Synode : Interventions des pères synodaux et des auditeurs (15 octobre)

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Huitième congrégation générale

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ROME, Vendredi 15 octobre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des interventions des pères synodaux et des auditeurs de la huitième Congrégation générale (15 octobre). Il s’agit de :

– S. Ém. le Card. Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr Giacinto-Boulos MARCUZZO, Évêque titulaire d’Emmaüs, Évêque auxiliaire de Jérusalem des Latins, Vicaire patriarcal de Jérusalem des Latins pour Israël (ISRAËL)
– S. Exc. Mgr Riccardo FONTANA, Archevêque d’Arezzo-Cortona-San Sepolcro (ITALIE)
– S. Exc. Mgr Joseph KHOURY, Évêque de Saint-Maron de Montréal des Maronites (CANADA)
– S. Exc. Mgr Joseph KALLAS, S.M.S.P., Archevêque de Beyrouth et Jbeil des Grecs-Melkites (LIBAN)
– S. Exc. Mgr Patrick Altham KELLY, Archevêque de Liverpool, Représentant de la Conférence épiscopale pour la Coordination internationale de soutien de l’Église Catholique Romaine en Terre Sainte (GRANDE-BRETAGNE (ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES)
– S. Exc. Mgr Thomas OSMAN, O.F.M. Cap., Évêque de Barentu (ÉRYTHRÉE)
– Archimandrite Jean FARAJ, B.S., Supérieur général de l’Ordre Basilien du Très Saint Sauveur des Melkites (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– S. Exc. Mgr Giuseppe NAZZARO, O.F.M., Évêque titulaire de Forma, Vicaire apostolique d’Alep (SYRIE)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions (traduction distribuée par la secrétairerie générale du synode).

– S. Ém. le Card. Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux (CITÉ DU VATICAN)

L’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques représente une chance et un défi!
UNE CHANCE, car elle devrait permettre de mieux comprendre : 
– que les conflits non résolus de la région ne sont pas causés par des motifs religieux, en témoigne la présence parmi nous de représentants du Judaisme et de l’Islam ; 
– l’urgence d’une réflexion à trois (juifs, chrétiens et musulmans) sur la place des religions dans les sociétés moyen-orientales. 
UN DÉFI, celui de fournir aux chrétiens du Moyen-Orient des orientations concrètes : 
– ne soyons pas timides pour réclamer non seulement la liberté de culte, mais la liberté religieuse. La société et l’État ne doivent ni contraindre une personne à agir contre sa conscience, ni l’empêcher à agir selon sa conscience 
– investissons davantage dans nos écoles et universités fréquentées par les chrétiens et les musulmans. Elles sont des laboratoires indispensables du vivre-ensemble. 
– Demandons-nous si nous faisons assez, au niveau des Églises locales pour inciter nos chrétiens à demeurer sur place: logement, frais de scolarité, de santé. On ne doit pas tout attendre des autres … 
UNE SUGGESTION 
La valorisation de la littérature arabo-chrétienne pourrait jouer un rôle dans le dialogue entre chrétiens et musulmans, surtout dans sa dimension culturelle (n°96). On devrait l’enseigner au moins dans nos écoles en parallèle avec la littérature arabe. 

[Texte original: français]
– S. Exc. Mgr Giacinto-Boulos MARCUZZO, Évêque titulaire d’Emmaüs, Évêque auxiliaire de Jérusalem des Latins, Vicaire patriarcal de Jérusalem des Latins pour Israël (ISRAËL)

1.Il s’agit dans l’absolu du plus grand besoin de l’Église au Moyen-Orient. La formation est la priorité pastorale que le Synode spécial pour le Moyen-Orient devrait adopter. Certes, le Moyen-Orient chrétien est fortement attaché à la foi, mais celle-ci est héréditaire, sociale et confessionnelle. Afin de rendre notre foi plus personnelle, absorbante et vivante, nous avons besoin d’une médiation culturelle historique de la foi.
2. La meilleure méthode pour mettre en oeuvre cette opération pastorale relative à la foi et à l’Église est, j’en suis convaincu, la méthode traditionnelle, et pourtant toujours nouvelle: voir, juger, agir. Voir la réalité, les changements et les « signes des temps »; juger la réalité à la lumière de la Parole de Dieu et de la foi et faire un bon discernement; enfin, traduire tout cela dans la vie en programmant des pistes d’action et d’engagement. C’est la méthode de l’Évangile, de l’Incarnation, du chemin d’Emmaüs, de la tradition de l’Église, surtout celle orientale, de Vatican II et, d’ailleurs, de notre Document de travail aussi.
3. Est-ce une méthode réellement efficace? Oui, historiquement et actuellement. Aux 7ème et 8ème siècles, les Églises d’Orient ont pu se sauver parce qu’elles ont su assurer cette grande médiation culturelle et historique de la foi, qui a littéralement sauvé la présence chrétienne au Moyen-Orient, alors que dans d’autres pays elle a disparu. Cette médiation nous a donné la « théologie arabe chrétienne », un patrimoine inestimable de l’Église en Orient. Actuellement en Terre Sainte, toutes les Églises catholiques ont réalisé une nouvelle grande médiation culturelle et ont vécu l’expérience d’un Synode pastoral diocésain qui a littéralement ravivé et renouvelé notre foi, et qui nous a donné un « plan général pastoral’ commun pour notre époque.
4. S’agissant de la meilleure méthode à appliquer dans les moments de nouveauté et de changement, la médiation culturelle de la foi est également la médiation la plus adéquate à notre situation en Israël, où nous avons deux grandes nouveautés historiques sur le plan ecclésial:
a) une communauté arabe palestinienne qui vit en minorité au sein d’une majorité de juifs;
b) la naissance d’une communauté catholique d' »expression juive ».

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Riccardo FONTANA, Archevêque d’Arezzo-Cortona-San Sepolcro (ITALIE)

