ROME, Vendredi 15 octobre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les rapports sur les continents prononcés dans la salle du Synode le 11 octobre, ainsi que les synthèses des interventions des pères du Synode de la deuxième Congrégation générale (11 octobre) sur le thème du synode : L’Église catholique au Moyen-Orient: communion et témoignage. « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32).
Nous reprenons les interventions publiées par la secrétairerie générale du Synode (traductions de travail, non officielles).
RAPPORT SUR LES CONTINENTS
Pour l’Afrique: S. Ém. le Card. Polycarp PENGO, Archevêque de Dar-es-Salaam, Président du « Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar » (S.C.E.A.M.) (TANZANIE)
Vénérables Frères synodaux, chers participants
Je parle ici au nom du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) dont je suis l’actuel président.
Le Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar a un lien intrinsèque avec l’Église du Moyen-Orient, surtout avec l’Église d’Égypte qui est une partie aussi bien de l’Afrique que du Moyen-Orient.
L’Égypte, ne résistant pas aux différences culturelles et linguistiques avec l’Afrique sub-saharienne , est par nécessité géographique une partie de l’Église d’Afrique (SCEAM), aussi bien qu’elle est une partie de l’Église du Moyen-Orient en raison de facteurs linguistiques et culturels. Ces deux composantes qui caractérisent l’appartenance de l’Église en Égypte ne sont certainement pas incompatibles. Au contraire, elles peuvent être exploitées de façon positive pour le bien de l’Église aussi bien en Afrique qu’au Moyen-Orient.
D’un côté, les Chrétiens émigrent du Moyen-Orient à cause de ce qui peut être considéré comme des conditions d’oppression contre la Foi chrétienne dans certains pays du Moyen-Orient. De l’autre, de nombreux jeunes Chrétiens africains affluent chaque année de l’Afrique sub-saharienne vers l’Afrique du nord (y compris vers l’Égypte) pour des raisons liées à l’éducation, à l’emploi ou au transit vers l’Europe et le Moyen-Orient. Beaucoup de ces jeunes quittent leurs pays comme Chrétiens fervents et pratiquants. Lorsqu’ils arrivent en Afrique du nord, ils se trouvent dans une atmosphère à prédominance islamique leur accordant une liberté très limitée de pratiquer leur Foi chrétienne.
Ceci me rappelle la situation en vigueur en Afrique de l’est il n’y a pas si longtemps. Il y a cinquante ans de cela, l’Islam était si prédominant sur la côte de l’Afrique de l’est donnant sur l’Océan Indien qu’il menaçait la foi de la jeunesse chrétienne provenant des zones internes du continent à la recherche d’emploi dans les lotissements de sisal et les bureaux gouvernementaux des zones côtières.
Ce qui a sauvé la situation en Afrique de l’est c’est l’étroite coopération entre les missionnaires chrétiens de l’intérieur et ceux sur la côte. Les jeunes allant sur la côte ont apporté des lettres de recommandation des missionnaires de chez eux aux missionnaires de la côte, qui les ont reçu dans des zones de peuplement chrétiennes établies. Ainsi, ils ont pu continuer à pratiquer librement leur foi.
Aujourd’hui, aucun Chrétien sur les côtes d’Afrique de l’est ne se sent obligé à cacher son identité chrétienne en dépit du fait que l’Islam continue à être la religion de la majorité. Ainsi, il n’y a plus aucune nécessité d’avoir des zones de peuplement chrétiennes séparées.
En ce qui concerne la situation décrite en Afrique du nord et au Moyen-Orient, des méthodes d’action différentes sont nécessaires. Ainsi, une coopération plus étroite entre l’Église sub-saharienne et l’Église d’Afrique du nord et du Moyen-Orient reste et restera toujours d’une importance primordiale pour la survie de la Chrétienté des deux côtés. Le SCEAM est un instrument excellent pour une telle coopération.
[Texte original: anglais]
Pour l’Amérique du Nord: S. Ém. le Card. Roger Michael MAHONY, Archevêque de Los Angeles (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
Au nom des Évêques et des Catholiques d’Amérique du Nord, je suis heureux de saluer tous nos frères Évêques et Catholiques des différentes Églises du Moyen-Orient réunis à l’occasion de cette Assemblée spéciale historique. Dans nos pays, nous avons la chance d’avoir un très grand nombre de vos membres qui vivent parmi nous et en solidarité avec l’Église catholique des États-Unis.
Je me concentrerai ici sur la question de savoir comment les Chrétiens du Moyen-Orient en diasporavivent le mystère de la communio entre eux et avec les autres Chrétiens. Je porterai ensuite mon attention sur le témoignage spécifique que les Chrétiens du Moyen-Orient sont invités à donner.
Bien que mes remarques soient largement appliquées à travers toute l’Amérique du Nord, je donnerai quelques exemples basés sur mon expérience dans l’Archidiocèse de Los Angeles car toutes les Églises catholiques orientales y sont représentées.
Témoignage de la Communio. Tout en reconnaissant leur union avec Rome, les relations inter-ecclésiales devraient être encouragées, non seulement entre les Églises sui iuris du Moyen-Orient, mais surtout dans la diaspora (§ 55). En reconnaissant l’hémorragie de Chrétiens qui quittent le Moyen-Orient pour l’Europe, l’Australie et les Amériques, nous avons recherché différentes façons de transformer l’émigration en nouvelles chances de soutien à ces Chrétiens qui s’installent dans ladiaspora (§ 47-48). Nous essayons de soutenir ces Églises catholiques orientales sui iuris en les accueillant et en les aidant à s’installer dans les paroisses et dans les écoles, dans les institutions et organisations culturelles afin de pourvoir aux besoins des leurs pendant qu’elles s’installent en Occident.
Nous avons accueilli les catholiques assyriens-chaldéens, coptes, grecs-melkites, maronites et syriaques et l’Archidiocèse aide un grand nombre d’entre eux depuis des années avec des prêts financiers et d’autres moyens, afin d’aider ces personnes à élire leur domicile à Los Angeles. Au cours de mes vingt-cinq années comme Archevêque, j’ai visité chacune de ces communautés, les encourageant à « être elles-mêmes » tout en vivant dans le contexte de la zone géographique de l’Archidiocèse catholique romain de Los Angeles. Entre autres ressources, nous disposons de l’Association pastorale catholique orientale, qui permet au clergé de ces Églises catholiques orientales et d’autres de se rencontrer deux fois par mois pour prier et assurer un soutien mutuel dans un effort de coordination des activités pastorales dans un esprit d’édification mutuelle plutôt que de rivalité (§ 55).
