France : « La mondialisation, signe des temps majeur pour l'Église »

Chaire d’Andrea Riccardi aux Bernardins

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ROME, lundi 15 octobre 2012 (ZENIT.org) – « Le choc des civilisations est une pratique de la haine. Il s’agit d’inventer une pratique de l’amitié sociale », estime Andrea Riccardi, ministre italien et fondateur de la communauté Sant’Egidio, qui a inauguré à Paris, samedi 13 octobre, la chaire 2012/14 du Collège des Bernardins, sur le thème : « La globalisation, une question spirituelle ? ».

Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté Sant’Egidio et ministre de la coopération internationale et de la cohésion nationale du gouvernement italien, a inauguré le samedi 13 octobre la chaire qui lui est confiée pour deux ans au Collège des Bernardins. 300 personnes ont participé à l’événement, dont de nombreuses personnalités du monde politique, économique, culturel et de différentes appartenances religieuses. Mgr Beau, évêque auxiliaire de Paris et président des Bernardins, a accueilli Andrea Riccardi au nom du cardinal Vingt-Trois, retenu à Rome par le synode sur la nouvelle évangélisation, puis Michel de Virville, directeur du Collège, a précisé le lien entre cette chaire et la mission du Collège.

Voici quelques passages et idées clés des propos d’Andrea Riccardi :

1 – Une génération entrée dans la globalisation

Selon Andrea Riccardi, notre génération est la dernière pour qui la globalisation est une nouveauté. Alors que plus personne ne croit qu’elle inaugure une « fin de l’histoire » telle que nous l’avons connue jusqu’ici, elle provoque au contraire un profond « dépaysement », et opère une « révolution anthropologique silencieuse ». Ce changement est d’autant plus angoissant qu’il semble pour beaucoup que la « cabine de pilotage est vide », qu’on n’ignore où l’on va. La crise des modèles communautaires n’a pas suscité encore les nouveaux cadres qui peuvent porter le vivre ensemble. Le « choc des civilisations » de Huntington et son pessimisme historique marquent les jeunes générations. Le catholicisme  qui a tant réfléchi à la sécularisation n’a pas encore élaboré les concepts pour réagir à la globalisation. D’autres courants chrétiens en ont tiré parti (Pentecôtisme), si bien que se développe chez certains catholiques une réaction anti-globalisation voire anti-européenne. Vivre comme si la globalisation n’existait pas est impossible.

Pourtant « le christianisme est à lui seul une globalisation ». Il doit aider la globalisation à devenir une proximité spirituelle, une « civilisation du vivre-ensemble », comme déjà le patriarche de Constantinople Athénagoras et le Pape Paul VI le devinaient au milieu des années 1960. Car la mondialisation s’accompagne  d’une segmentation des marchés culturels individuels (Cardinal J.-M. Lustiger).

2 – Vatican II et Jean-Paul II : pour entrer dans la globalisation

Vatican II fut le 1erconcile global. Dans l’horizon de Vatican 2, « tous les autres hommes existent ». On n’a pas su lire encore Vatican II dans la perspective de la globalisation. Les outils du Concile ont mal été compris et interprétés dans un sens « intra-ecclésiastique » (Lustiger, 2005) alors que pour le Concile, le contraire du conservatisme n’est pas le progressisme, mais l’esprit missionnaire (Ratzinger, 1967). Jean-Paul II a célébré l’ouverture du christianisme au monde au-delà de ses limites.  Il faut maintenant confronter le « catholicisme global » de Jean-Paul II avec la grande globalisation.

La mondialisation est un signe des temps majeur pour l’Église. L’Église a un visage fait de proximité et d’universel. C’est pour cela, et non par archaïsme, qu’elle est l’amie de la famille, essentielle au lien et à la culture, et soucieuse de l’humanisation des villes. L’Église paraît fragilisée par la globalisation. « Essor ou déclin : cela dépendra largement du regard qu’elle portera sur le Concile Vatican II ». L’esprit d’Assise, où religions et laïcs apprennent le vivre ensemble est une image spirituelle de sa contribution.

Nous sommes au seuil d’une ère inexplorée. « L’homme souffre surtout du manque de vision » (Jean-Paul II). Le choc des civilisations est une pratique de la haine. Il s’agit d’inventer une pratique de l’amitié sociale.

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ZENIT Staff

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