Les raisons qu’a l’Eglise de s’engager dans le dialogue culturel, par Mgr Follo

Pour la compréhension de la personne humaine et des droits de l’homme

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ROME, Mardi 7 octobre 2008 (ZENIT.org) – « L’Eglise, en s’engageant dans le dialogue culturel, propose de détourner l’attention des conflits politiques basés sur des intérêts nationaux, vers les problèmes philosophiques et théologiques qui sous-tendent bon nombre de ces conflits, en particulier vers la compréhension de la personne humaine et des droits de l’homme », fait observer Mgr Follo. 

Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à Paris, à l’UNESCO est intervenu le 24 septembre dernier, lors de la 180ème session du Conseil exécutif sur le thème : « Les bases du dialogue interculturel », à propos du point 4 du rapport du directeur général sur l’exécution du programme adopté par la Conférence générale  

Les bases du dialogue interculturel 

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames, Messieurs, 
 

      Récemment le dialogue interculturel a soulevé une attention et des commentaires considérables. Dans ce contexte il semble raisonnable de poser deux questions fondamentales : « Comment devrions-nous comprendre le dialogue interculturel ? Pourquoi devrions-nous nous y engager ? »

      Tout au long de l’histoire, les cultures et les peuples ont été confrontés à des systèmes économiques et juridiques, des langages et des pratiques différents des leurs. Les tentatives pour comprendre et apprendre des cultures diverses culminent dans le phénomène actuel de la mondialisation. Ceci amène plusieurs à demander : « Comment une identité particulière peut-elle se défendre contre l’attaque de la mondialisation mono-culturelle ? » Une grande partie du monde occidental embrasse une idéologie de multiculturalisme postmoderne, dans laquelle toutes les époques et toutes les cultures sont vues comme égales dans leur dignité et possèdent par conséquent le droit de se préserver de façon autonome. Cependant, l’affirmation absolue de sa propre culture, et le multiculturalisme, sont essentiellement défectueux. L’Eglise, en s’engageant dans le dialogue culturel, propose de détourner l’attention des conflits politiques basés sur des intérêts nationaux, vers les problèmes philosophiques et théologiques qui sous-tendent bon nombre de ces conflits,   en particulier vers la compréhension de la personne humaine et des Droits de l’Homme.

      Toute personne est dotée par la nature d’une dignité spéciale. Si nous voulons promouvoir le bien individuel et commun de la société et de la culture, il faut respecter cette dignité.  La personne humaine possède une dimension duale, l’une personnelle et individuelle, l’autre sociale et culturelle. Ainsi la personne humaine a été décrite comme un zoon politikon, ce qui souligne le fait que les êtres humains vivent ensemble. Il est besoin d’une compréhension adéquate de la personne humaine afin de saisir correctement ces deux aspects. Quand nous nous acceptons et nous comprenons l’un l’autre comme personnes possédant une valeur inhérente qui ne peut jamais être utilisée comme un simple moyen pour la fin, alors seulement nous respectons-nous vraiment l’un l’autre. Dans cette vision de la personne humaine, la dignité individuelle et le caractère social sont mutuellement respectés. Si l’essence du vivre ensemble, fondée sur le droit naturel, respecte la dignité de chaque personne, alors nous devons aussi respecter et protéger l’unicité des cultures particulières des forces du marché global, tout en soutenant le bien commun global qui est essentiel à chaque personne et chaque culture.

      Le succès d’un quelconque dialogue est fondé sur un échange et une compréhension mutuels des idées concernant le concept fondamental de « personne ». En effet le dialogue lui-même, dans son ouverture respectueuse aux autres, est basé sur une conception authentique de la « personne ». Il prend nécessairement en considération la relation réciproque qui existe entre la culture et la personne humaine, non seulement en voyant comment la culture éduque et influence la personne individuelle mais aussi comment les personnes sont intégrées dans les cultures particulières.

      L’éducation a deux aspects principaux. Elle facilite l’assimilation des valeurs qui sont fondamentales vis-à-vis du bien commun de la société. L’éducation d’autre part promeut le développement de la personne humaine à travers la connaissance de soi et la formation du caractère, assurant ainsi cette base transcendantale qui est essentielle pour l’interaction sociale humaine. Dans la perspective de respecter la dignité de la personne humaine, il est clair que les critères d’efficacité et d’opportunité, souvent employés dans la recherche de solutions au niveau de l’économie ou de la technologie, sont   sérieusement inadéquats. Voir les personnes simplement comme des joueurs sur une place de marché mondiale où les choses se vendent et s’achètent continuellement, peut avoir de dangereuses conséquences. Les personnes sont réduites à de simples produits, à des objets. Ceci découle du concept sous-jacent de « personne » qui échoue à saisir l’essentielle dignité intérieure de chaque être humain et sa relation avec les autres, ce qui est enraciné dans le fondement transcendantal de la nature humaine elle-même. Cela ne peut pas rattacher les personnes à la culture et la religion.

      A cet égard, deux idéologies, qui toutes deux sont incapables d’offrir une éducation appropriée de la personne humaine, sont le sécularisme et le fondamentalisme.  Le sécularisme traite les cultures et les religions comme des biens sur le marché global. N’importe qui peut acheter ou vendre mais comme des choix privés, et la culture et la religion ne demeurent que dans le domaine privé. Le sécularisme montre que, d’une certaine manière, il accepte le désir de l’homme pour les relations et les orientations personnelle et transcendantales, mais il ne les accepte pas comme des vérités et des valeurs objectives mais seulement  comme des biens optionnels à vendre. Mais de cette façon la possibilité de la culture, qui n’est jamais simplement privée, est définitivement détruite. Le fondamentalisme, de l’autre côté, tente de protéger le caractère public d’une culture ou d’une religion d’autres idées ou du marché global. Mais le choix de l’homme d’appartenir en toute liberté à une culture ou une religion est détruit. De cette façon, la relation de l’homme à la culture et la religion devient déterminée par des forces extérieures à la personne.

      En conclusion, le Christianisme propose deux idées en réfléchissant au dialogue interculturel. Premièrement, l’éducation doit être plus qu’un simple apprentissage de méthodes et de compétences techniques, elle doit inclure les vastes domaines de la culture et de la religion. Deuxièmement, il faut que les personnes exercent leur choix libre et reçoivent une éducation qui les dispose à agir ainsi. En particulier, cela signifie que l’on devrait avoir le choix libre de la religion et que l’on devrait être libre de pratiquer sa religion en public. 

  Je vous remercie de votre attention.

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ZENIT Staff

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