Pour que la religion garde sa fraîcheur

Comment évangéliser les nouvelles générations dans un monde sécularisé

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ROME, Mercredi 9 avril 2008 (ZENIT.org) – A quelques mois de la prochaine Journée mondiale de la jeunesse qui aura lieu en juillet, se ravive le débat autour de la question : Comment l’Eglise peut-elle mieux véhiculer le message évangélique parmi les jeunes ? 

En s’adressant aux évêques du Japon en visite « ad limina », le 15 décembre dernier, Benoît XVI avait lancé une mise une garde contre le risque pour les jeunes de tomber sous le charme trompeur de la culture sécularisée moderne. 

« Si l’on arrivait à orienter l’énergie et l’enthousiasme des jeunes vers les choses de Dieu, avait souligné le pape, elles seules suffiraient à satisfaire leurs désirs les plus profonds et beaucoup plus de jeunes seraient tentés de consacrer leur vie au Christ ». 

Mais réussir dans cette démarche n’est certainement pas facile. Le récent ouvrage « After the Baby Boomers : How Twenty- and Thirty-Somethings are Shaping the Future of American Religion » (Princeton University Press), offre une analyse utile concernant la culture et la mentalité actuelle des jeunes. 

Ecrit par Robert Wuthnow, professeur de sociologie et directeur du Center for the Study of Religion de l’Université de Princeton, ce livre précise au début qu’il y a plus de 100 millions de jeunes aux Etats-Unis et que leur particularité réside dans leur diversité, leur propension à la recherche et leur sens critique.

Du point de vue religieux, bon nombre de ces jeunes appartiennent aux confessions religieuses traditionnelles, alors que tant d’autres ont une vie de foi improvisée et fragmentaire qui puise à une variété de sources. « Notre société n’est pas une société qui encourage la continuité », souligne l’auteur. 

Les tendances

Pour aider les lecteurs religieux à mieux comprendre la situation des jeunes aujourd’hui, Robert Wuthnow consacre un chapitre entier à la description d’une série de tendances-clefs. Par rapport à leurs parents, les jeunes adultes qui souhaitent construire une famille ont tendance à retarder le moment de leur mariage et vouloir moins d’enfants. 

En termes d’emplois, la tendance au double revenu familial continue à augmenter. Les jeunes sont généralement plus instruits, souvent de niveau universitaire, mais affrontent une vie professionnelle plus instable, où la mobilité du travail est plus fréquente et leurs dettes de plus en plus élevées. 

Socialement, ils sont moins impliqués dans la « société civile » et mènent une vie plus souple et moins structurée. Mais la mondialisation aussi a son influence sur le comportement de la nouvelle génération, explique le sociologue Wuthnow : les jeunes voyagent davantage et ont plus de contacts avec les autres cultures et religions. Et les médias modernes, comme Internet, présentent un éventail toujours plus vaste d’informations et d’opinions.

Un autre chapitre de ce livre est consacré au rôle d’Internet et des autres technologies de communication, concernant la religion. Selon les sondages cités, l’utilisation principale d’Internet à des fins religieuses consiste à trouver des informations relatives à sa propre religion.

Mais un nombre significatif de personnes cherchent aussi des informations sur les autres religions. 

Selon l’auteur du livre, les congrégations religieuses affrontent un problème démographique lié aux jeunes. Robert Wuthnow estime que les jeunes d’aujourd’hui s’engagent moins par rapport aux jeunes de la génération précédente. 

Pour ce qui est de la pratique religieuse, il cite des études qui montrent que les jeunes participent moins aux fonctions religieuses que par le passé. Par ailleurs, les personnes entre 21 et 45 ans qui vont à l’Eglise sont surtout des femmes. Deux personnes sur trois, qui vont à l’Eglise régulièrement, sont des femmes. 

Deux groupes 

Les statistiques concernant la fréquence de leur présence à l’Eglise montrent qu’il y a un lien avec leur décision, tardive, de se marier et de procréer. En effet, le profil type de la personne qui se rend à l’Eglise est celui d’une personne mariée avec enfants, alors que ceux qui n’y vont pas sont en général des célibataires et sans enfants.

Il existe donc deux groupes de jeunes, révélant des besoins et des intérêts différents, dont les Eglises devraient tenir compte, estime Robert Wuthnow. Si la religion, en tant qu’institution, est absente de la vie de nombreux jeunes, ces derniers iront chercher un guide ailleurs, ajoute l’auteur. 

