ROME, Jeudi 13 décembre 2007 (ZENIT.org) – A la suite d’un grave incendie survenu à Turin dans une usine Thyssen-Krupp, Benoît XVI réclame la sécurité pour les travailleurs.
Le pape a fait parvenir, par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, un télégramme de condoléances au cardinal archevêque de Turin, Severino Poletto, qui a célébré aujourd’hui les funérailles des quatre ouvriers décédés. Trois autres luttent pour survivre, en dépit de brûlures sur 60 % du corps.
Benoît XVI dit sa « participation sincère et cordiale à la douleur qui frappe les familles et toute la ville de Turin ».
En outre, le pape « souhaite que l’on protège la dignité et la sécurité des travailleurs et assure de ses prières ferventes pour ceux qui sont morts de façon si tragique ».
Aux blessés, Benoît XVI souhaite « soulagement et guérison », et il confie à la protection de la Vierge Marie Consolatrice « ceux qui sont frappés par ce deuil dramatique ».
Dans son édition en italien de lundi et mardi 10 et 11 décembre, le « journal du pape », L’Osservatore Romano, avait titré à la une : « Morts sur le travail, la sécurité marchandée », avec pour sur-titre : « En Italie, marche des ouvriers pour la tragédie de Turin ».
L’Osservatore cite tout d’abord les paroles du président de la République, Giorgio Napolitano, à propos de l’incendie qui s’est déchaîné dans la nuit du 6 décembre : « Atroce, mourir de cette façon ».
L’OR mentionne la marche de protestation et la colère des travailleurs descendus dans les rues de Turin, à l’appel des syndicats, et la journée de deuil décidée par la région du Piémont.
Le quotidien rend hommage aux quatre ouvriers décédés, Antonio Schiavone, Roberto Scola, Angelo Laurino, et Bruno Santino.
« La colère couve parce que toujours plus souvent, là où manquent les contrôles et la culture de la sécurité, la santé des travailleurs finit toujours par être un ‘benefit’ sujet à contrat (…). La santé, produit à vendre, en échange d’un poste de travail, qui autrement serait trop onéreux pour les entrepreneurs. C’est une nouvelle question sociale. Mais ce n’est certainement pas une nouvelle question éthique », dénonce L’OR.
« Que chacun assume ses responsabilités, à commencer par les entreprises, qui, chacune, lorsque survient un accident du travail, mortel ou de toute façon grave, doit rendre compte de ses comportements devant la magistrature, et à tous les pouvoirs intéressés », a déclaré le président Napolitano, cité par L’OR.
Le cardinal Poletto est allé rendre visite aux familles des disparus et des blessés : « Nous avons prié ensemble, disait-il. Dans ces cas, les paroles humaines sont insuffisantes. J’ai trouvé des familles affligées, qui s’agrippent à un filet d’espérance. J’ai trouvé des parents désespérés et des enfants dont le père cherchait à assurer l’avenir, et a sacrifié le sien ».
« Moi aussi, proteste le cardinal Poletto, je dis « une chose de ce genre ne doit jamais plus se produire ». Mais moi, en tant qu’évêque de cette ville, je dis qu’il y aura des vérifications, on établira s’il s’est agi d’une négligence ou d’une fatalité. Ce n’est pas le rôle de l’Eglise de juger le déroulement des faits, nous ne devons pas nous substituer à la magistrature. En tant que pasteur, je sens le besoin de manifester solidarité et proximité, d’appeler la comunauté à la prière. Nos paroles sont banales. La seule chose qui puisse nous consoler dans la douleur, c’est la grâce de Dieu ».
Mais le cardinal Poletto soulignait que « le problème des morts sur le travail existe. Les chiffres sont épouvantables, surtout à Turin. Il faut un sursaut de responsabilité, il faut aussi des normes qui protègent la santé, pas seulement la vie, parce qu’on meurt aussi de maladies professionnelles. Le profit ne peut pas être le seul principe qui anime les actions des hommes ».
L’Osservatore Romano rapporte que dans l’usine, les ouvriers dénoncent le manque de sécurité, en particulier du fait des extincteurs à moitié vides.
Anita S. Bourdin