Je voudrais exprimer ma plus vive reconnaissance au Saint-Père qui, en m’appelant au Synode, m’a permis de vivre cette expérience ecclésiale précieuse.
J’ai l’honneur de transmettre à cette assemblée les salutations et la proximité spirituelle des Évêques italiens. J’aime mentionner en particulier les numéros 54 et 59 du Document de travail et la réflexion du paragraphe A, deuxième partie, du précieux Rapport avant le débat général. 
Nos Églises italiennes prêtent vraiment beaucoup d’attention aux lieux saints. Rien que les six premiers mois de 2010, 1 600 000 pèlerins sont partis en direction de la Palestine. Au nom de mes frères Évêques, je viens dire au Synode que ce que nous recevons en termes de vie spirituelle et de recherche de la foi en faveur de nos pèlerins est bien plus important que ce que nous parvenons à donner par solidarité.
Parallèlement aux pèlerinages de la tradition, on va de plus en plus souvent en Terre Sainte à la recherche de l’Apostolica vivendi forma.
L’Église italienne prête aussi une grande attention aux conditions de vraie souffrance du peuple palestinien et de cette portion silencieuse de juifs israéliens qui n’acceptent pas les situations discriminatoires, créées au nom de la sécurité, qui déclenchent le terrorisme et la violence.
La pauvreté absolue des chrétiens de Terre Sainte et du Moyen-Orient a multiplié en Italie le nombre des projets caritatifs. À titre d’exemple, rien que les 5 premières années du Millénaire, la CEI a financé des projets dans la région pour un équivalent de plus de 25 millions d’euros. À ces projets, il faut ajouter ceux des Instituts religieux et des diocèses particuliers.
Il faut faire plus. On nous répète souvent qu’une bonne partie des décisions qui pourraient aider les Églises du Moyen-Orient sont prises en Occident. Le Saint-Siège, par ses voies diplomatiques, et nous les Évêques qui avons la possibilité d’influer l’opinion publique, nous pourrions rappeler aux gouvernements que Jé
rusalem et les Églises chrétiennes au Moyen-Orient comptent parmi les priorités incontournables pour tous les chrétiens. Parmi les fruits que l’on s’attend de ce Synode, on espère faire mieux connaître aux Églises d’Occident ce qui cause la souffrance dans les Églises d’Orient. Faire connaître, c’est le premier pas à franchir pour trouver des solutions. Sensibiliser et créer des opinions est une chose possible en Occident, et c’est très utile pour le bien commun. 

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Joseph KHOURY, Évêque de Saint-Maron de Montréal des Maronites (CANADA)

L’éparchie Saint-Maron du Canada veut avant tout exprimer sa gratitude à Sa Sainteté Benoît XVI pour sa sollicitude envers les chrétiens d’Orient. Ce synode qu’il a voulu leur consacrer suscitera une profonde réflexion sur leur situation actuelle et sur leur avenir. Il ne manquera pas d’interpeller la conscience et la responsabilité de chaque chrétien de la région et en particulier celle des pasteurs et des leaders politiques et sociaux. Ses travaux devraient aussi attirer une attention particulière de la part de l’ensemble de l’élite intellectuelle et de la classe dirigeante des pays du Moyen-Orient.
Les chrétiens d’Orient sont chez eux depuis la nuit des temps. Témoins des premiers temps du christianisme, la richesse de leur patrimoine spirituel et liturgique est inestimable. Leur apport à l’ensemble de la Chrétienté, au progrès des pays où ils se trouvent et leur contribution à la convivialité et au dialogue des cultures ne sont plus à démontrer. Leur ouverture à l’Orient et à l’Occident en a fait un trait d’union indispensable pour une meilleure connaissance réciproque. 
Attachés à un dialogue sincère et loyal avec les autres familles religieuses de la région et respectueux de la différence, ils ont droit à une vie dans la dignité et la sécurité. Ils doivent pouvoir témoigner de leur foi en toute liberté. 
Du sort des chrétiens d’Orient dépendra en bonne partie l’évolution du dialogue des cultures et des religions et en particulier les relations entre l’Occident et l’Orient. Nous voulons croire que dans ce village global qu’est devenu le monde et où paradoxalement des fondamentalismes et des sectarismes se font de plus en plus violents et intransigeants, la justice, la convivialité et les droits fondamentaux ont toujours leur place.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Joseph KALLAS, S.M.S.P., Archevêque de Beyrouth et Jbeil des Grecs-Melkites (LIBAN)

Les chrétiens du Moyen-Orient ont eu un sort différent de tous les chrétiens du monde: n’ayant jamais eu leur État propre, mais appartenant à des familles linguistiques propres, ils ont été maintenus toujours dans l’insécurité par les persécutions et les oppressions. Conditionnés par le choc et la suprématie de l’Islam, ils ont su s’adapter au pouvoir musulman et contribuer avec lui à la construction de la Civilisation. Soumis à des lois de ségrégation plus ou moins oppressives durant des siècles, et vivant parfois à la marge de leur entourage, ils ont approfondi leur théologie spirituelle propre, ainsi que leur culture humaine, en se faisant les interprètes des Grecs pour les Arabes, et en développant les sciences de l’astronomie, de la médecine et des mathématiques etc… 
Ces chrétiens vivant de foi, et cramponnés « à la connaissance du Christ, et à la puissance de sa résurrection » (Ph. 3: 10), ont été mêlés malgré eux aux joutes des théologiens. De jour en jour, on découvre qu’ils sont de la même foi que les catholiques et ont toujours suivi leurs pasteurs, héritiers des Apôtres. Il ne sied point de les classer parmi les courants théologiques extrémistes, facteurs d’hérésies ou de schismes. 
Ils sont tous unis par la foi vécue, dans l’action de tous les jours, dans l’espérance du salut et dans la fidélité au Christ. C’est en cela qu’ils sont unifiés et méritent d’entrer dans la même communion. Leur division est, à mon avis, affaire de juridiction institutionnelle. On ne peut pas leur appliquer la rigueur dogmatique ou canonique de l’Occident, mais plutôt l’économie pastorale de saint Paul.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Patrick Altham KELLY, Archevêque de Liverpool, Représentant de la Conférence épiscopale pour la Coordination internationale de soutien de l’Église Catholique Romaine en Terre Sainte (GRANDE-BRETAGNE (ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES)

À l’ouverture du Synode, le Saint-Père a partagé avec nous l’inspiration et les directives données à ce Synode par l’enseignement du Concile d’Éphèse en l’année 431: Mary Theotokos, Marie Mère de Dieu.
Cette conviction, garantie par l’Esprit Saint, a requis de nouveaux modes de pensée. La rencontre avec les événements de la Personne, qui est le Verbe qui s’est fait chair, bouleverse les formes précédentes d’observation, de compréhension, de jugement et de décision.
Les préoccupations spécifiques ressortant de ce Synode peuvent être reconnues avec plus de sécurité, comprises avec une plus grande cohérence, jugées avec plus de sagesse, et conduire ainsi à des actions plus appropriées en rappelant l’enseignement du Concile de Chalcédoine en 451.

[Texte original: anglais]
– S. Exc. Mgr Thomas OSMAN, O.F.M. Cap., Évêque de Barentu (ÉRYTHRÉE)

