ROME, Vendredi 5 février 2010 (ZENIT.org) – Sainte Bernadette Soubirous a un lien particulier avec les malades, et donc aussi avec la Journée mondiale du malade parce que non seulement elle a été elle-même malade mais parce qu’elle a été une infirmière « parfaite » au dire du médecin.
Lourdes à Rome
C’est l’un des aspects soulignés par Mgr Jacques Perrier, qui a présenté, aux côtés de Mgr Zygmunt Zimowski la Journée mondiale du malade, dont l’épicentre, le 11 février 2010 sera Rome, du fait du XXVe anniversaire de la fondation par Jean-Paul II du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé.
La célébration du 11 février – en la fête de Notre-Dame de Lourdes – prévoit une procession, dont l’organisation est confiée à l’UNITALSI, de Castel Sant’Angelo à la basilique Saint-Pierre, avec la statue de Notre Dame de Lourdes et le reliquaire de sainte Bernadette. Le pape lui-même présidera ensuite la messe en la basilique vaticane. Le soir, une procession aux flambeaux s’achèvera place Saint-Pierre avec la bénédiction de Benoît XVI.
Certes, le corps de sainte Bernadette est intact, et conservé à Nevers, mais, lors de la 3e exhumation, pour sa canonisation, en 1933, un chirurgien a été chargé de prélever quelque relique, a précisé Mgr Perrier, allant au-devant des objections sur la « réalité » de la relique.
Mais surtout Mgr Perrier a fait trois observations à propos du lien entre Lourdes et les malades.
Un mystère lumineux
Tout d’abord, les malades n’ont commencé à venir à Lourdes qu’après la découverte de la source. En ayant bu de l’eau de la source, en priant, certains ont été guéris.
Il a fait remarquer que Bernadette elle-même n’a jamais demandé la guérison de son asthme, qui semble être une séquelle du choléra qu’elle a contracté lors de l’épidémie qui a frappé Lourdes trois ans avant les apparitions de 1858. Et elle n’en a jamais guéri.
Or, Mgr Perrier, se référant au 3e mystère « lumineux » du rosaire que le mosaïste slovène, le P. Marko Ivan Rupnik, sj, a représenté sur la façade de la basilique du Rosaire, qui est l’ « annonce du Royaume », a fait observer cette scène du paralytique que les disciples font passer par le toit et auquel Jésus dit d’abord « tes péchés sont pardonnés », puis le Christ lui accorde aussi la guérison corporelle.
Cette guérison, comme celles de Lourdes, est complète dans la perspective évangélique : elle touche toute la personne. Même les malades qui ne sont pas guéris physiquement rentrent de Lourdes non pas « déçus ou désespérés », mais remplis de « force », de « lumière », « d’espérance », a souligné Mgr Perrier.
Le second aspect souligné par Mgr Perrier est que Bernadette a été elle-même « une malade exemplaire » et une « infirmière exemplaire ».
Bernadette, pas masochiste
Elle vécut encore 19 ans après les apparitions, malgré sa maladie. Elle « assuma sa condition de malade sans se plaindre », mais « elle détestait la souffrance » et fit « tout son possible pour se soigner ». Elle accepta de « souffrir en union au Christ qui avait souffert » : elle n’était « pas du tout masochiste », a insisté l’évêque de Lourdes.
Elle a été également une infirmière « remarquable ». C’est pour soigner les malades qu’elle a voulu entrer chez les sœurs de Nevers. Et elle a fréquenté l’infirmerie à la fois comme malade et comme infirmière. Le couvent avait une centaine de sœurs : le rôle de l’infirmière était important. Le médecin a dit de Bernadette qu’elle était « parfaite » à la fois par sa compétence, son « exigence pratique », son « humour » et sa « charité », a précisé Mgr Perrier : elle peut donc être un « modèle » pour les infirmières ou infirmiers.
Troisième série de remarques de Mgr Perrier à propos du lien entre Lourdes et les malades : les pèlerinages de Jean-Paul II et de Benoît XVI.
A Zenit, Mgr Perrier a confié que Jean-Paul II, pourtant si lié à Czestochowa et à Fatima citait « toujours en premier » Lourdes dans la liste des sanctuaires mariaux : il y était aussi particulièrement attaché.
Jean-Paul II, malade parmi les malades
L’évêque a invité à relire le discours de Jean-Paul II aux malades, en 1983, et donc deux ans après l’attentat du 13 mai 1981 : en particulier, il fait observer qu’arriver à offrir la souffrance prend du temps. Le pape parle en connaissance de cause, son discours n’est pas « idéaliste », remarque Mgr Perrier.
En 2004, le voyage de Jean-Paul II à Lourdes a été son dernier voyage en dehors de l’Italie. Il a certainement, a relevé Mgr Perrier, apporté du réconfort aux malades ou aux personnes handicapées, en voyant comment on pouvait « tenir sa place » dans la société et dans l’Eglise même avec des moyens réduits.
Pour ce qui est du voyage de Benoît XVI en 2008, à l’occasion du Jubilé des apparitions, Mgr Perrier a confié à Zenit qu’il avait été touché que peu de temps après son élection, le pape lui a fait part de son désir de venir à Lourdes aussi pour ce Jubilé.
Benoît XVI et l’onction des malades
A propos de la messe du 15 septembre 2008, Mgr Perrier a souligné la volonté du pape de conférer le sacrement de l’onction des malades à 12 malades d’âges et de conditions différentes. Il restera peut-être dans l’histoire, a-t-il fait remarquer, comme le pape qui a publiquement donné le sacrement des malades lors d’un grand pèlerinage, de même que Jean-Paul II a marqué les esprits en tenant à conférer le sacrement de la réconciliation – une fois par an, le Vendredi Saint, en la basilique Saint-Pierre.
Enfin, lors de l’échange avec la presse, Mgr Perrier a indiqué que des transformations auraient lieu aux « piscines » : les « négociations administratives sont en cours ». Pourquoi ? D’une part, Mgr Perrier fait observer que dans le message de la Vierge Marie, il est dit de « boire » l’eau et d’aller se « laver » : comment faire pour que ce soit possible ? Or, les piscines proposent un « bain » et tous ne veulent pas ou ne peuvent pas se baigner (leur nombre aussi les en empêche). En outre, il s’agit aussi de transformer l’espace de façon à pouvoir accompagner les personnes dans leurs démarches, les aider à se préparer spirituellement. La réflexion lancée sur ce sujet il y a plusieurs dizaines d’années a donc conduit à un consensus dans les sanctuaires en vue de ces transformations.
Anita S. Bourdin