ROME, Mercredi 8 octobre 2008 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous une réflexion du P. Thomas Rosica, attaché de presse pour la langue anglaise pour le synode des évêques sur la Parole de Dieu.

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J'ai toujours été fasciné d'entendre ce qui se passait lors des rencontres informelles en dehors des sessions générales du Concile Vatican II entre 1961 et 1965. Le défunt cardinal George Flahiff, c.s.b., ancien supérieur général de ma communauté, la Congrégation de Saint- Basile, et archevêque émérite de Winnipeg, m'a raconté que si les séances générales du Concile dans la Basilique Saint-Pierre accueillaient les discours les plus importants et les séances de vote, les événements les plus intéressants avaient en fait lieu pendant les petites réunions de groupe et les pauses café ! Ceci est compréhensible, d'autant plus qu'il y avait plus de 2500 pères conciliaires présents dans la Basilique pour les sessions plénières et que la disposition des chaises ne permettait pas des discussions ouvertes ni des échanges fraternels.

La salle du synode au Vatican n'est certainement pas la Basilique St Pierre et si sa structure est certes formelle - du fait d'accueillir quotidiennement cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, experts, délégués fraternels, auditeurs et représentants de la presse - l'ambiance est toutefois informelle et amicale. Le pape Benoît XVI, entouré des trois présidents délégués du synode, du secrétaire général du synode, du rapporteur général et du secrétaire spécial, préside les séances du synode autour d'une longue table devant la moderne salle de conférences.

Hier et aujourd'hui les pères synodaux ont essayé les nouveaux appareils de vote qui n'ont pas très bien marché et qui seront donc améliorés. Ces petits incidents ont créé beaucoup de rires parmi les membres de l'assemblée du synode alors qu'une voix dans le haut-parleur répétait au public : « ceux qui sont à gauche ne votent pas correctement ! » ou bien « les patriarches n'apparaissent pas ». Même Benoît XVI semblait apprécier ces moments alors qu'il observait ses frères évêques du monde entier en train d'essayer cette nouvelle technologie qui ne fonctionnait pas !

Ce qui est à la fois incroyable et édifiant après seulement deux jours depuis le début du synode c'est la ponctualité des pères synodaux qui débutent les séances à l'heure et respectent presque religieusement les 5 minutes allouées à chacun pour sa présentation. Vingt-trois évêques ont parlé devant le synode pendant la séance de ce matin, et seulement quelques-uns d'entre eux ont parlé quelques secondes de plus. Quand le micro s'est éteint après exactement 5 minutes, il n'y a eu aucune crise, bien au contraire, des sourires se sont affichés sur les visages des participants. Comme pendant le Concile du Vatican II et ses fameuses pauses café, pendant les pauses café du synode aussi il y a du temps pour la fraternisation, la découverte et l'échange d'idées et de cartes de visite. Les pauses café du synode, au premier étage de la salle Paul VI, dans la Cité du Vatican, sont sans aucun doute les meilleures opportunités pour créer des réseaux de relations dans l'Eglise.

Dans la file d'attente pour votre café et vos petits gâteaux italiens vous vous retrouvez par exemple entouré du supérieur général de la Société de Jésus, du prieur de la Communauté de Taizé en France, du cardinal secrétaire d'État, du chevalier suprême des Chevaliers de Colomb, de sœurs africaines qui ont enseigné l'Évangile dans les séminaires pendant des années, de femmes expertes invitées au synode par le pape, et des chefs de pratiquement toutes les congrégations et dicastères du Vatican.

L'égalité existe vraiment dans cette partie du Vatican ! Et pendant que nous prenons notre pause café d'une demi heure, en bas, le pape prend sa pause à l'étage, dans une salle à côté des salles du synode où, chaque jour, il reçoit un groupe de personnes différentes présentes au Synode. Cela lui permet de consacrer des moments d'écoute de plus grande qualité au monde entier réuni pour cet événement majeur dans la vie et dans la mission de l'Église !

Les discours du synode se succèdent et il est parfois difficile ensuite de bien s'en souvenir, surtout lorsque je dois en parler dans les conférences de presse du Bureau de presse du Saint-Siège. Mais les pères du synode nous fournissent une documentation importante qui nous aide à mettre de l'ordre.

La présentation de mardi par l'évêque australien Michael Putney de Townsville, m'a particulièrement marqué puisque il a parlé de son pays comme étant l'un des plus sécularisés au monde. Il a dit : « Après les Journées mondiales de la jeunesse, certains Australiens et Néo-zélandais ont compris que la promesse d'une nouvelle évangélisation pourra enfin être une réalité, en dépit de l'apparente imperméabilité de la culture laïque ».

Voir le Rabbin Shear Yashuv Cohen de Haifa en Israël s'adresser au synode le jour de sa première congrégation générale, lundi dernier, m'a rappelé ce moment historique que nous sommes tous en train de vivre à l'occasion de cette 12e Assemblée ordinaire du synode des évêques au Vatican.

Le rabbin, premier Juif à s'adresser à un synode mondial des évêques, a déclaré : « Je sens profondément que ma présence ici devant vous a une grande signification. Elle est porteuse d'un signe d'espérance et d'un message d'amour, de coexistence et de paix pour notre génération, et pour celles à venir ».

Puis il a ajouté : « Nous prions Dieu en utilisant Ses propres mots, tels qu'ils nous sont transmis par les Écritures ». De même nous Le louons, empruntant ses propres mots de la Bible. Nous demandons Sa miséricorde, mentionnant ce qu'Il a promis à nos ancêtres et à nous-mêmes. Tout notre service est basé sur une ancienne règle, comme nous le disent nos rabbins et nos enseignants : « Donnez-lui ce qui est à Lui, parce que vous êtes à Lui ».

Restez à l'écoute pour d'autres comptes-rendus du Synode sur la Parole de Dieu.

Le P. Thomas Rosica est expert en Ecritures Saintes et professeur d'université, il est également directeur général de la Fondation catholique Sel + Lumière Média, télévision catholique canadienne, et membre du Conseil général de la Congrégation de saint Basile.