Nous aussi vivons dans des situations extrêmement difficiles du fait d’une série de problèmes et d’urgences environnementales, économiques et politiques. L’expérience de communion fraternelle qu’il nous est permis de vivre ces jours-ci, réunis autour du Saint-Père, constitue certainement un don de l’Esprit Consolateur pour toutes nos communautés en Érythrée.
La présence d’une Église africaine comme la nôtre, éthiopienne et érythréenne, dans le contexte d’un Synode sur « l’Église catholique au Moyen-Orient » a une multitude de significations. Géographiquement, nous constituons un point de raccord entre l’Afrique et l’Asie et pour cette raison, notre région a été, au cours des millénaires, le lieu de rencontres fécondes entre groupes humains, cultures et religions entre les deux rives de la Mer Rouge.
La composante culturelle sémitique venue se conjuguer avec les cultures nilotique, saharienne et couchitique préexistantes déjà à une époque pré-chrétienne et dans l’antiquité chrétienne, a constitué le terrain sur lequel s’est greffée la prédication de l’Évangile et l’ensemble des traditions judéo-chrétiennes qui font partie du modèle de Christianisme qui s’est développé sur notre territoire. Il ne s’est pas traité d’une simple transposition de modèles culturels, mais d’une véritable inculturation symbiotique qui a permis au Christianisme, ainsi que l’a reconnu en 1994 le Synode des Évêques pour l’Afrique, de s’enraciner dans la mens et dans l’humus culturel de notre peuple. Les traditions liturgiques, spirituelles, monastiques et littéraires mises en commun à l’origine par les Églises copte et syriaque sont une partie constitutive de cette symbiose, sachant que les traditions en question se sont développées ensuite « en propre » au long des nombreux siècles d’isolement de notre pays après le déclin du royaume d’Aksum, et qu’elles ont porté des fruits féconds dans la vie interne des communautés chrétiennes et dans la diffusion de l’Évangile.
Nous sommes convaincus qu’aujourd’hui encore notre région peut et doit continuer à jouer son rôle de « pont » entre l’Afrique et le Moyen-Orient dans le cadre d’un échange de valeurs spirituelles et culturelles enrichissant, d’expériences et de rencontres, comme cela est justement en train de se vérifier dans ce Synode. Ceci pourrait être facilité, entre autre, par l’institution de structures culturelles et de modalités formelles et informelles d’études, de rencontre et de réflexion, à réaliser si possible avec la médiation de la Congrégation pour les Églises orientales. De manière à pouvoir proposer à no
uveau, ensemble, un témoignage efficace d' »unité des coeurs et des âmes » face aux menaces du manque de paix et aux diverses forces de désagrégation qui menacent nos continents.
La possibilité de faire des deux régions de la Mer Rouge un laboratoire de paix, de dialogue interculturel et interreligieux, se joue en effet sur la capacité de nos communautés chrétiennes à mettre, à la base de la diplomatie formelle, cette diplomatie de l’esprit et du coeur qui est, avant tout, don de l’Esprit de Jésus Christ, Esprit de paix et d’amour.

[Texte original: italien]
– Archimandrite Jean FARAJ, B.S., Supérieur général de l’Ordre Basilien du Très Saint Sauveur des Melkites (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

Je me contente de vous transmettre notre petite expérience dans l’Ordre Basilien du Saint-Sauveur, dont la Maison mère, vieille de trois cents ans, se situe dans le Chouf, une région connue par sa pluralité confessionnelle (druzes, musulmans et chrétiens). Voici, en quelques mots les principes qui ont inspiré notre action: 
– Aimer: l’amour du prochain, bien que différent, nous a ouvert beaucoup de portes fermées, et nous a garanti la continuité pendant 300 ans. 
– Pardonner: six fois dans notre histoire, nous avons été pillés, saccagés, bombardés et déplacés de nos couvents, de nos paroisses et de notre région. Plus de 25 prêtres et religieux ont été martyrisés cruellement. Pardonner, en outre, nous paraît la seule voie pour continuer et durer. 
– Croire: nous sommes les Ambassadeurs du Christ là où nous sommes semés. Notre foi en notre Seigneur nous enseigne à vivre, non pour nous-mêmes, mais pour les autres. Notre mission c’est d’accepter l’autre, tel qu’il est, et surtout d’accepter la croix qui est le signe de notre salut.
– Témoigner: le style de vie est plus éloquent que les discours. Les gens, de toute nationalité et de toute religion, se sentent attirés par les Saints. Ils viennent les prier et demander leur aide. Notre couvent, tout comme les vôtres, constitue un lieu d’attraction pour les gens qui cherchent la paix et l’intercession divine. Donc, l’exemple est la garantie de la réussite et de la continuité. 
– Éduquer: notre devoir principal est d’éduquer la nouvelle génération à l’ouverture, à l’amour, à l’acceptation de l’autre, et, plus encore, à aller au fond pour voir l’image de Dieu dans chaque être humain, et à éduquer les jeunes à découvrir cette image en eux-mêmes et dans les autres. Je pourrais même dire que nous avons été édifiés par quelques-uns de nos frères et soeurs d’autres religions: ils nous ont appris la fidélité, la générosité, le dévouement et le respect. 
Je voudrais conclure en disant que, si l’Église du Proche-Orient vit des situations très difficiles, dramatiques même, elle est privilégiée du fait de vivre le mystère de la Croix, participant ainsi aux souffrances du Christ, qui la conduiront à la résurrection.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Giuseppe NAZZARO, O.F.M., Évêque titulaire de Forma, Vicaire apostolique d’Alep (SYRIE)

Le Vicariat apostolique d’Alep assure la pastorale des fidèles de rite latin qui vivent dans la République arabe de Syrie. Les origines de ces fidèles remontent au temps des Républiques marines d’Italie: Venise, Gènes, Pise et Amalfi. Les marchands de ces Républiques avaient établi à Alep, cité stratégique située sur la route de la soie qui conduisait jusqu’en Extrême-Orient, leurs comptoirs commerciaux et, avec le temps, ils s’établirent dans cette ville de manière stable. Les franciscains, présents à Alep depuis 1238, s’occupèrent de leur soin spirituel.
Aujourd’hui, les fidèles de rite latin se trouvant sur le territoire syrien sont environ 12 000. À ceux-ci viennent s’ajouter autant de fidèles étrangers faisant partie des ambassades, techniciens et travailleurs appartenant à différentes catégories.
Une quarantaine de prêtres vivent dans le Vicariat d’Alep, la majeure partie d’entre eux étant des frères mineurs de la Custodie de Terre Sainte auxquels est confiée de manière permanente la pastorale des fidèles.
Nous avons la grâce d’avoir, dans le Vicariat, deux monastères de religieuses contemplatives: le monastère des soeurs Carmélites à Alep et le monastère des moniales cisterciennes de la stricte observance (communément appelées Trappistines) qui a été ouvert voici deux mois seulement dans la zone d’Azéir (Talkalakh). À celles-ci viennent s’ajouter 80 autres religieuses appartenant à 12 congrégations différentes qui, pour la plupart, prêtent leur service et leur collaboration avec les curés des diverses Églises orientales présentes sur le territoire.
Le Vicariat apostolique entend servir les fidèles de rite latin et, dans le même temps, tendre la main à toute personne qui demande de coopérer avec lui au service de l’Église de Syrie dans son ensemble et pour la Gloire de Dieu.
Je désire ici encourager le travail réalisé par l’Assemblée de la Hiérarchie catholique de Syrie. Toutefois, je souhaite une plus grande collaboration. Seulement si nous sommes unis, si nous savons nous respecter l’un l’autre, nous donnerons à l’Église de Syrie le courage d’accepter les difficultés qu’elle sera amenée à rencontrer.
L’Église de Syrie est formée de petites communautés. Personne ne peut se considérer plus grand ou plus fort que l’autre. Nous sommes tous dans une même situation de précarité. Ceci fait qu’il est absolument nécessaire de cheminer main dans la main. Nous devons unir nos forces et surmonter les ressentiments sectaires pour faire en sorte que, dans le pays qui vit la naissance de l’Apôtre Paul, prévale seulement le bien commun.

