"Marie dans le dialogue oecuménique et dans les relations interreligieuses".

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Colloque à Lourdes

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CITE DU VATICAN, Mercredi 23 mai 2001 (ZENIT.org) – A l´occasion du mois de mai, mois de Marie, nous avons demandé à Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes de nous parler du prochain colloque organisé à Lourdes les 7 et 8 juin 2001 sur « Marie dans le dialogue oecuménique et dans les relations interreligieuses ». Ce colloque correspond en effet, explique Mgr Perrier à « l´une des responsabilités de Lourdes ». La rencontre est organisée en collaboration avec le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Z – Mgr Perrier, vous organisez à Lourdes en juin un colloque sur Marie dans le dialogue oecuménique et interreligieux. Pourquoi avoir choisi ce thème?

Mgr Perrier – Déjà l´année dernière, nous avions organisé un colloque en rapport avec le thème pastoral de Lourdes. Le thème pastoral étant l´eucharistie, nous avions pris comme sujet du colloque : l´adoration eucharistique.

L´année 2001 étant placée sous le signe du Magnificat, nous avons retenu un aspect du culte marial qui ne soit pas trop rebattu et qui corresponde à l´expérience de Lourdes. Or, c´est un fait, des chrétiens de toutes confessions et des croyants de toutes religions viennent à Lourdes,
autrement qu´en curieux.

Z – C´est paradoxal: on pourrait penser que Lourdes (pas seulement à cause des « marchands du temple », mais certaines formes de piété mariale) est tellement caractéristique de la dévotion « catholique » que des frères d´autres sensibilités chrétiennes seraient plutôt rebutés par le lieu? Comment l´invitation a-t-elle été reçue? C´est aussi la vocation du sanctuaire?

Mgr Perrier – Depuis 1984, un pavillon est tenu par le Service  » Pour l´unité des chrétiens  » et le Pasteur Tartier était venu en 1994 en fêter le dixième anniversaire. Il avait, alors, prononcé une conférence sur Marie pour les protestants. Par ailleurs, il ne faut pas compter seulement avec les Réformés, même s´ils sont les plus actifs dans les relations oecuméniques françaises. Lourdes concerne le monde entier : les familles chrétiennes sont très diverses. Or, nous savons la place que tient Marie chez les Orthodoxes ou chez les Anglicans, par exemple.

Un colloque n´est pas une conférence qui se doit d´aboutir à un résultat. Vient qui veut pour dire ce qu´il veut. Libre à certains de dire que le sujet ne les concerne pas. Il y a bien des catholiques qui ne sont jamais venus à Lourdes, n´ont aucune intention d´y venir et qui sont pourtant d´authentiques catholiques. Nous sommes dans le domaine des libres convictions et de la libre pratique.

Z – Est-ce qu´il n´y a pas un risque de perdre la « spécificité catholique » de la dévotion mariale lorsqu´on parle de dialogue oecuménique?

Mgr Perrier – La spécificité catholique à Lourdes ne se manifeste pas seulement par la dévotion mariale mais aussi par les sacrements qui sont célébrés ainsi que par les évêques et les prêtres qui exercent leur ministère. Je crois que Lourdes peut renforcer l´accueil oecuménique des chrétiens qui souhaitent venir sans risquer de perdre son originalité.

Z – Le groupe des Dombes sera évoqué: pourquoi le document élaboré est-il important?

Mgr Perrier – Le document des Dombes est important par la qualité de ses auteurs et par l´audace même de l´entreprise : sur un sujet supposé aussi polémique, chercher si la foi est réellement différente. C´est une démarche de ce genre qui a permis la signature de l´accord entre catholiques et luthériens sur la justification.

La nouveauté du document des Dombes fait qu´il a été peu reçu, voire carrément ignoré. Si le colloque servait, tant soit peu, à le faire connaître, nous estimerions n´avoir pas perdu notre temps ni dépensé en vain notre énergie.

Z – En quoi la Vierge Marie peut-elle au contraire être signe d´unité, plus peut-être, une source ou un facteur d´unité? Et peut-être, à quelle condition?

Mgr Perrier – Il ne faut pas anticiper sur les propos qui se tiendront durant le colloque mais tout chrétien peut se reconnaître en Marie et la regarder comme l´icône de la foi et de l´Eglise, même sans admettre, voire en contestant les définitions dogmatiques de l´Eglise catholique.

Z – Le colloque évoquera la figure de Marie comme « mère juive »: pourquoi avoir choisi d´évoquer cet aspect de Marie?

Mgr Perrier – Votre question m´étonne. N´est-ce pas une requête du concile Vatican II et du pape Jean-Paul II de ne jamais oublier nos racines juives ?

Z – Le cardinal Arinze participe à ce colloque. En quoi Marie de Nazareth, la Théotokos, est-elle aussi importante dans le dialogue avec des religions aussi diverses par exemple que le Bouddhisme et l´Islam?

Mgr Perrier – Comme je vous le disais en commençant, le colloque s´appuie sur un fait : la venue de croyants aux convictions par ailleurs fort éloignées ou même complètement étrangères les unes aux autres. Pensez à l´Islam : alors que le dialogue sur le Christ tourne vite court, Marie est objet de vénération, et non d´adoration, de part et d´autre. Quant à l´Extrême Orient, il bute, lui aussi, sur la divinité de Jésus au sens strict : un certain culte de Marie n´a pas besoin de cette foi absolue. Il faudra évidemment veiller à éviter toute confusion et se garder d´un sentimentalisme anachronique.

Z – Comment notre « culte marial », pour reprendre le titre du document de Paul VI, peut-il servir aujourd´hui la cause de l´unité et du dialogue?

Mgr Perrier – C´est une des responsabilités de Lourdes : exercer publiquement le culte marial d´une manière telle que la foi catholique authentique soit lisible. Les caricatures et les préjugés, au contraire, ne peuvent que desservir l´unité et ruinent toute chance de dialogue serein.

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ZENIT Staff

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