ROME, mardi 16 octobre 2012 (ZENIT.org) – « La théologie n’existe qu’en raison de la foi » et « la foi – et la théologie comme science de la foi et sagesse – procure à tous « les amants de la beauté spirituelle » (S.Augustin) un savoureux avant-goût de la joie éternelle », explique la Commission théologique internationale dans un Message à l’occasion de l’Année de la foi publié ce 16 octobre 2012.
La Commission théologique internationale est présidée par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Gerhard Müller.
Elle réunit un groupe de théologiens catholiques de renommée mondiale, et elle a célébré ses 40 ans en novembre 2009. La commission avait alors annoncé sa volonté de procéder à une analyse de la méthode théologique.
Elle a été instituée par le pape Paul VI pour répondre à une proposition du premier synode des évêques, organisé après le Concile Vatican II, le 11 avril 1969.
Elle a pour fonction d’assister le Saint-Siège, surtout la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans son travail d’analyse concernant des questions doctrinales de première importance.
L’organisme regroupe des théologiens de diverses écoles et pays, qui doivent leur renommée à leur savoir et leur fidélité au magistère de l’Eglise.
Elle est composée au maximum de 30 théologiens, nommés par le pape sur proposition du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et après consultation des conférences épiscopales.
Message de la Commission théologique internationale :
Fides quaerens intellectum, la théologie n’existe qu’en relation au don de la foi. Elle suppose la vérité de la foi et elle se propose d’en manifester l’« insondable richesse » (Ep 3, 8) pour la joie spirituelle de toute la communauté des croyants et au service de sa mission évangélisatrice.
La Commission théologique internationale accueille donc avec gratitude l’invitation du Saint-Père, le pape Benoît XVI, dans sa lettre apostolique Porta fidei (11 octobre 2011), à célébrer une année de la foi. Chacun des membres de la Commission théologique internationale prêtera à titre personnel son concours aux diverses manifestations qui marqueront cette année de la foi. Mais en tant que communauté de foi, la Commission théologique internationale veut se rendre attentive au message de conversion de cette année de la foi et renouveler en profondeur son engagement au service de l’Eglise. Pour ce faire, le 6 décembre 2012, à l’occasion de sa session plénière annuelle et sous la conduite de son président, Mgr Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, la Commission théologique internationale accomplira un pèlerinage à la basilique romaine de Sainte-Marie Majeure afin de confier ses activités et celles des théologiens catholiques à la Vierge fidèle, modèle des croyants, rempart de la vraie foi, proclamée « bienheureuse parce qu’elle a cru » (Lc 1, 45).
A l’occasion de cette année de la foi, la Commission théologique internationale s’engage donc in medio Ecclesiae à apporter sa contribution spécifique à la nouvelle évangélisation promue par le Siège apostolique, c’est-à-dire à scruter au bénéfice de tous les croyants le mystère révélé en mettant en œuvre toutes les ressources d’une raison éclairée par la foi et à favoriser ainsi sa réception dans les cultures actuelles, car « les contenus essentiels qui depuis des siècles constituent le patrimoine de tous les croyants ont besoin d’être confirmés, compris et approfondis de manière toujours nouvelle afin de donner un témoignage cohérent dans des conditions historiques différentes du passé » (Benoît XVI, Porta fidei, n° 4).
Comme l’a récemment développé le document de la Commission théologique internationale intitulé La théologie aujourd’hui : perspective, principes et critères, la théologie se reçoit tout entière de la foi et elle s’exerce en dépendance constante de la foi telle qu’elle est vécue dans le peuple de Dieu conduit par ses pasteurs. En effet, seule la foi permet au théologien d’accéder réellement à son objet : la vérité de Dieu qui éclaire l’ensemble du réel d’un jour nouveau – sub ratione Dei. C’est encore la foi qui, animée par la charité, suscite en lui le dynamisme spirituel qui le pousse à explorer sans relâche « la sagesse infinie en ressources déployée par Dieu en ce dessein éternel qu’il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Ep 3, 10-11). Ainsi que l’écrit saint Thomas d’Aquin, « lorsqu’on a une volonté prompte à croire, on aime la vérité que l’on croit, on y réfléchit et on l’enlace d’autant de raisons que l’on peut en trouver (cum enim homo habet promptam voluntatem ad credendum, diliget veritatem creditam et super ea excogitat et amplectitur si quas rationes ad hoc invenire potest) » (Thomas d’Aquin, Summa theologiæ, IIa- IIæ, q. 2, a. 10).
