ROME, Mardi 9 février 2010 (ZENIT.org) - Le Saint-Siège a assuré ce mardi, à travers un communiqué, que ni la secrétairerie d'Etat du pape, ni le directeur de « L'Osservatore Romano » ne sont impliqués dans les événements qui ont conduit à la démission, le 3 septembre dernier, du directeur du quotidien de la Conférence épiscopale italienne « Avvenire », M. Dino Boffo.

« Depuis le 23 janvier, des nouvelles et des reconstructions concernant les événements liés à la démission du directeur du quotidien catholique italien « Avvenire » se multiplient, surtout dans de nombreux médias italiens, avec l'intention évidente de démontrer une implication dans cette affaire, du directeur de L'Osservatore Romano, en allant même jusqu'à insinuer une responsabilité du cardinal secrétaire d'Etat », lit-on dans le communiqué de la secrétairerie d'Etat. « Ces nouvelles et ces reconstructions sont sans fondement », est-il précisé.

Les médias italiens accusent Giovanni Maria Vian, directeur de « L'Osservatore Romano » d'avoir remis, il y a plusieurs mois, un document faux et diffamatoire contre Dino Boffo, au quotidien « Il Giornale », qui appartient à la famille du président Silvio Berlusconi. Dans un article de première page, publié le 28 août 2009, le directeur de « Il Giornale », Vittorio Feltri, faisait allusion à un procès pour harcèlement contre Dino Boffo, en se basant sur ce document.

Le 2 septembre, Vittorio Feltri annonçait qu'il avait obtenu les informations révélant la culpabilité de Dino Boffo, à travers les « services secrets » du Vatican, ce qui fut démenti, de manière catégorique, par le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, qui fit notamment remarquer qu'il n'existe pas de services secrets au Vatican.

Le 3 septembre, « Avvenire » rejetait en « 10 points » les accusations de « Il Giornale ». Le jour même, Dino Boffo présentait malgré tout sa démission de directeur de « Avvenire », ainsi que de la chaîne de télévision « Sat2000 » et de « Radio inBlu », à travers une lettre au président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Angelo Bagnasco, expliquant qu'il ne souhaitait pas impliquer davantage l'Eglise dans cette affaire. Le cardinal italien accepta sa démission en lui transmettant ses « regrets », sa « profonde gratitude » et son « estime ».

Le 19 septembre, le vaticaniste Sandro Magister revenait sur cette affaire dans son blog, accusant le directeur de « L'Osservatore Romano » Giovanni Maria Vian d'avoir soutenu la campagne contre Dino Boffo par un article signé avec le pseudonyme de Diana Alfieri, dans « Il Giornale » du 19 septembre.

Le 4 décembre, Vittorio Feltri reconnaissait toutefois que « la reconstruction des faits décrits dans la note » qu'il avait reçue « ne correspond pas au contenu des actes du procès ». « Boffo a su attendre, malgré tout ce qui a été dit et écrit, en adoptant une attitude sobre et digne qui ne peut que susciter l'admiration », écrivait le directeur de « Il Giornale ».

Le 30 janvier, Vittorio Feltri affirmait avoir reçu le document du casier judiciaire de Dino Boffo attestant le procès contre lui, à travers « une personnalité de l'Eglise de laquelle on doit se fier au plan institutionnel ». Une affirmation reprise par de nombreux journaux qui en ont déduit que la personne à laquelle se référait le directeur de « Il Giornale » était le directeur de « L'Osservatore Romano » ou le cardinal Bertone. Mais Vittorio Feltri lui-même a démenti ces affirmations en disant qu'il ne connaissait ni le directeur de « L'Osservatore Romano » ni le cardinal Bertone, qu'il ne les avait « jamais rencontrés ».

Dans le communiqué publié ce mardi, la secrétairerie d'Etat affirme qu' « il est faux que des responsables de la Gendarmerie vaticane ou le directeur de « L'Osservatore Romano » ont transmis des documents qui sont à la base de la démission, le 3 septembre dernier, du directeur de l' « Avvenire » ; il est faux que le directeur de « L'Osservatore Romano » a donné - ou en tous cas transmis ou confirmé de quelque manière que ce soit - des informations sur ces documents, et il est faux qu'il a écrit avec un pseudonyme, ou qu'il a inspiré des articles dans d'autres journaux ».

« A mesure que se multiplient les argumentations et les hypothèses les plus incroyables - qui se répètent dans les médias avec une consonance vraiment singulière - on voit clairement que tout est basé sur des convictions infondées, avec l'intention d'attribuer au directeur de « L'Osservatore Romano », de manière gratuite et calomnieuse, une action non motivée, irraisonnée et méchante. Ceci donne lieu à une campagne de diffamation contre le Saint-Siège, qui implique le Pontife romain lui-même », ajoute la secrétairerie d'Etat.

« Le Saint Père Benoît XVI, qui a constamment été informé, déplore ces attaques injustes et injurieuses, renouvelle une pleine confiance en ses collaborateurs et prie afin que ceux qui ont vraiment à coeur le bien de l'Eglise oeuvrent par tous les moyens pour que s'affirment la vérité et la justice », conclut-elle.

Jesús Colina