ROME, Mardi 27 avril 2010 (ZENIT.org) - La crise alimentaire au Niger et en d'autres parties du Sahel occidental, doit être affrontée de toute urgence, avant que la saison des pluies ne rende impossible la remise des aides aux régions les plus reculées.

C'est l'avertissement lancé par Caritas qui souligne que « la situation, dans certaines zones, est déjà très grave ».

« Beaucoup de gens n'y mangent plus que des plantes sauvages », affirme Bruno Sossou, bénévole chez Caritas Niger, après avoir visité plusieurs villages éloignés. «  L'aide doit arriver rapidement, prévient-il. Quand la saison des pluies commencera dans 45 jours, certaines régions éloignées seront inaccessibles ».

« Conséquence directe de cette insécurité alimentaire, souligne Caritas, on observe actuellement un exode rural massif vers les zones urbaines et les pays limitrophes. Beaucoup d'écoles ferment faute d'élèves et de plus en plus de champs ne sont plus cultivés ».

La situation est particulièrement grave au Niger mais tous les pays de l'ouest du Sahel sont affectés par cette crise. Des millions de personnes risquent de souffrir de malnutrition en raison des sécheresses de l'année dernière et des conséquences à long terme de crises passées.

Plus de 800 000 enfants de moins de cinq ans pourraient avoir besoin de traitement contre la malnutrition aiguë sévère au Burkina Faso, en Mauritanie, au Mali, au Niger au nord du Nigeria et au Tchad.

« Au Niger la crise a été sous-estimée. L'insécurité alimentaire était un sujet tabou sous le gouvernement précédent, renversé par un coup d'Etat le18 février ».

« Ce n'est que quand les médias et des associations internationales ont fait pression pour que le gouvernement mène une enquête que nous avons réalisé l'urgence de la situation », déclare Raymond Yoro, secrétaire général de Caritas Niger (CADEV Niger).

Selon l'enquête conduite par le gouvernement en décembre, près de 7,8 millions de personnes, soit près de 60 pour cent de la population, sont menacées d'insécurité alimentaire.

« Le climat politique a des conséquences directes sur notre travail », souligne Raymond Yoro, précisant que depuis le coup d'Etat, « ils sont maintenant libres » de coordonner leurs efforts avec d'autres ONG et disposent de cartes détaillées sur le problème, qui leur permettent d'agir là où les gens ont le plus besoin d'eux.

Caritas prévoit de lancer un appel d'urgence visant à fournir de la nourriture et autres secours aux couches les plus vulnérables de la population. Le projet vise à aider près de 250 000 personnes dans 327 villages.

« Dans un premier temps nous devons nous occuper des situations les plus urgentes par le biais de l'aide alimentaire, a précisé Maliki Oumarou, gestionnaire des urgences chez Caritas Niger, mais dans un deuxième temps, nous mettrons en place un programme de réhabilitation axé sur l'appui à la production, des activités génératrices de revenus en milieu rural et une amélioration durable de la sécurité alimentaire ».