La Communio est au coeur de la vie divine: diversité dans l’unité; unité dans la diversité sont au coeur de la communion qui est l’Église. Aux États-Unis, un profond respect de la diversité pose des défis uniques. « Les fidèles de diverses Églises sui iuris fréquentent souvent une Église catholique différente de la leur » [c’est-à-dire une Église catholique romaine]. « On leur recommande cependant de rester fidèles à leur propre communauté d’origine, dans laquelle ils ont été baptisés » (§ 56).
Mais de nombreux catholiques orientaux provenant du Moyen-Orient ne le font pas et deviennent simplement catholiques romains. Deux exemples pratiques de la tension entre la diversité et l’unité suffiront. Lorsque se pose la question d’inscrire leurs enfants dans les écoles primaires de l’Église catholique, dans lesquelles il y a une réduction des frais de scolarité pour les enfants de ceux qui sont des « paroissiens » actifs, comment les Chrétiens des Églises orientale
s font-ils pour conserver leur attachement à l’Église dans laquelle ils ont été baptisés? Comment les pasteurs catholiques romains, les administrateurs et les directeurs des écoles pourraient-ils être éduqués et encouragés à assister ces immigrés à conserver leur lien avec leur communauté propre en ne mettant pas de fardeaux supplémentaires sur leurs épaules, comme le fait de devoir choisir entre l’adhésion à la paroisse catholique romaine afin de bénéficier de la réduction des frais de scolarité et le maintien de leur appartenance à une paroisse de leur propre Église orientale?
Un second exemple pourrait souligner la tension: de nombreuses Églises orientales admettent les petits enfants à la Communion dès leur Baptême. Lorsque les paroissiens de ces Églises participent aux Messes catholiques romaines, leur jeunes enfants, qui ont l’habitude de recevoir la communion, sont souvent empêchés de le faire.
Une plus grande sensibilité dans des matières très pratiques telles que celles-ci pourrait faciliter la situation des Catholiques orientaux immigrés provenant du Moyen-Orient. Nos cours dans les séminaires accordent-ils une attention suffisante aux défis pratiques que les prêtres et les pasteurs devront affronter s’ils doivent aider cette diaspora à vivre le mystère de la communio d’une manière respectueuse de la diversité légitime des peuples de ces Églises?
Dans toute l’Amérique du Nord, il existe de nombreux instituts catholiques d’études supérieures. La préparation de catéchistes, la mise à disposition de formation spirituelle et liturgique, et de préparation théologique dans ces établissements catholiques est presque exclusivement d’orientation romaine. Où les immigrés catholiques orientaux sont-ils intégrés dans ces instituts d’éducation catholiques qui sont enthousiastes d’offrir des cours et des séminaires sur d’autres religions, qu’il s’agisse de l’Hébraïsme, de l’Islam, du Bouddhisme ou de l’Hindouisme, mais sont peu enthousiastes envers la théologie, la liturgie ou la spiritualité des Églises orientales? Spécialement dans des zones caractérisées par une forte concentration de ces immigrés, comment pouvons-nous assister ces instituts d’études supérieures, tout comme nos séminaires, à reconnaître la nécessité de tels cours permettant aux membres de cettediaspora d' »acquérir une connaissance suffisante de la théologie et de la spiritualité caractéristique de l’Église à laquelle ils appartiennent » (§ 64)
Témoignage du pardon. Un domaine particulièrement stimulant en ce qui concerne l’assistance des personnes des Églises orientales à vivre la plénitude de l’Évangile est abordé dans les Lignes directrices au numéro 90 ss.: « Le désir et la difficulté du dialogue avec le Judaïsme » et 95f, « relations avec les Musulmans ». Nombre de ces initiatives ont déjà été prises dans notre pays et dans notre archidiocèse où nous disposons d’un fort bagage oecuménique, inter-confessionnel et interreligieux. Malheureusement, de telles initiatives ont lieu sans une forte participation de la part des immigrants chrétiens du Moyen-Orient. En effet, ils sont souvent critiques vis-à-vis de nos efforts dans ces domaines, particulièrement en ce qui concerne le pardon (§§ 68, 69 et 113).
Souvent, les Chrétiens du Moyen-Orient viennent en Amérique du Nord avec des attitudes et des opinions concernant les Musulmans et les Juifs qui ne sont pas en contact avec l’Évangile ou avec les progrès entreprise concernant les relations de l’Église avec d’autres religions. Parce que nous, à Los Angeles, vivons « proches » de ses peuples de nombreuses fois différentes, comment pouvons-nous assister les personnes provenant de cette diaspora particulière afin qu’ils corrigent ces convictions erronées qui pourraient influencer par suite leurs patries par l’intermédiaire des Chrétiens vivant en Occident? Même s’ils pourraient ne pas vouloir l’entendre, les Chrétiens vivant au Moyen-Orient et émigrant en Occident doivent être encouragés à être un signe de réconciliation et de paix. La condition sine qua non est le pardon.
J’ai trouvé que le plus important défi que nous devons relever concernant nos immigrés – qu’ils s’agissent de Catholiques moyen-orientaux ou de Catholiques vietnamiens ayant fui leur pays pour le sud de la Californie, ou de Cubains qui ont quitté Cuba pour les côtes de Miami – n’est pas celui de les assister en vivant le mystère de la communio entre et parmi les différents Chrétiens et les différentes Églises chrétiennes. Le défi le plus important est de les aider à répondre à la grâce de porter témoignage à l’Évangile en pardonnant ces ennemis qui, assez souvent, constituent la raison principale de leur éloignement à leur patrie afin de trouver la paix et la justice sur nos côtes. Nous ferons bien de nous souvenir de notre regretté Saint-Père, le Pape Jean-Paul II. Après avoir délivré son message pour la Journée mondiale de la paix de 2002 aux diplomates du monde, il le résuma en cette phrase provocatrice: « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon ».