Le théologien travaille donc à « inculturer » dans l’intelligence humaine sous la forme d’une authentique science le contenu intelligible de la « foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). Mais il porte aussi une attention toute particulière à l’acte même de croire. Il s’agit de « comprendre de façon plus profonde non seulement les contenus de la foi, mais avec ceux-ci aussi l’acte par lequel nous décidons de nous en remettre totalement à Dieu, en pleine liberté. En effet, il existe une unité profonde entre l’acte par lequel on croit et les contenus auxquels nous donnons notre assentiment » (Benoît XVI, Porta fidei, n° 10). De cet acte de foi, le théologien dégage la haute convenance anthropologique (cf. Jean-Paul II, Fides et ratio, n°31-33) ; il s’interroge sur la manière dont la grâce prévenante de Dieu suscite au cœur même de la liberté de l’homme le « oui » de la foi ; il montre comment la foi constitue le « fondement de tout l’édifice spirituel (fundamentum totius spiritualis aedificii) » (Thomas d’Aquin, In III Sent., d. 23, q. 2, q. 1, a. 1, ad 1 ; cf. Summa theologiae, IIa-IIae, q. 4, a. 7) en ce sens qu’elle informe toutes les dimensions de la vie chrétienne, personnelle, familiale et communautaire.
Le travail du théologien est non seulement suspendu à la foi vivante du peuple chrétien, attentif à ce que « l’Esprit dit aux Eglises » (Ap 2, 7), mais il est tout entier finalisé par la croissance de la foi dans le peuple de Dieu et la mission évangélisatrice de l’Eglise. Ne vise-t-il pas à « engendrer, nourrir, défendre et fortifier la foi très salutaire » (Augustin, De Trinitate, XIV, 1, 3) ? Le théologien, en collaboration responsable avec le Magistère, se veut donc par vocation au service de la foi du peuple de Dieu (cf. Instruction Donum veritatis du 24 mai 1990).
Par le fait même, le théologien est serviteur de la joie chrétienne qui est « joie de la vérité (gaudium de veritate) » (Augustin, Confessiones, X, 23, 33). Saint Thomas d’Aquin distingue dans l’acte de foi comme trois dimensions : « Ce n’est pas la même chose que de dire ‘je crois Dieu [credo Deum]’ (je désigne ainsi l’objet), ‘je crois à Dieu [credo Deo]’ (je désigne ainsi le témoin) et ‘je crois en vue de Dieu [credo in Deum]’ (je désigne ainsi la fin). Dieu peut être considéré comme objet, témoin ou fin de la foi, mais si l’objet ou le témoin de la foi peut être une créature, la fin de la foi ne peut être que Dieu parce que notre esprit ne se porte qu’à Dieu comme à sa fin » (Thomas d’Aquin, In Ioannem, c. 6, lectio 3). Croire en vue de Dieu (credere in Deum) est essentiel au dynamisme de la foi. Cela signifie que par son adhésion de foi personnelle à la Parole de Dieu le croyant consent à l’attrait souverain qu’exerce sur lui le Bien comblant et absolu qu’est la Trinité bienheure
use. C’est en effet le désir de la béatitude, viscéral, au plus profond de lui-même, qui met l’esprit humain sous tension et le conduit à s’accomplir dans la remise confiante de toute sa vie au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ. En ce sens, la foi – et la théologie comme science de la foi et sagesse – procure à tous « les amants de la beauté spirituelle » (Augustin, Regula ad servos Dei, 8, 1) un savoureux avant-goût de la joie éternelle.