ROME, Vendredi 21 février 2008 (ZENIT.org) – La « liturgie de la parole » au cours de la messe, n’est autre que l’actualisation liturgique du Jésus qui prêche. A travers le signe de la parole, nous écoutons la voix même du Christ, a expliqué le P. Cantalamessa ce vendredi matin.
C’est à la « parole de Dieu », en prévision du Synode des évêques sur la parole qui aura lieu en octobre prochain, que le P. Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale, consacrera l’ensemble de ces prédications de carême, prononcées au Vatican en présence du pape et de la curie romaine.
La première prédication était consacrée à « l’annonce de l’Evangile dans la vie du Christ ». Le prédicateur capucin a montré comment et où nous pouvons écouter la voix du Christ.
« Il y a un domaine et un moment dans la vie de l’Eglise où Jésus parle aujourd’hui de manière plus solennelle et plus sûre : la liturgie de la parole au cours de la messe », a-t-il souligné.
« La ‘liturgie de la parole’ au cours de la messe, n’est autre que l’actualisation liturgique du Jésus qui prêche », a-t-il expliqué.
Le prédicateur de la Maison pontificale a ensuite développé la notion de « paroles-sacrement », non pas au sens strict des « sept sacrements » mais au sens large.
« Les paroles-sacrement sont les paroles de Dieu qui ‘se sont réalisées’ une fois pour toutes et qui ont été consignées dans la Bible, qui redeviennent ‘réalité active’ chaque fois que l’Eglise les proclame avec autorité et que l’Esprit qui les a inspirées les rallume dans le cœur de ceux qui les écoutent », a-t-il expliqué.
« Dans tout sacrement on distingue un signe visible et la réalité invisible qui est la grâce, a-t-il poursuivi. La parole que nous lisons dans la Bible n’est, en soi, qu’un signe matériel (comme l’eau et le pain), un ensemble de syllabes mortes, tout au plus une parole du vocabulaire humain comme les autres ; mais grâce à l’intervention de la foi et l’illumination de l’Esprit Saint, à travers ce signe, nous entrons mystérieusement en contact avec la vérité et la volonté vivantes de Dieu, et nous écoutons la voix même du Christ ».
Le P. Cantalamessa a expliqué que même s’il existe dans la littérature des livres « plus raffinés sur le plan littéraire » que certains livres de la Bible, « aucun de ces livres n’agit comme agit le plus modeste des livres inspirés ».
« Dans la parole des Ecritures, a-t-il déclaré, il y a quelque chose qui agit au-delà de toute explication humaine ; il existe une disproportion évidente entre le signe et la réalité qu’il produit, qui fait précisément penser à la manière d’agir des sacrements ».
Le prédicateur capucin a cité l’exemple d’un homme souffrant d’alcoolisme qui fut un jour « saisi » par une parole de la Bible – la parole du Cantique des Cantiques : ‘Tes amours sont plus délicieuses que le vin’ (Ct 1, 2) – et « sentit qu’il était guéri ».
Il a cité également le cas célèbre de saint Augustin, qui, « en lisant les paroles de saint Paul aux Romains 13, 11 ss. ‘Laissons là les œuvres de ténèbres… Comme il sied en plein jour, conduisons-nous avec dignité : …pas de luxure ni de débauche’, sentit ‘une lumière de sérénité’ lui envahir le cœur et comprit qu’il était guéri de l’esclavage de la chair ».
« Ecoutées au cours de la liturgie, les lectures bibliques acquièrent un sens nouveau et plus fort que lorsqu’elles sont lues dans d’autres contextes, a par ailleurs souligné le P. Cantalamessa. Elles n’ont pas tant le but de mieux connaître la Bible comme lorsqu’on la lit à la maison ou dans une école biblique, mais celui de reconnaître celui qui est présent dans l’action de rompre le pain, et d’éclairer chaque fois un aspect particulier du mystère qu’ils s’apprêtent à vivre », comme cela apparaît dans le passage des deux disciples d’Emmaüs.
« C’est en écoutant l’explication des Ecritures que le cœur des disciples commença à s’ouvrir, si bien qu’ils furent capables de le reconnaître au moment où il rompait le pain », a commenté le P. Cantalamessa.
« Au cours de la messe, a poursuivi le prédicateur, les paroles et les épisodes de la Bible ne sont pas seulement racontés, mais revécus ; la mémoire devient réalité et présence. Ce qui se produisit ‘alors’, se produit ‘maintenant’, ‘aujourd’hui’…Nous ne sommes pas seulement des auditeurs de la parole, mais des interlocuteurs et des acteurs dans cette parole. C’est à nous, ici présents, que la parole est adressée ; nous sommes appelés à prendre, nous, la place des personnages évoqués ».
« C’est ce qui se passe pour chaque épisode de l’Evangile. Comment ne pas s’identifier au cours de la messe, au paralytique auquel Jésus dit : ‘Mon enfant, tes péchés sont remis’ puis ‘lève-toi… et va-t’en chez toi’, avec Siméon qui serre l’Enfant Jésus dans ses bras, avec Thomas qui touche ses plaies en tremblant ? », s’est-il interrogé.
Gisèle Plantec