés l’Eglise a-t-elle commis qui nous conduisent à une nouvelle évangélisation? ».
Le groupe hispanophone centre trois champs d’action à prendre en considération : celui de « la communion » qui doit être « effective » au sein de l’Eglise, dans la mesure où Dieu est Trine, que c’est de là que provient l’Eglise et que c’est ce qu’elle doit annoncer ; et donner à la Parole la place centrale qui lui revient pour évangéliser.
Sur ce deuxième point, le groupe rappelle que « l’histoire du Salut sont les paroles et les œuvres de Dieu en dialogue avec les réalités humaines », que la Parole de Dieu incarnée n’est pas seulement du « contenu » mais des propositions de « méthodes et de styles de vie ».
« La Parole emplie de vie et de vérité contenue dans les Saintes Écritures est le contenu de l’annonce et ainsi de la nouvelle évangélisation », souligne-t-il, et c’est pour cela que ce Synode doit faire corps avec Elle, montrer qu’Elle elle est un « pont » entre le mystère divin à annoncer et les réalités humaines quotidiennes.
Le troisième champ concerne « les contenus, sujets, destinataires et styles de la nouvelle évangélisation ». A ce propos le groupe insiste particulièrement sur la place de la famille qui est « primordiale » puisqu’au sein de la famille « les enfants sont les premiers destinataires de l’évangélisation de parents évangélisateurs ».
« Il est indispensable, selon lui, de valoriser et de renforcer le travail des catéchistes et de la catéchèse », de faire en sorte qu’ils soient capables de s’adresser, « dans un langage accessible », aux personnes d’aujourd’hui, en prenant en considération leurs aspirations et leurs cultures.
Car, estime-t-il, « sans la fonction évangélisatrice des fidèles laïcs dans leur milieu, qui est la gestion de la vie familiale, sociale, politique, économique et culturelle, il n’y aura pas de nouvelle évangélisation. ».
Mais pour cela, il leur faut « une formation intégrale » et que l’on reconnaisse concrètement leur co-responsabilité dans l’édification du Royaume de Dieu. Le groupe demande donc qu’il y ait une « réflexion profonde » sur « la valeur théologique du caractère séculier, sur la valeur concrète de la présence laïque dans le monde, et, sur sa participation dans l’Église », en tenant compte des nouveaux scénarios et des nouveaux critères pour transmettre à nouveau la foi chrétienne.
Les pères sont convaincus que « la nouvelle évangélisation est un témoignage joyeux, attrayant et audacieux de la Foi », et que « le nouveau style de l’évangélisation » ne doit pas être « une imposition » mais par « une attraction ».
Et dans ce processus, le langage, « comme médiation pour communiquer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ », demande une attention particulière : « Notre langage pêche par son cléricalisme », soulignent-ils dans leur rapport. Ils proposent alors « un examen de conscience » aussi sur ce point-là, pour que l’Eglise soit vraiment capable « de s’exprimer dans un monde où sont présents de nouveaux langages ».
Le groupe hispanophone termine son rapport en réaffirmant l’importance de donner un « nouveau visage » aux paroisses qui, précisent-ils, doivent être à la fois une « maison et école de communion » capable d’accompagner les personnes dans la foi et dans le monde personnel et affectif, « ce qui manque aujourd’hui plus que jamais dans notre société. ».