[Texte original: italien]

AUDITION DES AUDITEURS (III)

Enfin, sont intervenus les Auditeurs et Auditrices suivants:

– M. Epiphan Bernard Z. SABELLA, Professeur associé de Sociologie auprès de l’Université de Bethléem (TERRITOIRES PALESTINIENS)
– Pr. Agostino BORROMEO, Gouverneur général de l’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (ITALIE)
– Mme Jocelyne KHOUEIRY, Membre fondateur et Président du mouvement marial « La Libanaise-Femme du 31 Mai » (LIBAN)
– M. Joseph Boutros FARAH, Président de « Caritas Internationalis » pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (M.O.N.A.) (LIBAN)
– M. Tanios CHAHWAN, Membre du Conseil pontifical pour les Laïcs, président du Conseil National des Laïcs du Liban (LIBAN)
– M. Hanna ALMASSO, Membre de l’Équipe Nationale des Responsables de la J.O.C. Dubaï (ÉMIRATS ARABES UNIS)
– Rév. Mgr Michel AOUN, Vicaire épiscopal de l’Archiéparchie de Beyrouth des Maronites (LIBAN)
– Rév. Rino ROSSI, Directeur de la « Domus Galileae », Corazin (ISRAËL)
– M. Anton R. ASFAR, Membre du Conseil de l’Exarchat patriarcal des Syro-catholiques de Jérusalem (ISRAËL)
– M. Husam J. WAHHAB, Président de l’Action Catholique de Bethléem (TERRITOIRES PALESTINIENS)
– Mme Anan J. LEWIS, Professeur de Poésie anglaise victorienne et moderne, Département d’Anglais, Université de Bagdad (IRAQ)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions des Auditeurs et Auditrices:

– M. Epiphan Bernard Z. SABELLA, Professeur associé de Sociologie auprès de l’Université de Bethléem (TERRITOIRES PALESTINIENS)

Le modèle des 12 disciples de Jésus allant prêcher la Bonne Nouvelle devrait être notre modèle dans les Églises du Moyen-Orient. Leur « plan d’action » était le témoignage de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. Et tel est notre plan d’action aujourd’hui. L’Église au Moyen-Orient est multiforme, caractérisée par différentes riches traditions, liturgies et potentialités et ensemble nous sommes appelés à avoir d’un plan d’action commun qui parle de:
1.construction de la paix dans la région, et d’une paix juste et durable dans le cadre du conflit arabo-israélien qui prévoit un État palestinien, avec Jérusalem Est c
omme capitale, et qui vit en paix à l’intérieur et avec ses voisins. Nous avons aussi besoin de travailler pour la paix à l’intérieur de nos sociétés.
2. Les inégalités sociales, économiques et culturelles qui se traduisent en pauvreté, en chômage et en désespoir pour des millions de nos compatriotes. Nous fondons notre intervention sur les enseignements sociaux de l’Église et nous nous associons aux efforts réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement de l’ONU. Sa Sainteté le Pape Benoît nous a prévenu contre les idoles, telles que le capitalisme effréné qui a pour seul motivation le profit. Notre région est en même temps la plus riche et la plus pauvre du monde.
3. Émigration et immigration: Il faut être attentif aux groupes particuliers, spécialement les jeunes disposant d’une éducation supérieure et d’une spécialisation, qui peuvent être compétitifs sur le marché mondial et qui sont de probables candidats à l’émigration. Nous en avons besoin pour revigorer l’Église et nous devrions travailler à leur engagement. En même temps, nous devrions respecter les droits de l’homme et la dignité des immigrés qui viennent travailler au Moyen-Orient.
4. La vision de l’avenir pour nos sociétés et notre région qui est basée sur une égale citoyenneté, des opportunités similaires, les Droits de l’homme et la justice sociale.
Les Églises doivent proposer un modèle de direction qui renforce les communautés ecclésiales elles-mêmes et leurs sociétés. Nous devrions tous partir d’ici renforcés par le Saint-Père afin de développer des stratégies qui soient au service de nos Églises et aussi de leurs sociétés respectives. Le modèle des premiers disciples devraient nous donner de l’espoir tout comme l’aide de l’Église universelle.

[Texte original: anglais]

– Pr. Agostino BORROMEO, Gouverneur général de l’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (ITALIE)

Mon intervention se concentrera sur le thème de l’émigration (numéros 43-48 du Document de travail ). Il est évident que le phénomène de l’émigration des pays du Moyen-Orient est déterminé par des facteurs sur lesquels même l’Église- comme cela est justement souligné au numéro 44 – ne peut pas intervenir efficacement. Au-delà des aides traditionnelles aux Églises, des nouvelles stratégies pourraient toutefois être mises en oeuvre visant à améliorer les conditions de vie en faveur des chrétiens.
Je cite quelques exemples: 1/ la construction de logements sociaux; 2/ la création d’ambulatoires médicaux dans les lieux éloignés des centres hospitaliers; 3/ l’octroi de microcrédits, surtout pour financer des activités qui pourraient créer de nouvelles sources de revenus et qui augmenteraient ceux qui sont déjà reçus; 4/ l’élaboration d’un système de micro-assurances, surtout concernant le secteur des assurances santé; 5/ des contacts avec des entreprises occidentales afin de vérifier si elles pourraient être intéressées à transférer certains cycles de production au Moyen-Orient.
Évidemment, ces initiatives devront êtres mises en place en étroite collaboration avec les autorités ecclésiastiques locales et sous le contrôle des Églises. Même si les résultats pourraient être modestes, ils représenteraient toutefois un témoignage concret de la proximité des chrétiens du monde entier aux problèmes et aux souffrances des nos frères et soeurs du Moyen-Orient. 

[Texte original: italien]

– Mme Jocelyne KHOUEIRY, Membre fondateur et Président du mouvement marial « La Libanaise-Femme du 31 Mai » (LIBAN)