[Texte original: anglais]
Pour l’Asie: S. Exc. Mgr Orlando B. QUEVEDO, O.M.I., Archevêque de Cotabato, Secrétaire général de la « Federation of Asian Bishops’ Conferences » (F.A.B.C.) (PHILIPPINES)
Au nom de la Fédération des Conférences des Évêques d’Asie, je vous exprime notre profonde gratitude pour m’avoir invité afin de représenter la Conférence des Évêques d’Asie (FABC) et de participer à cet important Synode. De même, en leur nom, je tiens à exprimer notre communion et notre solidarité avec les Pères synodaux rassemblés ici aujourd’hui, tout particulièrement avec nos frères Évêques au Moyen-Orient.
Notre thème est: « Communion et témoignage ». Il s’agit d’un thème très proche du coeur de l’Église en Asie. Le numéro 55 du Document de travail exprime un désir significatif: accueillir l’unité dans la diversité, encourager les communautés à coopérer entre elles, et « quelques réponses envisagent que l’on pourrait suggérer que de temps en temps (par exemple tous les cinq ans), une Assemblée rassemble l’ensemble de l’épiscopat du Moyen-Orient ».
Je voudrais partager avec vous l’expérience des évêques d’Asie. Depuis 1974, la réunion des Évêques de la Fédération des Conférences des Évêques d’Asie, qui s’est faite tous les 4 ans, a été une expérience très positive pour la promotion de la communion. Il faut tenir compte du fait que la FABC regroupe 25 membres associés réguliers, incluant deux anciens rites d’Orient – Syro-Malabar et Syro-Malankar – pour les 28 pays et les territoires. Cela recouvre la vaste région de l’Asie en lien avec le Kazakhstan à l’ouest, la Mongolie au nord, le Japon à l’est, le Pakistan et l’Inde au sud, l’Indonésie et le Timor-Oriental au sud-est. Malgré la diversité des situations sociales, économiques, politiques, culturelles et religieuses, les évêques d’Asie ont atteint un certain degré de communion, d’amitié, de solidarité et de coopération. Cela est dû à la vision commune de la mission et de la priorité pastorale.
En 1970, la réunion des évêques d’Asie à Manille fut inspirée par le message du Pape Paul VI qui avait parlé de défis pastoraux en Asie. En 1974, ils se sont rencontrés pour leur première Assemblée plénière en une Fédération approuvée par le Saint-Siège. Ils sont parvenus à la vision commune de la mission d’annoncer Jésus comme le Seigneur et le Sauveur. Ils ont déclaré:
L’Évangélisation est la réalisation du devoir de l’Église de proclamer par la parole et le témoignage l’Évangile du Seigneur. En Asie, cette charge est accomplie:
– L’insertion de l’Évangile dans les cultures rend l’Église locale réellement présente dans la vie et les cultures de leurs peuples;
– Par l’insertion de l’Évangile dans les traditions religieuse
s, les religions d’Asie sont amenées à un dialogue vivant avec l’Évangile, de telle façon que les semences de la Parole en elles peuvent donner du fruit à l’intérieur de la vie de nos peuples.
– Enfin, à travers la prédication de la Bonne Nouvelle aux pauvres (Lc 4,18), par le renouveau de la vie du Christ et la puissance de Son mystère pascal est inséré dans la recherche de notre peuple pour un développement humain, pour la justice, pour la fraternité et la paix (FABC I, 1974, nos 25-28).
<p> Ils en ont également tiré une priorité pastorale commune qui représente la construction de l’église locale.
L’Église locale est l’Église incarnée dans un peuple, une Église indigène et inculturée. Et cela signifie concrètement une Église en dialogue continu, humble et bienveillant avec les traditions vivantes, les cultures et les religions – en bref avec toutes les réalités de la vie du peuple au milieu duquel sont profondément plongées ses racines et en qui l’histoire et la vie sont joyeusement devenues propres.
Pour les évêques d’Asie, une telle vision d’une Église locale et de la mission est bien reflétée dans la construction des communautés ecclésiales de base, par qui la paroisse et le diocèse devient « une communion des communautés ».
Encouragés par les divers offices pastoraux de la FABC, les évêques d’Asie font tous ensemble leur possible en faveur des priorités pastorales et pour cette vision de la mission. Par leur direction, l’Église en Asie continue de réaliser des vagues de conversion et de renouveau, d’entreprendre une évangélisation renouvelée, une Église renouvelée dans la Parole et le Pain de Dieu. Hier, l’homélie du Saint-Père nous a rappelé que « la communion est un don du Seigneur », la communion étant finalement dans la vie de Dieu. Cela requiert notre réponse pour un profond renouveau ainsi qu’une profonde conversion.
Le Saint-Père nous a aussi rappelé: « sans la communion, il n’y a pas de témoignage: la vie de communion est vraiment le grand témoignage ». Combien ces mots sont-ils capitaux pour l’Église entière en Asie, y compris pour le Moyen-Orient.
Nous sommes un « petit troupeau » en Asie, moins que le 3% des plus de trois milliards d’Asiatiques. À la lumière du soupçon religieux naissant et de l’extrémisme qui parfois déborde dans la violence et la mort, nous pouvons être sûrement effrayés et timides. Mais nous sommes fortifiés et encouragés par les mots du Seigneur: « ne craint pas petit troupeau ». Par conséquent, nous avons besoin de faire de notre communion une réalité ainsi qu’un témoignage du Seigneur. Car dans plusieurs endroits d’Asie, là où il n’y a pas de liberté de religion, la seule façon de proclamer le Seigneur est de témoigner de Lui par une vie chrétienne fidèle, silencieuse et sincère, une vie d’amour pour Dieu et un service sincère envers notre prochain (cf. Pape Jean-Paul II, Ecclesia in Asia, n. 23)
Ce témoignage nous exhorte en tant qu’évêques, en communion avec le Saint-Père et envers les uns les autres, à accomplir sérieusement les défis pastoraux face à nous en Asie, tels que le phénomène de la migration qui est parfois appelé le nouvel esclavage, l’impact négatif de la globalisation économique et culturelle, le problème du changement climatique, les problèmes de l’extrémisme religieux, de l’injustice et de la violence, de la liberté religieuse, et des problèmes de la bio-génétique qui menacent la vie humaine dans le sein maternel et depuis la conception jusqu’à la mort naturelle.
Dans notre dialogue comme expression de communion dans la demeure de Dieu, nous prions afin que nous puissions dessiner une approche pastorale commune à ces différents problèmes comme forme de témoignage à la foi que nous avons dans le Seigneur Jésus.