Le défi pour les Eglises, poursuit-il, est de parvenir à attirer l’attention de ces jeunes et d’arriver jusqu’à eux en dépassant les limites du cercle de ceux qui sont déjà pratiquants. 

Mais dans le même temps, Robert Wuthnow souligne que les jeunes représentent une partie importante des fidèles pratiquants. En effet, aux Etats-Unis, 40% des adeptes de grandes religions ont entre 21 et 45 ans. Cela dit, ces chiffres restent inférieurs à ceux de la génération précédente. 

D’après le sociologue américain, cette baisse numérique n’aura aucune influence sur les religions traditionnelles qui resteront la structure portante de la religion. Et ni Internet, ni aucune autre spiritualité qui ne soit structurée, n’arrivera à les remplacer. Néanmoins, les responsables des Eglises devront accorder plus d’attention aux jeunes générations. 

Passant en revue la situation de chaque Eglise, Robert Wuthnow révèle que le déclin varie de 2% chez les protestants et les évangéliques, et de 6% chez les juifs. Il est intéressant de noter que, sur la base des données rapportées dans ce livre, les jeunes se retrouvent plus dans l’Eglise catholique que dans n’importe quelle confession protestante. 

Parmi les autres points intéressants concernant les catholiques, l’auteur signale qu’ils sont l’une des principales sources de conversion au protestantisme évangélique. Au total, environ 2 millions d’évangéliques proviennent du catholicisme, contre les quelque 600.000 de la génération précédente. Robert Wuthnow observe toutefois que s’il y a effectivement moins de convertis au catholicisme aujourd’hui, il est également vrai qu’il y en a moins qui quittent l’Eglise. 

Marcher vers le Christ 

Lors de sa rencontre avec le clergé romain, le 7 février dernier, Benoît XVI a proposé quelques pistes pour aider les prêtres à mieux évangéliser les jeunes. A un religieux de la congrégation Don Orione, le père Graziano Bonfitto, qui lui demandait comment faire pour conduire les jeunes plus près du Christ et de l’Eglise, il a conseillé une attitude de franchise et de cohérence. 

« Le contexte culturel, le contexte médiatique, offre tout sauf la route vers le Christ », a dit le pape. Néanmoins, beaucoup sentent de plus en plus fortement que « tout ce que leur offre la culture contemporaine ne suffit pas ». 

C’est pourquoi il a recommandé aux prêtres d’être sincères, afin que les jeunes voient qu’il y a une cohérence entre la vie et la vérité qu’ils prêchent : « Ce n’est que si nous sommes sur cette voie, si nous essayons de ressembler nous-mêmes à cette vie et de faire ressembler notre vie à celle du Seigneur, que nos paroles pourront être crédibles et avoir une logique visible et convaincante ». 

Benoît XVI a ensuite réaffirmé la nécessité de faire comprendre aux jeunes qu’ils ont un choix fondamental à faire entre la vie et la mort. Le christianisme offre la vie et nous devons aider les jeunes à comprendre l’importance de ce choix, avait-il ajouté.

Trouver Dieu 

« Il faut comprendre que celui qui avance sur la route sans Dieu finit par se retrouver dans l’obscurité, même s’il peut lui arriver de croire, à certains moments, qu’il a trouvé la vie », avait expliqué le pape. 

Prendre le chemin qui mène à D
ieu, a poursuivi Benoît XVI signifie connaître la personne de Jésus Christ, qui nous parle dans l’Evangile. C’est pourquoi, estime-t-il, notre devoir pastoral est d’attirer l’attention des jeunes sur le choix de Dieu, qui est la vie, et leur enseigner l’amitié avec Jésus Christ. 

D’où ce troisième pas conseillé par le pape : Faire comprendre aux jeunes que « cette amitié avec Jésus n’est pas une amitié avec quelqu’un qui appartient au passé » mais qui est présent dans l’Eglise. Un pas qui exige des prêtres qu’ils vivent selon la Parole de Dieu, et mènent une vie sacramentelle solide. 

Il existe une « soif de Dieu », avait affirmé le pape, bien qu’il s’agisse parfois d’une soif cachée. Découvrir comment étancher cette soif est aujourd’hui l’un des grands défis de l’Eglise. 

P. John Flynn, l.c.
Traduction française : Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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