Océane Le Gall
ROME, mercredi 10 octobre 2012 (ZENIT.org) – L’Afrique aussi a besoin d’une « Nouvelle évangélisation », a fait observer le cardinal Polycarp Pengo, archevêque de Dar-es-Salaam (Tanzanie) et président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (S.C.E.A.M.).
Il est intervenu lors de la troisième congrégation générale du synode des évêques, le 9 octobre 2012, et il a rappelé le cri de Paul VI: « Africains, soyez missionnaires de vous-mêmes ».
Il a rappelé l’origine apostolique de l’évangélisation de l’Afrique, comme en témoigne la rencontre entre l’eunuque éthiopien et le diacre Philippe, dans les Actes des Apôtres.
Mais il reconnaît que pour l’Afrique sub-saharienne, « l’œuvre d’évangélisation est plus récente, si bien qu’il est très difficile de faire la distinction entre la « vieille » et la « nouvelle » évangélisation ».
Pourtant, il lui semble pouvoir faire démarrer la Nouvelle évangélisation de l’Afrique à partir du défi laissé par le pape Paul VI à Kampala, en Ouganda, le 31 juillet 1969: « Africains, soyez les missionnaires de vous-mêmes ».
« Pour nous, ajoute le cardinal Pengo, ce défi signifie être vraiment africains et vraiment catholiques. Cela exige une Eglise mûre sur le continent. »
C’est ce qui a motivé la fortification des structures de l’Eglise, notamment, la création, en 1969, a vu le jour le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), visant à « préserver et à favoriser la collaboration et l’action commune des Conférences épiscopales d’Afrique et des iles proches ».
Mais à côté de ces structures, l’archevêque tanzanien fait observer que « les petites communautés chrétiennes constituent une institution fondamentale pour la nouvelle évangélisation en Afrique. Celles-ci sont aujourd’hui devenues des centres actifs pour l’évangélisation du continent ».
Il a aussi diagnostiqué les entraves au développement de la foi en Afrique en disant: « La mondialisation, par exemple, introduit rapidement des valeurs étrangères non assimilées, empêchant les chrétiens du continent d’être vraiment africains. La foi chrétienne, donc, de cette manière, devient elle aussi, et assez largement, une valeur étrangère. Il devient très difficile de mettre en pratique les valeurs traditionnelles, comme le respect pour la vie et les relations sociales familiales étroites ».
Il existe aussi des « éléments culturels » qui empêchent « une vraie évangélisation », comme les conflits tribaux, les maladies, la corruption, le trafic d’êtres humains, l’atrocité des abus sur les enfants et la violence portée aux enfants et aux femmes ».
Un troisième obstacle est « l’actualité du fondamentalisme islamique sur le continent ». « A cet égard, précise l’archevêque, les évangélisateurs doivent affronter la difficulté de dialoguer avec la grande majorité des braves musulmans, mais qui ne s’expriment pas, et avec les petits groupes de fondamentalistes, qui ne sont pas disposés non plus à accepter la vérité objective qui s’oppose à leur position préconçue ».
« La Nouvelle évangélisation en Afrique demande que les évangélisateurs africains aillent au-delà de la demande du pape Paul VI: « Africains, soyez missionnaires de vous-mêmes » », a ajouté l’archevêque.
Il fait observer que désormais des missionnaires africains viennent servir dans les Eglises occidentales, notamment aux Etats-Unis et en Europe, ce qui n’est pas sans un aspect négatif : l’éventuelle « recherche d’un gain matériel avant la vraie évangélisation ». Mais surtout, « l’Eglise en Afrique se voit privée des évangélisateurs les plus qualifiés, tandis que l’Église occidentale, riche au plan matériel, reçoit des évangélisateurs dont l’objectif principal est le gain matériel ».
« Je pense qu’avec une foi renouvelée grâce à ce synode, l’Afrique peu surmonter les problèmes profondément enracinés qui se présentent à elle aujourd’hui », a conclu le cardinal Pengo.