[Texte original: anglais]
Pour l’Europe: S. Ém. le Card. Péter ERDŐ, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président de la Conférence épiscopale, Président du « Conseil de Conférences épiscopales d’Europe » (C.C.E.E.) (HONGRIE)
Au nom des évêques européens représentés par les Présidents de toutes les Conférences Épiscopales du continent, réunis il y a dix jours à Zagreb à la quarantième session plénière du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE), j’adresse mes plus sincères et cordiales salutations aux Prélats, qui sont ici présents, et à tous les catholiques du Moyen-Orient.
Regardant à partir de l’Europe, la Terre Sainte et le Moyen-Orient sont situés à l’Est. C’est de là que nous est arrivée la lumière du Christ qui reste pour toujours le vrai Soleil Invincible qui ne connaît pas de déclin. Le visage de Jésus brille comme le soleil (Mt 17,2) et illumine toute l’histoire de l’humanité. Mais cette splendeur, les disciples choisis l’ont vue sur le mont de la transfiguration alors que se préparait déjà le drame de la passion et de la résurrection du Seigneur.
L’Europe est débitrice du Moyen-Orient. Non seulement une multitude des éléments fondamentaux de notre culture provient de cette région, mais également les premiers missionnaires de notre continent sont arrivés de cette région. Avec gratitude, nous conservons le souvenir de l’événement raconté dans les Actes des Apôtres: « Or, pendant la nuit, Paul eut une vision: un Macédonien était là, debout, qui lui adressait cette prière: ‘Passe en Macédoine, viens à notre secours!’. Aussitôt après cette vision, nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, persuadés que Dieu nous appelait à y porter la Bonne Nouvelle » (Ac 16,9-10). Cela a été une décision providentielle du Saint-Père Benoit XVI que de consacrer toute une année à Saint Paul, apôtre des nations, dont la ferveur et la sagesse sont d’une extrême actualité pour la nouvelle évangélisation.
À ce propos, je dois rappeler notre pèlerinage épiscopal européen à Tarse, ville de Saint Paul, mais je dois aussi réitérer l’expression de douleur profonde et de solidarité des Évêques européens, que nous avons manifestée à l’occasion de la mort violente de Son Excellence Mgr Luigi Padovese, ancien président de la Conférence Épiscopale de la Turquie.
En pensant au Moyen-Orient, nous européens, nous devons faire notre examen de conscience. Est-ce que le message de l’Évangile est encore vivant parmi nous, cette bonne nouvelle que nous avons reçue des apôtres? Ou est-ce que l’on ne voit plus dans notre vie cette lumière et cet enthousiasme qui proviennent de la foi en Christ?
De nos jours, lorsque des réfugiés et des émigrants chrétiens arrivent en Europe en provenance des différents Pays du Moyen-Orient, quelle est notre réaction? Sommes-nous assez attentifs aux causes qui contraignent des milliers, pour ne pas dire des millions, de chrétiens à laisser la terre où habitaient leurs ancêtres depuis presque deux mille ans? Est-ce que c’est vrai que notre comportement est responsable aussi de ce qui arrive? Nous sommes confrontés à un grand défi. Nous devons examiner la nature et les effets des changements en Europe et dans le monde occidental. Savons-nous exprimer d’une manière efficace notre soutien aux chrétiens du Moyen-Orient? Les facteurs principaux de la vie publique européenne sont-ils encore sensibles aux valeurs humaines éclairées par le christianisme? Ou sommes-nous plutôt indifférents et méfiants envers ce précieux héritage qui fait partie de nous? Héritage sans lequel l’Europe n’existerait même pas du point de vue culturel.
Les chrétiens qui arrivent du Moyen-Orient frappent à la porte de nos coeurs et réveillent notre conscience chrétienne.
Comment accueillons-nous ces frères et soeurs? Comment contribuons-nous au fait que leur antique héritage – aussi ecclésiastique – soit conservé pour l’avenir?
Le thème de ce Synode est « L’Église catholique au Moyen-Orient: communion et témoignage ». Dans les Actes des Apôtres nous lisons en effet que la multitude des croyant
s avait « un seul coeur et une seule âme » (Ac 4,32). Une telle communion existe aussi dans l’Église aujourd’hui, mieux même, la communion des saints est un article de notre profession de foi. Une telle communion essentielle doit être – comme l’Église elle-même – en même temps visible et invisible; elle doit agir dans le monde de la grâce, mais aussi de la société. Les catholiques d’Europe prient, travaillent, s’efforcent et combattent afin d’être également présents et efficaces dans la société visible. Malgré toutes les tristesses, toutes les désillusions, toutes les expériences négatives, et parfois également les discriminations et les pressions qui frappent les chrétiens voulant suivre leur conscience, nous ne cessons pas d’espérer que l’Europe aussi puisse retrouver sa propre identité enracinée profondément dans la culture de la vie, de l’espérance et de l’amour. Plus nous sommes conscients de notre vocation chrétienne dans la société, plus nous serons aussi capable de montrer et d’irradier la force de l’Évangile qui est puissant et qui peut transformer la société humaine de notre siècle. Fidèles à l’enseignement du Concile Vatican II, manifesté tout spécialement dans la Constitution pastorale Gaudium et Spes, nous devons suivre l’invitation de l’Église : « Ceux qui sont, ou peuvent devenir, capables d’exercer l’art très difficile, mais aussi très noble de la politique, doivent s’y préparer ; qu’ils s’y livrent avec zèle, sans se soucier de leur intérêt personnel ni des avantages matériels. Ils lutteront avec intégrité et prudence contre l’injustice et l’oppression, contre l’absolutisme et l’intolérance, qu’elles soient le fait d’un homme ou d’un parti politique ; et ils se dévoueront au bien de tous avec sincérité et droiture, bien plus, avec l’amour et le courage requis par la vie politique. (GS 75f)
« Médecin, guéris-toi toi-même. »(Lc 4,23) – écrit Saint Luc, « le cher médecin » (Col 4,14). Nous devons donc nous guérir – nous, chrétiens d’Europe – avec l’aide de l’Esprit-Saint afin que nous puissions refléter la lumière du Christ, reçue de l’Orient, et restituer le don obtenu au travers de notre courageux témoignage.
En ce sens, je demande la bénédiction de Dieu sur le présent Synode et sur tous les chrétiens du Moyen-Orient. « Stellas Orientis », étoile de l’Orient, priez pour nous!