Je voudrais m’arrêter à la notion de « présence » telle que signalée dans la conclusion des Lineamenta. En tant que femme chrétienne appartenant à l’Élise dans le monde arabe et moyen-oriental, je considère que de la qualité de notre présence en tant que chrétiens dépend en grande partie la pérennité de notre existence devant le Seigneur notre Sauveur et devant nos frères dans cette région. La conclusion du texte affirme que cette présence pourrait devenir importante et considérable en fonction de notre comportement. 
Je pense qu’on est appelé à être (et non seulement à formuler) une réponse actuelle, humaine et culturelle, à tant de questions posées par notre génération. Réponse qui reflète le sens de l’homme nouveau et la valeur sacrée de sa vie. Nous devons offrir la chance à la femme, aux jeunes, aux couples, aux familles, et surtout aux personnes atteintes de handicap dans notre Eglise de pouvoir faire des choix de vie en cohérence avec l’Évangile et découvrir leur propre mission au sein de l’Église et de la société arabe et moyen-orientale. Je souhaite qu’on puisse accorder une attention spéciale aux volets moral, social et bioéthique touchant à l’essence de notre témoignage surtout que notre société n’est plus à l’abri des agissements qui portent atteinte à la dignité du mariage, de la procréation et de l’embryon humain. Intégrer la préparation lointaine au mariage et aux valeurs familiales doit figurer dans les priorités de nos programmes éducatifs et pastoraux pour contribuer à affronter avec conscience et responsabilité les dérives de la société de consommation qui nous envahi malgré les difficultés existentielles que nous vivons. Que la femme chrétienne puisse s’exprimer et témoigner de la beauté de la foi et du vrai sens de la dignité et de la liberté est aussi un témoignage urgent qui interpelle la femme musulmane et ouvre des pistes nouvelles au dialogue. Que nos familles puissent être soutenues et accompagnées par leur église, mère et éducatrice, afin qu’elles soient concrètement et délibérément des sanctuaires ouverts au don de la vie surtout quand cette dernière est blessée par le handicap ou les difficultés socio-économiques, n’est pas chose secondaire face à la menace continue de l’émigration. Une conversion, au niveau de notre échelle de valeurs et de notre façon d’être, s’avère très urgente. Nous sommes appelés à devenir avec Marie les serviteurs de l’Espérance dans cette région meurtrie et victime de tant d’injustice. Et qu’est ce qui empêche de lui confier ou même de lui consacrer tout le Moyen-orient menacé par tant de dangers fatals ?

[Texte original: français]

– M. Joseph Boutros FARAH, Président de « Caritas Internationalis » pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (M.O.N.A.) (LIBAN)

Au nom de Caritas, je remercie de m’avoir invité à participer à ce Synode. Je vois dans cette invitation une expression éloquente de la confiance et de l’estime que le Successeur de Pierre a pour l’action pastorale et sociale de Caritas, appelée par l’Église à remplir cette tâche. Nous espérons que Caritas, qui oeuvre de manière efficace dans tous les pays du Moyen-Orient, pourra renforcer son action, la rendre plus efficace et la développer en s’inspirant de la Doctrine sociale de l’Église, à travers l’interaction, la coordination et la coopération de tous ses membres dans le monde et avec toutes les institutions ecclésiales. La nouvelle évangélisation pourra ainsi se réaliser par l’action, le bon exemple et le témoignage afin d’établir le droit, la justice et la paix dans tous les États de la région, pour ses peuples et ses personnes. 
C’est avec un sentiment de responsabilité, d’humilité et de sincérité que Caritas remplit cette tâche et constate que l’émigration des chrétiens et leur diminution en nombre dans les pays du Moyen-Orient est due à:
1. La situation de conflit et de guerre qui règne dans la région depuis des dizaines d’années, notamment en Palestine et en Terre Sainte. Il s’agit d’une situation qui prend toujours un visage religieux et confessionnel et incite les fanatismes, ce qui fait que les chrétiens de tous les pays de la région sont menacés, préoccupés pour leur sécurité, et inquiets pour leur avenir et leur croyance.2. La situation d’isolement qui touche les chrétiens, sincèrement ang
oissés pour leur être, aux niveaux personnel et collectif, qui les empêche de produire, de se relever et de se développer et qui détériore leur situation économique et sociale et les pousse à émigrer.
Ces deux causes pourraient être traitées à travers une action sérieuse, menée aux niveaux international et local, visant la paix entre les Israéliens, les Palestiniens et les Arabes, et en soutenant les efforts de la société civile, au niveau international, visant à établir un dialogue entre les cultures et les civilisations et à faire entendre la voix de la réconciliation.
L’Église universelle peut contribuer à ces efforts qui émanent à l’origine de la Doctrine de la foi.
Parallèlement à cette action en faveur de la paix, il est indispensable que s’établisse un chantier de développement à deux niveaux économique et social pour les personnes et les communautés chrétiennes, qui soit en harmonie, sur le plan intellectuel et sur le plan pratique, avec les organisations de la société civile concernée, un chantier qui soit dirigé par l’Église universelle et locale en coordination pratique et complémentaire entre toutes leurs institutions relatives à l’éducation, à la santé, aux affaires sociales et au développement pour raviver l’espérance du citoyen et de la communauté en un présent et un avenir sûr et sain qui puisse satisfaire leurs ambitions.
Caritas s’engage à oeuvrer sur le terrain en tant qu’organisme pastoral et social de l’Église, animée par l’amour et guidée par les orientations et les enseignements de l’Église. Ses agents et ses bénévoles, agissant par milliers dans la région du Moyen-Orient et par des dizaines de milliers dans le monde entier, appliquent une méthode basée sur la culture de la solidarité, de la communion et du « dialogue des actions », afin de rétablir la réconciliation et la paix, de renforcer le développement et de faire régner la justice sociale pour tous les citoyens, surtout les chrétiens, et afin que la région du Moyen-Orient retrouve son ancien modèle basé sur la fraternité et l’entente, et que les chrétiens demeurent dans leur patrie des messagers de leur culture, de leurs valeurs, de leur civilisation et de leur croyance.

[Texte original: arabe]

– M. Tanios CHAHWAN, Membre du Conseil pontifical pour les Laïcs, président du Conseil National des Laïcs du Liban (LIBAN)

La formulation de la modernité dans le monde arabo-musulman représente une problématique à la fois tragique et complexe: tragique, parce que cette formulation est atteinte d’un handicap majeur et complexe et que sa compréhension ne dépend pas d’un seul facteur, mais plutôt de plusieurs, de nature endogène et exogène, qui se chevauchent et sont interdépendants. Ils fonctionnent à partir d’un contenu bien déterminé et se rendent visibles, dans le cadre d’une dynamique complexe, à travers des modes d’actions et de réactions. 
En effet, le mouvement de l’histoire entre l’islam et l’occident est un mouvement pendulaire de flux et de reflux. Dans le sillage des étapes historiques, ces facteurs – qui sont d’ordre historique, idéologique, religieux, social, psychologique, psycho-social et culturel- se sont formés et se sont amplifiés de part et d’autre. 
Parmi les facteurs endogènes, je considère : 
– « Le regard des arabes sur leur passé jusque-là multiple, qui a tendance à être présenté comme un paravent salutaire contre les dérives culturels ».
– La glorification de l’histoire. 
– Le complexe d’infériorité des arabes à l’égard de l’occident 
– La cause palestinienne. 
– Le conflit sur l’islam entre les composantes de l’islam. – Le sacré dans l’islam. 
– La relation de l’islam au patrimoine. 
Quant aux facteurs exogènes, je distingue: 
– « Le discours de l’occident sur les valeurs arabo-musulmanes parfois ambigu mais souvent hostile ». 
– Le complexe prométhéen de l’occident.
– La peur que l’occident a de son déclin. 
– Les convoitises de l’occident dans le monde arabo musulman. 
Cette assise synodale est appelée à aider les chrétiens d’orient à s’engager de nouveau avec leur compatriotes et à apporter des réponses d’espérances, qui favoriseront le développement d’un processus dynamique de renouveau et de renaissance de l’arabité, qui envisagerait :
– la compréhension et l’appréhension de la réalité sociale du monde arabe en vu de sa transformation ; 
– la réconciliation culturelle entre l’orient et l’ occident en vu de rendre moins fatale la logique du conflit et de l’opposition entre eux prêchée souvent par la logique du mouvement de l’histoire.

