Le Conseil des Conférences épiscopales d'Europe rencontre Nicolas Sarkozy

ROME, Mardi 6 Octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours du cardinal Péter Erdö, archevêque d’Esztergom-Budapest et président du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (CCEE) lors de sa rencontre avec le président de la République Française, M. Nicolas Sarkozy, le 2 octobre dernier.

Le CCEE s’est réuni en Assemblée plénière à Paris du 1 au 4 octobre.

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Monsieur le Président de la république française,

Au nom de tous les Présidents des Evêques d’Europe, réunis ici à Paris ces jours-ci pour l’Assemblée plénière du CCEE (Conseil des Conférences Episcopales Européennes), je souhaite vous adresser mes vœux les plus sincères et vous manifester ma gratitude pour avoir accepté de recevoir une délégation du CCEE. Nous représentons 37 Conférences épiscopales, c’est à dire plus de 40 Pays. Nous nous sommes réunis justement pour réfléchir et approfondir le sujet des relations entre l’Eglise et l’Etat dans les expériences, les plus diverses, de chacun d’entre nous. Vingt ans se sont écoulés depuis le moment symbolique de la chute du mur de Berlin. Cela a voulu dire pour beaucoup de nos pays, la fin d’une période où la religion a fait l’objet de persécution en tant qu’ennemie de la personne, avec toutes les implications que cela comporte en termes de violence et de détresse dans la vie de beaucoup. Soixante dix ans sont aussi passés depuis le début du conflit, le plus sanguinaire dont l’Europe ait été le témoin. Nous voulons examiner, à la fois, avec attention et espérance le moment actuel et les défis que nous tous devons relever. L’histoire va toujours de l’avant, nous ne pouvons rester à quai, mais ce qui s’est passé ne doit pas être oublié : c’est seulement ainsi que la société pourra continuer à se développer.

Nous savons que la vie sociale ne peut se développer dans l’absence de règles qui sauvegardent les droits de chaque personne et des communautés. Nous sommes sûrs que ce ne sera que sur la base du droit qui est né en même temps que la culture humaine, que l’on pourra construire de bonnes relations en visant le bien de tous et de chacun. Nous voyons avec satisfaction que dans les systèmes juridiques actuels, est vraiment présent le souci de la défense des droits qui reflètent la dignité de la personne humaine. Cependant, nous sommes aussi préoccupés de nombreuses propositions de lois qui vont à l’encontre du bien authentique. Nous sommes conscients de l’urgence pour que les normes juridiques correspondent à la loi naturelle dont l’origine se situe dans la dignité humaine, dans ses droits inaliénables et dans ses devoirs. Ces normes devraient être caractérisées par le dialogue, le respect de la liberté humaine et la quête sincère de la vérité.

Nous soulignons aussi qu’en Europe, la majeure partie des personnes et des familles, d’une manière plus ou moins correspondante à leur vie personnelle, appartiennent à des communautés religieuses. Et bien, toutes ces communauté – pas seulement l’Eglise catholique – possèdent une structure qui, si elle est confirmée par l’histoire et par la qualité de son action, propose une éthique qui s’avère constructive. Pour cette raison, nous sommes heureux de percevoir que, en ce moment, est en train de voir le jour une notion de laïcité qui, tout en gardant les avantages de la séparation entre l’Etat et l’Eglise, ne nie n’entend détruire la présence de la religion dans la société. Elle sait plutôt reconnaître et aider, de façon proportionnelle, ces communautés religieuses dans leur mission de contribuer au bien de tous.

C’est justement dans ce sens-là, que l’Eglise catholique pense pouvoir offrir au débat actuel une contribution en vue de la construction d’un avenir meilleur et plus humain. Un avenir qui respecte toute personne dans chaque phase de sa vie. Un avenir qui respecte la liberté sans tomber dans un relativisme où plus rien ne possède de valeur. Un avenir qui soit caractérisé par la solidarité envers les plus faibles et tous ceux qui souffrent ou qui n’ont pas de quoi vivre.

Monsieur le Président, au nom de tous les membres du CCEE, je vous renouvelle nos remerciements pour votre disponibilité à nous recevoir et à partager avec nous quelques-unes de nos préoccupations communes.

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En réponse au cardinal Peter Erdö, Nicolas Sarkozy a affirmé l’importance des religions dans la vie de la société et l’intérêt d’une vision positive d’une laïcité accueillantes aux religions et différentes familles spirituelles. Lui-même a souligné que cette laïcité « conduit à davantage de libertés et non à des interdits » a-t-il souligné.

Evoquant les racines chrétiennes de l’Europe, le Président de la République a rappelé qu’on ne peut en nier la réalité ni l’importance : « elles sont en effet constitutives de l’identité de l’Europe ». Il a également évoqué l’importance particulière des religions dans un contexte de crise économique.

Enfin, Nicolas Sarkozy a invité les cardinaux à exprimer publiquement leur point de vue, en particulier sur les questions de société.

A l’issue de la rencontre, le Président du CCEE a offert une copie dédicacée de la dernière encyclique « Veritas in Caritate » du Pape Benoît XVI, ainsi qu’une icône de la Vierge Marie, œuvre de l’artiste hongroise Maria Hertay.

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ZENIT Staff

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