Les chrétiens doivent aider le monde à entendre l’appel de Dieu

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Homélie du dimanche 25 avril, par le P. Laurent Le Boulc’h

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ROME, Vendredi 23 avril 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 25 avril, proposé par le P. Laurent Le Boulc’h.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (10, 27-30)

Jésus avait dit aux Juifs : « Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger). » Il leur dit encore : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

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Pour les esprits libres que nous aimerions être, la parabole du bon pasteur dérange. Nous n’aimons pas passer pour des moutons ! L’image des brebis et du troupeau passe mal. Passivité, suivisme, conformisme. Danger de manipulation, de mise au rang. Ne voir qu’une seule tête, laminer les personnalités. Obéissance au chef… La parabole du bon pasteur semble nous ramener aux temps d’une société et d’une Eglise trop marquées par l’organisation hiérarchique, avec d’un côté les pasteurs et, de l’autre, les moutons.

Mais, est-ce vraiment ainsi qu’il faut lire la parabole du berger ?

A y regarder de plus près, la parabole de l’Evangile nous parle bien davantage de l’attitude du pasteur que de celle des brebis. Elle parle bien plus des exigences posées au berger plutôt qu’aux brebis. Le plus lié, le plus contraint par les autres, dans cette parabole, c’est surtout le berger.

La parabole n’est donc pas d’abord un appel pour les brebis à suivre docilement leur pasteur, même si cela n’est pas totalement absent. La parabole de l’Evangile nous parle avant tout de l’attitude du bon berger. Elle nous parle de cet homme qui se donne pour ses brebis. Il consacre sa vie pour elles. Il donne vraiment sa vie pour elles, insiste la parabole. C’est un homme qui vit avec ses brebis une relation exigeante. Il les connaît, il se bat pour que personne ne les arrache de sa main. C’est un berger qui se préoccupe aussi des brebis qui sont au dehors de l’enclos. Il paye de sa personne pour elles, n’hésitant pas, dit par ailleurs l’Evangile, à quitter le troupeau pour aller chercher au plus loin la brebis égarée, menacée de perte.

Dans notre époque de liberté, toutes sortes de modèles cohabitent, faire des choix pour inventer sa vie n’est pas simple. Beaucoup semblent en quête de guides qui pourraient les conduire vers une vie meilleure. Les livres de sagesse se vendent comme des petits pains ; la philosophie trouve une nouvelle jeunesse ; des règles éthiques sont réclamées partout ; la spiritualité a le vent en poupe…

Jésus se présente comme le bon pasteur. «  Moi, je suis le bon pasteur ». Pour les croyants de l’Evangile il n’y a pas de guide plus sûr pour conduire sa vie.

La parabole du bon berger, c’est le portrait de Jésus lui-même. Il suffit de suivre ses pas dans l’Evangile pour reconnaître en lui le bon berger. Il est celui qui se donne jusqu’au bout, au prix de sa vie, pour ses brebis. Il est le berger en sortie qui n’a pas peur de quitter le troupeau pour aller au plus loin. Il s’en va rejoindre le plus exilé, le plus errant et témoigner qu’en lui demeure quelque chose de sacré, qu’il est encore digne d’un amour qu’on peut penser complètement fou et déraisonnable, mais un amour pourtant qui traverse l’échec et redonne espoir.

Depuis 2000 ans, des hommes et des femmes se sont laissés conduire par ce berger-là. Le Christ est devenu pour eux le bon pasteur. L’Evangile est leur trésor. En lui, ils apprennent à devenir moins dupes de leurs esclavages, un peu plus lucides sur eux-mêmes. En lui, ils deviennent plus libres, plus humains.

L’Eglise est le signe du bon Pasteur. Au milieu des hommes, de génération en génération, malgré ses défaillances, l’Eglise se fait l’écho de la voix du Christ, le bon pasteur. En elle, les brebis écoutent la Parole du Ressuscité. En elles, des croyants deviennent signes à leur tour du bon pasteur.

Notre monde cherche des guides. Il a besoin de ces témoins de l’unique pasteur. Il a besoin d’hommes et de femmes qui vivent dans l’inspiration évangélique du bon pasteur.

Elles parlent au monde, elles lui donnent à réfléchir, toutes ces vies en retrait loin du bruit et de l’agitation, dans des monastères, où se trouvent contestées radicalement les valeurs dominantes qui mènent trop souvent les existences actuelles branchées sur la consommation et le paraître. Elles interrogent notre monde la vie de ces hommes et de ces femmes qui ouvrent à la beauté de la vie intérieure et au mystère de la grandeur de Dieu en l’homme.

Elles parlent au monde, elles lui donnent à réfléchir, l’existence de tous ces hommes et de ces femmes, religieux et religieuses, diacres, qui vivent gratuitement, sans rien attendre de retour, dans le compagnonnage avec tous ceux dont ils partagent simplement la vie professionnelle, sociale, familiale. Ces vies sont comme des bulles d’oxygène, des îlots de fraternité évangélique dans des mondes étouffés par trop de violence.

Elles parlent au monde, elles lui donnent à réfléchir, la vie de tous ces hommes qui ont reçu de l’Eglise la grâce de devenir pasteurs, prêtres, guides spirituels pour des communautés chrétiennes. Ils sont des constructeurs de communautés d’Eglise, des annonceurs de la Parole de l’Evangile du Christ qui redonne du sens et de l’espérance aux hommes. C’est à cause de la beauté de ce que les prêtres représentent que le scandale dans lequel sont tombés quelques uns d’entre eux devenus l’incarnation du mal vis-à-vis des plus petits nous révolte. Par eux le bon pasteur est dénaturé. Que ce drame ne nous conduise pas cependant à ne plus reconnaître la grâce du ministère des prêtres dans notre Eglise et notre monde.

Elles parlent au monde, elles lui donnent à réfléchir toutes ces vies données au service de l’Evangile et de l’Eglise. Mais ces vies là deviennent trop rares aujourd’hui en occident. Elles nous manquent de plus en plus.

Ce n’est pas que l’appel de Dieu se soit tu. Je reste intimement convaincu que Dieu n’est pas devenu silencieux. Le Dieu de l’Evangile appelle toujours au cœur des hommes.

Ce qui fait défaut ce serait davantage quelque chose comme une caisse de résonance. Quelque chose qui rendrait plus audible et plus puissant l’appel de Dieu. Car, trop souvent cet appel se trouve comme enfermé dans l’intériorité de celui qui se pose des questions. Il reste trop seul avec ce désir caché en lui. Il lui manque des signes en retour qui feraient que sa question n’est plus seulement sa question mais celle de toute une communauté, son désir personnel mais le désir de toute une communauté.

Les conditions actuelles de l’existence ne rendent pas évident l’écoute des appels de Dieu. A plus forte raison s’il leur manque une caisse de résonance.

Or, cette caisse de résonance c’est nous, frères et sœurs. Il revient à chacun de nous, chrétiens engagés à la suite du bon pasteur, de devenir caisse de résonance de l’appel de Dieu au cœur des hommes. Nous le serons en osant parler plus naturellement de l’appel de Dieu dans ces vocations particulières sans en faire une question extraordinaire. Nous le serons en relayant davantage ces appels dans la prière ensemble. Que notre communauté n’ait donc pas peur d’amplifier les appels de Dieu au coeur des hommes d’aujourd’hui. Amen.

Le P. Laurent Le Boulc’h est curé de la paroisse de Lannion et modérateur de la paroisse de Pleumeur Bodou, secrétaire général du conseil presbytéral du diocèse de Saint Brieuc et Tréguier (Côtes d’Armor – France).

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ZENIT Staff

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