[Texte original: italien]
Pour l’Océanie: S. Exc. Mgr John Atcherley DEW, Archevêque de Wellington, Président de la « Federation of Catholic Bishops’ Conferences of Oceania » (F.C.B.C.O.) (NOUVELLE-ZÉLANDE)
Géographiquement, l’Océanie ne pourrait pas être plus éloignée du Moyen-Orient, et pourtant les liens entre nos deux régions sont forts.
Je représente la Fédération des Évêques catholiques d’Océanie: l’Australie (32 diocèses), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (22), la Nouvelle-Zélande (6), la Conférence Épiscopale du Pacifique regroupant 17 diocèses et territoires ecclésiastiques. Dans son ensemble, une communauté diversifiée et éparpillée d’environ 6 millions de Catholiques, des petites « îles d’humanité » (Radcliffe) dans l’immensité de l’Océan Pacifique qui recouvre un tiers de la surface du monde.
En novembre 1998, tous les évêques d’Océanie se sont réunis ici pour le Synode sur l’Océanie. Nous avons dû relever le défi afin de « suivre le chemin de Jésus Christ, proclamer sa vérité et vivre sa vie ». Il s’agit d’une communio de foi et de charité qui nous lie avec les Églises du Moyen-Orient; nous avons été conduits à apprécier la riche diversité que les membres de ces Églises apportent à l’Océanie. Nous reconnaissons leur vulnérabilité par le fait de vivre comme des Églises minoritaires, et nous avons « le souci d’apprécier, de comprendre et de promouvoir les traditions, la liturgie, la discipline et la théologie des Églises orientales catholiques. » (EIO 12)
Hormis les 5 millions de Catholiques australiens, il y a un petit nombre de Catholiques, toutefois significatif, qui appartiennent aux Églises catholiques d’Orient. En Australie, les deux plus grandes Églises catholiques orientales sont les Maronites et les Melkites, chacune d’elle étant organisée en diocèse (éparchie), avec un évêque (éparque) qui est membre de la Conférence épiscopale d’Australie et qui vient de temps en temps à la réunion de la Conférence de Nouvelle-Zélande. De la même façon que ces Églises catholiques d’Orient, il y a également les Églises catholiques Chaldéenne, Syrienne, Syro-Malabare et Copte.
Les Éparchies maronite, melkite et chaldéenne s’étendent jusqu’en Nouvelle-Zélande, offrant également des services pastoraux et liturgiques à leurs communautés.
Le vaste Moyen-Orient est présent en Océanie à travers les migrants et les réfugiés qui ont construit leurs maisons dans la région: les zones de peuplement des Juifs européens des premiers jours en Australie et en Nouvelle-Zélande, et aussi bien les réfugiés d’Allemagne des années 1930, et des survivants de la Shoah; les Libanais, les Palestiniens et les Égyptiens; les Irakiens, aussi bien chrétiens que musulmans, et encore plus récemment, les réfugiés kurdes en provenance d’Iraq, d’Iran et de Turquie.
Nos liens historiques sont profondément marqués par la guerre et la paix.
– Les troupes d’Australie et de Nouvelle-Zélande (ANZACS) se sont entraînées en Égypte durant les premières années de la Grande Guerre (1914-1918); malheureusement, la génération suivante fut à nouveau de retour dans le désert d’Égypte dans les années 1940 de la seconde guerre mondiale.
– Les forces fidjiennes de maintien de la paix ont servi sous les Nations Unies aussi bien au Liban qu’au Sinaï.
Ces liens sont cimentés aujourd’hui à travers la présence de nombreux pèlerins d’Océanie qui visitent la Terre Sainte; à travers la nouvelle implantation de réfugiés, les programmes d’aide au développement de la part de « Caritas Internationalis« , la présence d’ordres religieux internationaux qui se consacrent au travail d’éducation ou le soutien aux lieux saints.
Réponses au Document de travail
Il y a deux thèmes du Document de travail face auxquels je voudrais réagir à partir des expériences de l’Océanie:
1. La communion et le témoignage. Le Document de travail a d’une nouvelle manière soumis à notre attention, les défis auxquels doivent faire face les Chrétiens au Moyen-Orient: la complexité des conflits politiques, les questions de la liberté de conscience et de religion, la vie quotidienne en tant que minorité dans des communautés majoritairement islamiques ou juives, ainsi que le constant mouvement des populations par l’émigration et l’immigration. Nous sommes éloignés, mais nous sommes conscients que nous sommes liés à tous les Chrétiens du Moyen-Orient par le baptême identique, la tradition ecclésiale, la foi en Jésus-Christ et l’engagement à sa mission. Nous voudrions assurer nos frères et soeurs du Moyen-Orient que nous apprécions cette communion et que, vu qu’ils souffrent, nous nous engageons à nous faire solidaires, et nous les soutiendrons par la prière et par une assistance pratique dans les défis auxquels ils font face quotidiennement.
2. Un engagement pour des relations dans la foi
Les Églises en Océanie sont des novices dans ce domaine; nous avons bien plus à apprendre de l’engagement permanent des Églises du Moyen-Orient envers le dialogue avec les fois abrahamiques. Nous reconnaissons la complexité du contexte historique et culturel dans lequel ce dialogue est accompli avec les signes d’espérance du processus de paix, ainsi que les pas en arrière en raison de l’incompréhension, la persécution et la trahison.
L’introduction du Document de travail parle de la nécessité des Chrétiens de bien connaître leurs voisins juifs et musulmans s’ils veulent collaborer avec eux dans les domaines de la religion, de l’interaction sociale
et de la culture, pour le bien de la société.
[Texte original: anglais]
Pour l’Amérique Latine: S. Exc. Mgr Raymundo DAMASCENO ASSIS, Archevêque d’Aparecida, Président du Conseil épiscopal latino-américain (C.E.L.AM.) (BRÉSIL)
En premier lieu, je voudrais remercier le Saint-Père Benoît XVI de m’avoir nommé pour participer, en qualité de Président du Conseil épiscopal latino-américain et des Caraïbes, à ce Synode des Églises pèlerines dans les pays du Moyen-Orient. Un grand merci, Saint-Père, pour cette nomination qui m’honore et me réjouit et qui constitue un signe de déférence de Votre Sainteté envers l’Église en Amérique latine.