[Texte original: français]
– M. Hanna ALMASSO, Membre de l’Équipe Nationale des Responsables de la J.O.C. Dubaï (ÉMIRATS ARABES UNIS)

Permettez-moi de vous faire revenir en arrière dans le temps afin de considérer le travail et l’histoire de celui qui pourrait devenir Docteur de l’Église, le Cardinal Joseph Cardijn. Il a réussi à associer la jeunesse ouvrière appartenant à la révolution industrielle au message de notre foi et dans nos Églises et communautés à travers sa méthode du « vois, juge, agis » employée dans les Campagnes Révision de la Vie et pour l’action. Grâce à cette méthode, les jeunes travailleurs apprennent à faire évoluer leur vie en fonction de la lumière de l’Évangile et sont engagés à agir et à commencer à construire le royaume ici sur terre. Ces jeunes responsables ainsi formés parviennent à devenir les catéchistes d’autres jeunes, ce qui est exactement ce dont nous avons besoin aujourd’hui comme cela est écrit dans le Document de travail aux paragraphes 53, 62 et 108.
Les conditions de travail au Moyen-Orient, dues à la révolution technique, peuvent avoir modifié la manière de travailler de nombreuses personnes, mais la forme et le coeur de la jeunesse demeurent aujourd’hui les mêmes, et beaucoup des problèmes soulignés n’ont toujours pas disparu de nos sociétés. Ils ont besoin de la même spiritualité pour demeurer proches du Christ et pour les aider à voir que l’Église est là pour les soutenir.
Les méthodes de Cardijn sont disponibles aujourd’hui dans nombre de pays du Moyen-Orient grâce au travail de nombreuses organisations catholiques telles que la CIJOC. Cependant, comme nous le savons par expérience et comme cela a été recommandé aux paragraphes 21 et 22 du Document de travail, ces mouvements de laïcs ont besoin d’être aidés et encouragés par tous les moyens possibles. Nous demandons donc le soutien continu et accru de l’Église afin d’aider tous les mouvements de laïcs qui constituent la promesse de l’unité pour les Églises du Moyen-Orient par l’intermédiaire du travail des jeunes eux-mêmes.

[Texte original: anglais]

– Rév. Mgr Michel AOUN, Vicaire épiscopal de l’Archiéparchie de Beyrouth des Maronites (LIBAN)

Je crois fermement que ce synode donnerait une réponse aux attentes de nos fidèles s’il proposait des itinéraires pastoraux forts pour adulte, qui puissent conduire nos chrétiens à une foi adulte, et qui puissent aider les familles à être la première école de la foi. 
Il est vrai que tout homme a besoin de sécurité, à tous les niveaux, mais il ne peut pas s’attacher à sa terre s’il n’a pas une cause sublime liée à sa foi et à son existence en tant que chrétien. 
On parle, souvent de la première communauté où on voyait clairement un corps uni qui n’est que le corps mystique de Jésus. N’est-il plus possible aujourd’hui de favoriser une pastorale qui pourrait aider nos fidèles à se comprendre comme membres de cet unique corps et où ils pourraient faire un cheminement de foi basé sur la parole de Dieu et les sacrements, et faire l’expérience d’un esprit fraternel entre eux ? 
Le Saint-Père le Pape Benoît XVI ne cesse d’encourager les charismes que l’Esprit Saint suscite dans les nouvelles communautés ecclésiales où les fruits sont manifestes. Quelques fois, on objecte que ces
communautés risquent de créer une certaine division dans l’unique corps diocésain ou paroissial. Face à une telle objection, je n’ai qu’à présenter la communion comme condition pour toute pastorale réussie. Les évêques et les prêtres sont, avant tout, les garants de la communion, et au nom de cette communion, j’aimerais que ce synode les encourage à discerner les fruits que ces charismes apportent à l’Église et à les accueillir comme un nouveau printemps. Cet accueil devrait être dans un esprit paternel et de communion, pour aider les fidèles de ces communautés à s’intégrer dans la pastorale diocésaine et paroissiale et à se sentir pleinement membres actifs de l’unique Corps du Christ présent dans l’Église particulière.

[Texte original: français]

– Rév. Rino ROSSI, Directeur de la « Domus Galileae », Corazin (ISRAËL)

Dans le premier chapitre du Document de travail, en parlant de l’apostolicité et de la vocation missionnaire, il est dit: « Parce qu’apostoliques, nos Églises ont pour mission particulière de porter l’Évangile dans le monde entier ». Je suis un prêtre du diocèse de Rome en mission au Centre international Domus Galilaeae qui se trouve sur la partie haute du Mont des Béatitudes.
Avec les séminaristes et les jeunes qui oeuvrent dans notre Centre, nous avons visité de très nombreuses familles de différents rites de Terre Sainte, de Jordanie et de Chypre. Nous avons rencontré beaucoup de souffrances, les mêmes problèmes qui se trouvent dans les Églises des autres parties du monde: la crise dans de nombreuses familles, l’éloignement des jeunes de la pratique religieuse, le problème de l’avortement, la fermeture vis-à-vis de la vie, le jeu de hasard qui détruit des familles entières, le rêve de pouvoir s’en aller à l’étranger pour se créer une vie plus commode. Ne parlons pas, par ailleurs, de la drogue, de la pornographie et de l’avancée des sectes.
À l’ouverture de la Domus Galilaeae, de très nombreux juifs ont commencé à nous rendre visite. Seulement au cours de l’année dernière, ils ont été plus de 100 000. Ils sont attirés par l’accueil et par l’esthétique de la maison. Beaucoup d’entre eux ne connaissent ni l’Église ni Jésus Christ. Ils nous posent beaucoup de questions sur notre foi. Souvent, ils reviennent. Nous sentons que nous devons les accueillir et les servir comme des frères.
Je pense que l’Esprit Saint que nous avons invoqué au début de ce Synode, aime avec un coeur immense nos fidèles et qu’Il veut les sauver des attaques du démon qui les séduit, comme il sait bien le faire. C’est lui le véritable ennemi. Mais le Christ a pouvoir sur lui et ce pouvoir, Il l’a donné à l’Église, à vous pasteurs. Nous avons une responsabilité énorme envers les brebis perdues de nos paroisses. Malheur à moi si je ne les évangélisais pas! Les Pères orientaux des premiers siècles face aux défis de leur temps, dans un monde païen, ont élaboré un itinéraire d’initiation chrétienne: le catéchuménat. L’Église comme une mère, dans un lent parcours, marqué par des étapes, portait à terme la gestation de ses fils dans la Vie Éternelle. Aujourd’hui, il est nécessaire d’offrir à nos chrétiens un catéchuménat adapté à leur condition de baptisés.
Les pasteurs de Terre Sainte sont conscients des défis qui nous attendent aujourd’hui et je peux en témoigner également avec l’initiative du Patriarche latin de Jérusalem qui, en communion avec les Archevêques grec-melkite et maronite, a ouvert un séminaire missionnaire Redemptoris Mater, pour préparer des prêtres missionnaires en vue de la Nouvelle Évangélisation.

