Océane Le Gall
ROME, vendredi 5 octobre 2012 (ZENIT.org) – « Agir avec impudence et violence, au nom de nos croyances ou de préjugés religieux c’est sous-estimer notre propre vie et notre propre foi », déclare le Patriarcat œcuménique de Constantinople, dans un nouvel appel à la paix et au respect des différences.
Après un appel d’août dernier contre l’augmentation des violences dans le monde (cf. Zenit 17 août 2012), le patriarcat exprime sa tristesse devant les manifestations de haine et intolérance que la presse répercute ces derniers ces derniers jours. Il appelle au respect des différences et à « reconnaître le don divin de la vie en tout homme ».
Voici notre traduction de cet appel :
Le Patriarcat œcuménique exprime sa profonde tristesse, car l’humanité est entrée dans une période de confusion et d’instabilité, caractérisée par une exaltation religieuse, dont le résultat se traduit par des manifestations de violence et la perte du respect pour la différence religieuse. Quand nous agissons de manière impudente et violente, au nom de nos préjugés religieux ou de nos croyances religieuses, c’est que nous sous-estimons notre propre vie et notre foi, créant alors un climat de colère, de haine et de méfiance, qui détruit les liens de cohésion de l’humanité dès la création du monde.
Le patriarcat œcuménique a diffusé, en août, un communiqué « sur une résurgence de la violence qui se répand dans le monde » et il a lancé un appel à toutes les parties impliquées dans cette violence à faire taire les armes. En observant tout ce qui s’est passé ces dernières semaines, l’appel à prendre des engagements pour préserver la paix et le respect réciproque pour l’humanité entière, se présente plus crucial que jamais.
Les Saintes Ecritures nous enseignent, dans le Livre des Proverbes (10,12), que « la haine excite les querelles, l’amour couvre toutes les fautes ». Aimons-nous donc les uns les autres, car nous savons que le vrai amour vient de Dieu, qui a créé chaque homme et aime chaque personne dans sa divine Providence. Nous qui professons connaître Dieu, nous devons reconnaître le don divin de la vie en chacun des hommes et respecter cette semence divine. Nous qui appelons Dieu notre Seigneur, nous devons sauvegarder la vie humaine et approcher avec honneur aussi la personne avec qui nous sommes en désaccord.
Le Patriarcat œcuménique estime qu’il est de son devoir de dialoguer avec tous ceux qui sont différents de lui, dans le but de se devenir familiers des symboles, des priorités et des modes de penser des « autres ». Les symboles sont des signes distinctifs extérieurs, auxquels tous les hommes associent leurs pensées et les valeurs qu’ils portent en eux. Pour le développement de la compréhension des symboles, nous devons comprendre la personne humaine. Détruire les symboles, c’est faire souffrir les hommes qui honorent ces symboles et les traditions qu’ils représentent dans leurs cœurs.
Sa sainteté le patriarche œcuménique Bartholomaios a constamment appelé tous les hommes à adopter « un changement radical d’attitudes, d’habitudes et de pratiques » et à atteindre un tels niveau d’engagement qu’ils soient « prêts à partager toutes les bonnes choses avec tous les gens ». Le patriarche œcuménique nous rappelle le dicton de saint Jean Chrysostome qui disait que « le mystère de notre prochain ne saurait être détaché du mystère de la divine eucharistie ».
Pour l’accomplissement des vérités citées, et la claire reconnaissance de l’image de Dieu en chacun des hommes, sa Sainteté le patriarche Bartholomaios et le patriarcat œcuménique rejettent l’offense du prochain par le manque de respect, par le mépris et la haine destructrice.
Pour conclure, les discours pleins d’intolérance ne servent à rien, ni les accusations infondées, ni l’impossibilité de compréhension des différences culturelles, ni la réprobation de l’autre, dont le seul but est d’échapper aux responsabilités. Indépendamment de la voie que chacun choisit de suivre, en toute conscience, les liens qui nous unissent les uns aux autres sont infrangibles, à l’image des fils d’un même tapis, œuvre de Dieu, et nous devons reconnaître la beauté et la valeur propres à chacun, nous devons cesser de détruire, partout, notre beauté collective.