Les Églises soeurs du Moyen-Orient ont constitué le berceau de l’Église de Jésus Christ et le premier lieu de son expansion et, plus encore, le lieu privilégié de la manifestation de la « plénitude des temps » dans la personne du Seigneur Jésus.
En participant à ce Synode pour le Moyen-Orient, je tiens à reconnaître avec gratitude l’immense richesse que nous avons reçue de vous. Avant tout, les livres sacrés de la Bible qui nourrissent notre rencontre avec le Seigneur et qui nous illuminent dans toutes les décisions que nous devons prendre pour notre vie pastorale et ecclésiale. Quant à la Tradition vivante et aux Conciles, par leur réception dynamique, ils permettent à nos Églises, avec leurs richesses uniques et différentes, de faire partager à nos peuples la vie de Jésus Christ; sans oublier la riche Pneumatologie des Églises orientales.
Votre multiculturalisme fondateur est un fait à partir de la première expansion ecclésiale. Au fil du temps, il a certainement subi de nombreuses adaptations, des déséquilibres numériques et socio-politiques, et des corrections. Aujourd’hui aussi, dans notre monde mondialisé et marqué par de nombreuses tensions, c’est quelque chose que nous vivons jour après jour, et à ce propos, nous pouvons apprendre beaucoup des histoires et des difficultés actuelles de ces Églises.
La question de la laïcité des gouvernements qui guident nos peuples est, dans de nombreux cas, devenue discriminatoire tant du fait d’intransigeances idéologiques que, comme pour certains d’entre vous, du fait d’une imposition théocratique, une « islamisation » de la sphère publique. C’est un défi que nous partageons avec vous et qui exige que nous luttions pour une liberté religieuse authentique au sein de l’espace public. Nous devons tenir compte de ce fait également dans la catéchèse afin de former des chrétiens et des citoyens bien conscients de leurs droits et de leurs devoirs. Le Saint-Père Benoît XVI, lors de sa visite en France (2008), a repris le concept précieux de « laïcité positive ».
De cette situation naît un défi dont nous avons pris nouvellement conscience. Il s’agit de la formation des laïcs de nos Églises. Lors de notre dernière Conférence générale d’Amérique latine et des Caraïbes (en 2007), qui a eu lieu à Aparecida, au Brésil, il a été remarqué que cette formation doit commencer par une profonde rencontre personnelle avec Jésus Christ qui marque et perdure comme expérience constante dans la vie de chacun, ainsi que par une formation adaptée, bâtie sur le roc de la Parole de Dieu, face à la nouvelle situation culturelle que nous vivons. Ceci doit permettre la présence de laïcs au sein des nouveaux aréopages et dans les missions du service public.
En mentionnant les disciples laïcs, on ne peut oublier l’importance énorme de la famille pour la formation aux valeurs humaines et chrétiennes. Toutes les familles souffrent actuellement d’un conflit générationnel causé par la vitesse à laquelle tout change aujourd’hui. Or, cela ne doit pas inhiber sa force éducative. En ce qui concerne certains aspects de la famille, nous pouvons être d’accords avec les croyants musulmans, et nous l’avons vu à l’occasion de votes dans le cadre d’organismes internationaux. Il existe cependant d’autres aspects relatifs au concept concret de famille qui nous éloignent des musulmans, par exemple le rôle de la femme au sein de la famille et de la société.
Former des laïcs pour le temps présent ne dispense pas, bien au contraire, exige que l’on forme également des prêtres qui se rendent compte de la grande nécessité d’une profonde « conversion personnelle et pastorale » pour faire de leurs paroisses et de leur apostolat des lieux et des ministères d’animation missionnaire à la manière des premières communautés chrétiennes. Il est nécessaire de passer d’une pastorale de conservation à une pastorale animée par l’esprit missionnaire. Lors de la Conférence générale d’Aparecida, le Saint-Père a affirmé qu’être « disciples et missionnaires de Jésus Christ » sont les deux faces d’une même médaille. Il n’y a pas de disciple qui ne soit missionnaire et il n’y a pas de missionnaire qui ne soit disciple.
Cette »conversion »nécessaire aura également de fortes conséquences sur la pastorale des vocations. Le jeune d’aujourd’hui cherche à se donner avec générosité au Dieu de la Vie mais il recule lorsqu’il perçoit seulement les efforts de préservation et ne découvre pas la nouveauté transformante de l’Évangile dans sa propre histoire présente. La pastorale des vocations doit aider les jeunes à découvrir Jésus comme « Voie, Vérité et Vie » et leur indiquer les différents chemins pour suivre Jésus, en mettant en avant la vocation au sacerdoce ministériel et à la vie consacrée.
Dans nos pays latino-américains et des Caraïbes, nous avons de nombreux immigrés venant du Moyen-Orient – de première et de deuxième génération – qui sont pour la plupart des chrétiens. Nombre d’entre eux sont entrés dans l’Église latine et il existe de petits groupes qui disposent de leurs propres éparchies. Nous souhaitons que l’on croisse encore davantage dans la conscience de notre commune foi catholique et que l’on s’approche plus encore d’une action missionnaire conjointe. En ce moment, nous promouvons dans toutes nos Églises ce que l’on appelle la « Mission continentale », fruit de la Conférence générale d’Aparecida. Pouvoir être unis dans ces efforts d’évangélisation serait un magnifique témoignage. Enfin, nous voulons partager avec vous la préoccupation pour le conflit israélo-palestinien. En cela aussi, nous sommes en communion avec le Saint-Père dans ses efforts visant à trouver une solution au conflit. Que soit rétablie la paix entre ces deux peuples sur la terre de Jésus!
Nous demandons au Seigneur Jésus, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Reine des Apôtres, qu’il répande sur cette Assemblée son Esprit qui renouvelle toute chose.
[Texte original: espagnol]
INTERVENTIONS EN SALLE (DÉBUT)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:
– S. Exc. Mgr Elias CHACOUR, Archevêque d’Akka, Saint-Jean-d’Acre, Tolémaïde des Grecs-Melkites (ISRAËL)
Ils décidèrent de survivre et de poursuivre leur mission spéciale, en suivant les ordres de leur compatriote, du Galiléen, de Jésus de Nazareth. Mon compatriote, mon champion et mon paroissien.