[Texte original: italien]

– M. Anton R. ASFAR, Membre du Conseil de l’Exarchat patriarcal des Syro-catholiques de Jérusalem (ISRAËL)

Être un chrétien qui vit en Terre Sainte est un grand honneur, une vocation et un témoignage de la présence du Christ pour tout chrétien. Dieu nous a accordé cette grande grâce de vivre en Terre Sainte; elle implique une grande sagesse qui pour certains est évidente, alors que d’autres ne peuvent la comprendre ni l’interpréter. Nous, chrétiens de Terre Sainte, nous vivons dans une ambiance qui ne peut être assurée dans aucun autre pays du monde. C’est une ambiance faite de pluralisme religieux, d’une part les chrétiens, les musulmans et les juifs, de l’autre les arabes et les israéliens. Celui qui dit que nous ne pouvons pas vivre ou cohabiter dans cette ambiance, qu’il abandonne cette terre, car il ne mérite pas d’être un témoin du Christ. Oui, nous pouvons vivre dans cet espace sacré de la terre, car là où il y a la souffrance, il y a la vie et il y a le témoignage. Comme l’un des Pères a dit un jour, nous nous trouvons dans un laboratoire de la convivialité, si nous parviendrons, le monde entier y parviendra.
La jeunesse chrétienne en Terre Sainte est une jeunesse capable de bâtir efficacement la société, mais elle a besoin d’un soutien continu et permanent de l’Église locale et universelle. Les jeunes chrétiens en Terre Sainte apprécient hautement ce que l’Église fait pour soutenir son existence et son appartenance à cette terre. 
L’Église catholique en Terre Sainte a agi et agira toujours pour alléger la souffrance des chrétiens en Terre Sainte en leur assurant en même temps des institutions dans les domaines de l’éducation, de la santé, ainsi que de la pastorale, des logements et des programmes de développement. Or, malgré toute son efficacité, tous ses programmes et projets visant à confirmer les chrétiens en Terre Sainte, l’Église n’a pas les ressources suffisantes pour pouvoir changer la réalité que les autorités israéliennes imposent afin de modifier l’aspect de la terre, surtout à Jérusalem. Je remercie ici son Éminence le cardinal Folley pour avoir pris conscience de cette question et pour l’attention qu’il y consacre. Dans son bref discours, il y fait allusion: « Les infrastructures contrôlées par les Israéliens rendent cela difficile ». Les terrains dans la région de Jérusalem sont très réduits et beaucoup sont menacés d’expropriation ou de vente, mais l’Église n’a pas les moyens pour acheter ces terrains qu’on lui offre tous les jours. Ceci diminue les occasions d’assurer aux futures générations la possibilité d’habiter et de confirmer leur présence à Jérusalem. Tout le monde apprécie hautement ce que le Patriarcat latin et la Custodie de Terre Sainte font en ce sens afin de conserver son identité sacrée, et ce que d’autres Églises ont fait, mais les chiffres parlent d’une grande demande de logements à Jérusalem de la part des chrétiens. Ceci décourage nos jeunes et accroît leurs charges, surtout économiques, en les poussant ainsi à avoir moins d’enfants. En effet, ces derniers temps on constate une diminution du nombre d’enfants dans les familles chrétiennes. 
Excellences, voici quelques souhaits:
1. Créer une caisse pour la Terre Sainte qui s’appellerait Caisse pour le soutien de la présence chrétienne en Terre Sainte, qui serait mise à la disposition du Conseil des Évêques catholiques en Terre Sainte, et qui comporterait des mécanismes particuliers afin d’atteindre les objectifs suivants:
a) l’achat d’un plus grand nombre de terrains dans la région de Jérusalem, en particulier, et de Béthléem en général, à cause du cachet sacré des deux lieux et de la nécessité d’y sauvegarder la présence chrétienne
b) encourager les jeunes à se marier en leur assurant un premier soutien pour former une famille chrétienne
c) assurer le plus grand nombre possible de logements.
2. Afin de réduire le poids économique qui pèse sur les croyants dans les deux régions de Jérusalem et de Béthléem, faire en sorte que tous les habitants chrétiens de ces deux régions soient exonérés des frais scolaires et universitaires, ce qui renforcerait leur présence dans la région et les encouragerait à avoir plus d’enfants.
Je remercie Sa Sainteté le Pape de m’avoir convoqué à ce Synode vivant et vital p
our notre région et je remercie tous ceux qui le constituent.

[Texte original: arabe]

– M. Husam J. WAHHAB, Président de l’Action Catholique de Bethléem (TERRITOIRES PALESTINIENS)

En tant que témoin chrétien en Terre Sainte, je vois que la présence chrétienne en Terre Sainte est essentielle et donne vie aux Lieux Saints. Avec cette présence, nous affrontons de nombreuses difficultés qui mettent la présence chrétienne en jeu. Une partie de ces difficultés est la division de l’Église, l’émigration, l’isolement, l’instabilité politique et l’occupation.
À côté de la division de l’Église et de l’émigration, nous devrions être attentifs au danger de la possible élimination des chrétiens palestiniens de notre société. Notre préoccupation à propos de cette question vise dans un premier temps à éviter la préoccupation et l’isolement de manière à ce que les palestiniens chrétiens ne se sentent pas injustement traités. Dans ce but, nous cherchons à être avec eux de manière à travailler et à leur faire sentir qu’ils font tous partie de leur société.
Le concept de séparation entre la religion et l’État au Moyen-Orient n’existe pas vu que de nombreuses lois et de nombreux règlements sont inspirés par la religion. Nos efforts devraient viser principalement à influencer les législateurs afin qu’ils respectent la vie privée des citoyens chrétiens dans la société.
La société chrétienne apprécie le travail de l’Église au cours de ces années passées et le soutien continu des institutions chrétiennes locales. De plus, la société arabe qui nous entoure apprécie fortement la présence des instituts chrétiens, spécialement des écoles catholiques, de l’Université de Bethléem, des hôpitaux qui construisent des ponts de compréhension et de respect entre les musulmans et les chrétiens.
Les Évêques, les prêtres et les laïcs devraient travailler afin de créer une atmosphère qui assure la promotion d’une culture de paix et de justice. Cette atmosphère de paix et de justice encouragera la génération future à demeurer dans son pays.
Il est vital pour l’Église de travailler avec les laïcs dans le domaine de la formation, spécialement avec les enfants et les jeunes, pour unifier toutes les vocations de manière à les faire croître ensemble en communion. Dans cette perspective, l’Action catholique et d’autres types d’institutions sont utiles pour travailler avec l’aide des laïcs et de l’Église, de manière à promouvoir l’unité et les sentiments de paix intérieure. L’Église devrait ouvrir des possibilités aux relations internationales avec les autres Églises et communautés du monde afin de promouvoir des pèlerinages en Terre Sainte qui créent plus de solidarité envers la présence chrétienne.
Notre but est de continuer à être présents au Moyen-Orient et de développer nos programmes d’une manière qui attire toujours plus de personnes à être témoins de notre Seigneur Jésus, à répandre la Parole de Dieu dans notre communauté et à vivre notre vie chrétienne avec fierté de manière à constituer un exemple vivant pour la génération future.