Lc 24, 45-49; Ac 1, 4-5 et spécialement Mc 16, 15: « Ne crains pas petit troupeau » Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création ». Depuis lors, mes ancêtres commencèrent à répandre alentour et partout les nouvelles passionnantes concernant une tombe vide et un homme ressuscité. Nous n’avons jamais cessé de prêcher cette nouvelle passionnante. C’est pourquoi Pierre et Paul ont été sacrifiés et tués ici à Rome.
Au cours des vingt derniers siècles, nos chrétiens de Terre Sainte étaient comme des condamnés et des privilégiés devant partager l’oppression, la persécution et la souffrance avec le Christ. Il est ressuscité mais Sa croix est encore haute dans notre ciel. Notre Chrétienté pend encore de cette terrible croix. Ils vivent encore sous la menace quotidienne d
‘autorités qui continuent de rêver le transfert de notre minorité loin de leurs terres, de leurs maisons, de leur patrie ancestrale. Si ce n’était pas pour Lui, la croix aurait été damnée et haïe.
Des siècles se sont écoulés, chargés de nos souffrances et de nos persécutions.
Mais aujourd’hui, notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI, a appelé l’Église catholique et tous les chrétiens de bonne volonté à détourner leur regard et à revenir vers le reste de la famille du Christ. Nous sommes venus ici pour tous vous inviter à reconsidérer vos priorités concernant la Terre Sainte et ses habitants. Il est certain que les sanctuaires et les Lieux Saints sont importants. Les Frères franciscains ont été des gardiens enthousiastes et loyaux et des protecteurs des Lieux Saints.
En tant qu’archevêque de la plus grande Église catholique de Terre Sainte, l’Église catholique melkite, je vous invite avec insistance et j’implore le Saint-Père d’accorder encore plus d’attention aux Pierres vivantes de la Terre Sainte. Une fois de plus, l’attention est accordée malgré notre manque de mérite et injustement, et nous pourrions faire renaître le sourire de l’espérance sur les visages de nos enfants. Nous pouvons dès lors avoir les instruments et les moyens de le faire. Nous sommes en Galilée depuis des temps immémoriaux. Maintenant nous sommes en Israël. Nous voulons demeurer là où nous sommes, nous avons plus besoin de votre amitié que de votre argent.
[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr Boutros MARAYATI, Archevêque d’Alep des Arméniens (SYRIE)
Le mouvement oecuménique traverse une véritable crise: en sont la preuve, les situations difficiles que les Églises du Conseil du Moyen-Orient doivent affronter aujourd’hui, alors que ce dernier fut pourtant en première ligne dans le travail oecuménique dans nos pays. Aujourd’hui, nous espérons que la crise soit une phase transitoire du progrès initial pour l’ouverture d’une nouvelle page du travail oecuménique, passant d’un style bureaucratique, d’un développement des projets et de l’administration financière, à l’encouragement d’un esprit de fraternité, de dialogue et de communion entre les Églises.
Dans toutes ses pages, le Document de travail contient un aspect oecuménique, puisque l’ensemble concerne les Églises au Moyen-Orient. Nous voudrions ajouter que cette assemblée spéciale ne conservera sa dimension authentiquement chrétienne et catholique que si elle est lue à la lumière de nos relations avec les Églises et les autres communautés chrétiennes. Il a été dit que « nous sommes ensemble ou ne sommes pas du tout ».
1) J’estime qu’il manque quelque chose dans les paragraphes 14 et 15. Ne serait-il pas important de mentionner que Damas a été le lieu de la conversion de Saint Paul, lieu duquel il est parti pour se rendre en Arabie et puis dans toutes les nations ? Nous avons célébré l’année paulinienne ouverte par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. À Antioche, les disciples du Christ furent appelés chrétiens. Au nord d’Alep, la vie monastique et religieuse fut prospère au IVème siècle. De Siméon le vieux à Saint Maron, les sites archéologiques en témoignent encore. Ceci est un fait oecuménique qui nous rapporte à nos racines chrétiennes communes. Nous devons le raviver à un niveau non seulement local, mais également universel afin que ses racines puissent soutenir notre présence chrétienne dans l’histoire.
2) Au paragraphe 25, le Document de travail affirme que « les situations dans les divers pays du Moyen-Orient sont très différentes les unes des autres ». Il ne s’agit pas d’un simple fait, mais d’un fait incontestable. Si nous voulons que cette assemblée spéciale soit féconde, nous devons penser à une conférence spéciale pour chaque pays, ayant un aspect oecuménique dans le cadre de laquelle discuter des questions selon les situations locales. Indubitablement, les défis sont les mêmes, mais chaque pays a une situation.
3) Les défis mentionnés dan le Document de travail, en particulier celui de l’émigration (paragraphes 43-48), constituent une grave préoccupation pour nous comme ils le sont pour les autres Églises et communautés chrétiennes locales. Il s’agit d’une véritable sollicitude oecuménique. De là, l’obligation de se demander: existe-t-il un plan pour évacuer les chrétiens d’Orient? Au cours des cents dernières années, l’émigration ou la déportation violente ont continué à se vérifier en Orient. En 1915, des centaines de milliers de chrétiens arméniens ont été déportés avec force de leurs pays et ont été victimes du premier génocide du XXème siècle perpétré par les Ottomans. Parmi ces martyrs se trouvaient l’évêque Ignatius Maloyan. La même chose est arrivée parmi les Chaldéens et les Syriens. De nombreux chrétiens ont été éloignés de leurs villages et de leurs villes. Ces actes se sont poursuivis au travers des événements de Palestine, de la guerre civile au Liban, de la révolution islamique en Iran, de l’invasion de l’Iraq. Les chrétiens sont martyrisés et contraints à émigrer, contraints à partir de toutes les Églises sans distinction aucune. Peut-être attendons-nous le jour où le monde comme spectateur et les Églises occidentales indifférentes observeront sans broncher la « mort des Chrétiens d’Orient »?
Malgré les crises et les difficultés qui se présentent à notre vie chrétienne et à nos relations oecuméniques, nous continuons à « croire, espérant contre toute espérance » (cf. Rm 4,18).