[Texte original: anglais]

– Mme Anan J. LEWIS, Professeur de Poésie anglaise victorienne et moderne, Département d’Anglais, Université de Bagdad (IRAQ)

Parlant en tant que vierge consacrée (Ordo Virginum) en Irak, professeure d’Université et directrice de la jeunesse pour l’Église latine et représentant le peuple laïc d’Irak, je voudrais mettre l’accent sur le fait que mis à part la sécurité et la stabilité politique et sociale, rien ne peut donner des raisons aux chrétiens d’Irak de rester et d’être profondément enracinés dans leur pays et leur foi sans un sincère soin spirituel et pastoral engagé par les pères de l’Église. Les chrétiens irakiens sont maintenant dans un urgent besoin d’être nourris avec amour ainsi qu’ embrassés par le soutien spirituel de bons prêtres qui soient aussi formés. Ni les homélies du dimanche, ni les classes de catéchisme du vendredi pour les enfants sont suffisants à encourager le peuple laïc à rester. Au lieu de donner des fonds pour rénover des chapelles ou acheter des maisons vides ou des hangars décorés, bâtissons des pierres vivantes et établissons des petits projets pour les jeunes filles et garçons afin qu’ils découvrent leurs astucieuses capacités professionnelles. Tenir des réunions sur une base régulière pour eux et leurs familles, en les illuminant sur leur rôle sacré de peuple laïc consacré est tout aussi crucial; autrement, il sera tout à fait vain de critiquer les groupes protestants qui tentent aux catholiques l’envie de quitter leur foi. Et si tout cela sonne comme extravagant, les rencontrer personnellement pourrait être utile!
Par contre, les chrétiens laïcs irakiens sont conscients que l’Église fait de sincères efforts pour approfondir leur foi et améliorer leur situation économique et sociale à l’intérieur de ses possibilités. Ils savent aussi que le fardeau ne repose pas seulement sur les épaules des Églises; le gouvernement irakien et la communauté internationale partage beaucoup de responsabilités, mais reste actuellement silencieuse. C’est pourquoi, je vis comme une chrétienne irakienne au milieu de sévères conditions où chaque minute de sécurité compte. Néanmoins, des chrétiens laïcs, particulièrement ceux qui ont toujours été conscients de l’importance du témoignage de la foi, même en temps de paix ou de guerre, persévèrent à être des témoins authentiques, qui renforcent leur communion avec l’Église dont ils sont une partie intégrante. Leur rôle, qui est en train de devenir parfois plus influent que celui du clergé consiste à incarner l’aide pour les pauvres et les malades, à organiser des activités sociales et spirituelles pour les personnes âgées et pour les jeunes, à établir des groupes de prières, des équipes de services sociaux et médicaux pour les personnes nécessiteuses, comme cela est le cas dans différents programmes de Caritas, ou à aider leurs prêtres de paroisse dans le domaine de l’enseignement, du catéchisme ou de la liturgie. De tels chrétiens engagés en Irak, hommes et femmes, sont conscients de leur rôle irremplaçable; bien que toujours en face de la mort où chaque minute compte, ils contribuent à la construction de la société irakienne, s’efforçant de travailler en faveur de tous les chrétiens qui sont déplacés, marginalisés, ou éprouvés dans la foi, en créant un climat d’amour et de coexistence pacifique au milieu des irakiens indépendamment de la religion et du genre. 

[Texte original: anglais]

INTERVENTION DE S.B. ÉM. LE CARD. EMMANUEL III DELLY, PATRIARCHE DE BABYLONE DES CHALDÉENS (IRAQ), PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ AD HONOREM

À la fin de la Congrégation, a pris la parole S. B. Ém. le Card. Emmanuel III DELLY, Patriarche de Babylone des Chaldéens (IRAQ), Président délégué ad honorem, qui a remercié tous ceux qui ont montré leur sympathie envers l’Iraq, berceau des chrétiens de l’Église chaldéenne, et en général des Églises orientales de la région perse. Le Patriarche a rappelé que 78 pour cent des chrétiens de la Mésopotamie sont des chaldéens catholiques qui vivent pacifiquement avec les musulmans de la région. Malgré les situations politiques et l’émigration, le Patriarche a souligné que la liberté religieuse, le respect envers les hiérarchies et l’estime envers les institutions et les oeuvres ecclésiastiques existent en Iraq.

Synthèse de l’intervention de S. B. Ém. le Card. Emmanuel III DELLY, Patriarche de Babylone des Chaldéens (IRAQ)

Nombreux sont ceux qui veulent entendre parler de l’Iraq qui occupe, aujourd’hui au Moyen-Orient, une place importante mais, je le dis immédiatement, un peu exagérée.
Je remercie de tout coeur tous ceux qui ont parlé dans cette salle de l’Iraq, en montrant leur sympathie envers ce pays qui est le berceau des chrét
iens et, en particulier, de l’Église chaldéenne et de l’Église orientale sous l’empire perse. Aujourd’hui encore, 78% des chrétiens de la Mésopotamie sont des chaldéens catholiques. La population de ce pays, traversé par deux fleuves renommés, le Tigre et l’Euphrate, compte 24 millions d’habitants, tous musulmans, avec lesquels nous vivons en paix et en liberté. À Bagdad seulement, la capitale de l’Iraq, les chrétiens ont 53 chapelles et églises. Les chaldéens ont plus de sept diocèses dans le pays et le patriarche de l’Église chaldéenne vit aujourd’hui à Bagdad.
Les chrétiens sont bons envers leurs confrères musulmans et, en Iraq, ils se respectent mutuellement. Les écoles chrétiennes sont très appréciées. Aujourd’hui, les gens préfèrent fréquenter les écoles dirigées par les instituts chrétiens et surtout par les religieuses.
Malgré toutes les situations politiques et religieuses, et malgré l’émigration, nous avons aujourd’hui en Iraq près d’un million de chrétiens sur 25 millions de musulmans. Nous avons la liberté de religion dans nos églises.
Le chef religieux, évêque ou prêtre, est écouté et respecté par les responsables ses compatriotes.
Nous avons notre séminaire, les moines et les religieuses, et les soeurs chaldéennes.

[Texte original: italien]

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ZENIT Staff

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