[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr Kyrillos WILLIAM, Évêque d’Assiout, Lycopolis des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
La liturgie, d’après l’Instrumentum Laboris, est un aspect profondément enraciné dans la culture orientale, ainsi on ne peut pas diminuer de sa force pour préserver aujourd’hui la vivacité de la foi. L’histoire nous affirme que dans nos pays du Moyen-Orient la liturgie fut toujours une école pour l’éducation de la foi et la morale chrétienne surtout auprès de nos populations simples et en majorité analphabètes, grâce aux nombreuses lectures bibliques (6 lectures quotidiennes dans notre liturgie copte, qui s’ajoutent aux jours de fêtes et de certaines célébrations), et aux prières composées de citations bibliques juxtaposées.
C’est pourquoi nous devons la préserver avec révérence d’après le texte du droit canonique oriental (cf. canon 39 du CCEO).
Dans la constitution Sacrosanctum Concilium, paragraphe 4, Vatican II affirme l’égalité de tous les rites en ce qui concerne les droits et la dignité. Dans le décret conciliaire Orientalium Ecclesiarum, les pères du Concile affirment une estime particulière au patrimoine des Églises Orientales, et soulignent les bienfaits de celles-ci envers l’Église Universelle, en citant la lettre apostolique « Orientalium Ecclesiarum » de Léon XIII du 30/11/1894.
Le décret conciliaire sur les Églises Orientales Catholiques exorte en outre tous les occidentaux qui sont en contact avec ces Églises, à s’appliquer a connaître, et à respecter les liturgies orientales, et il se réfère au Motu Proprio « Orientis Catholici » de Benoit XV du 15/10/1917 et à l’Encyclique « Rerum Orientalium » de Pie XI du 8/9/1926.
Le Canon 41 du CCEO confirme ceci et leur exige de connaître avec exactitude et de pratiquer ces liturgies.
Or nous constatons que pas mal de religieux latins traduisent en arabe la liturgie latine et la célèbrent pour nos fidèles orientaux les aidant ainsi à se détacher de leurs églises et à affaiblir leur appartenance à celles-ci.
En ce qui concerne la langue liturgique (Instrumentum Laboris 72), nous n’avons pas attendu Vatican II pour traduire nos textes liturgiques dans les langues courantes du peuple. Depuis les origines, notre liturgie copte fut célébrée dans les divers dialectes en Haute-Égypte, et dans les grandes villes en grec, langue de la culture et de l
a vie quotidienne. À partir du Xe siècle, nous trouvons tout en arabe. Un facteur qui a aidé à préserver la foi, et si nous comparons avec d’autres pays voisins comme l’Afrique du Nord, nous constatons qu’au bout de quelques siècles le christianisme, fleurissant au début, est disparu; car on leur a imposé une liturgie étrangère dans une langue peu connue.
J’ai une explication à demander et un voeu à souhaiter: dans un pays comme le notre, l’Égypte, où tous (catholiques, non catholiques, même les non chrétiens) sont des coptes, à quoi sert la célébration de la liturgie latine en langue arabe? S’il y a des latins, il est de leur droit de célébrer les messes latines, mais dans une autre langue que l’arabe, car ceci attire nos fidèles et aide à leur dispersion.
[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Botros FAHIM AWAD HANNA, Évêque titulaire de Maréotes, Évêque de Curie d’Alexandrie des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
Avec un choix particulier de Dieu, l’Écriture Sainte est née sur notre terre d’Orient, portant en soi les caractéristiques de notre culture. Par un semblable choix, le Verbe Divin s’est incarné et a partagé notre réalité en Orient. Il s’est livré à la mort, sur la Croix, pour le salut de tous.
La première annonce de l’Évangile est partie depuis l’Orient. Nos Églises continuent dans la fidélité le témoignage de l’Évangile, avec l’aide de Dieu, de toute l’Église catholique et de tous les hommes de bonne volonté, en donnant au monde et à l’Église des témoins fidèles à leur foi, à la Parole, à la justice et à l’amour fraternel. Ainsi la Parole de Dieu sera toujours le guide de notre engagement missionnaire.
La Parole de Dieu a toujours nourri les peuples d’Orient et ils ont ainsi produit de riches traditions bibliques, liturgiques, théologiques et spirituelles.
La source de la Parole de Dieu est encore jaillissante, mais la soif d’Elle est encore grande dans nos terres. C’est pourquoi nous avons besoin d’autres spécialistes, de centres, de communautés pastorales pour étudier, méditer, vivre et diffuser la culture biblique dans notre réalité afin que la Parole soit le fondement de toute éducation, de tout enseignement et de tout dialogue pour construire la civilisation de l’Évangile et de l’amour pour le bien de tous.
[Texte original: italien]
– S. Exc. Mgr Youhannes ZAKARIA, Évêque de Louxor, Thèbes des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)
Mon compte-rendu se concentre sur le renouvellement des activités missionnaires des Églises orientales vu que le Document de travail n’a pas traité de manière suffisante ce sujet.
Depuis le début de l’histoire de l’Église, les fidèles d’Orient ont été caractérisés par leur zèle missionnaire et par l’enthousiasme qu’ils mettent à réaliser le mandat du Seigneur qui demande la prédication de l’Évangile dans le monde entier.
La faiblesse et la division de l’Empire romain, la violence des conflits nationaux, l’adversité des discussions dogmatiques entre les chrétiens, les divisions de l’Église et, par la suite, les dominations arabe et islamique sur le Moyen-Orient, ont affaibli les Églises orientales et ont conditionné leur présence en Orient. Tout ceci a provoqué la fin de l’enthousiasme missionnaire et a réduit l’élan évangélique, ainsi que le remarque le numéro 20 du Document de travail.
Bien que l’Église au Moyen-Orient constitue actuellement une minorité qui vit au milieu d’une majorité non chrétienne et soit en train de combattre contre le danger de son propre déclin, et soit en train de lutter pour conserver la foi chrétienne dans les coeurs de ses fidèles, cette Église ne doit avoir ni peur ni honte et ne doit pas hésiter à obéir au mandat du Seigneur qui lui demande de continuer la prédication de l’Évangile.
En partant de ce Synode, je demande à nos Églises orientales de renouveler leur enthousiasme missionnaire et leur activité de prédication. Elles doivent, en outre, promouvoir la formation de tous leurs enfants afin qu’ils redécouvrent leur vocation missionnaire et les encouragent à consacrer leur vie avec enthousiasme pour annoncer l’Évangile, participant ainsi avec les enfants de l’Église universelle, et spécialement ceux de l’Église occidentale, au service de la prédication de la Parole de Dieu dans le monde entier.
[Texte original: italien]