ROME, Lundi 3 décembre 2007 (ZENIT.org) - Benoît XVI a encouragé les évêques coréens à être des « gardiens effectifs de l'espérance », à continuer leur travail pour la réconciliation entre les deux « Corées » et à affronter les défis du matérialisme.
Le pape a reçu ce matin au Vatican les évêques de la conférence épiscopale coréenne à l'occasion de leur visite ad limina. Ils étaient accompagnés de Mgr Wenceslas Padilla, vicaire apostolique d'Ulaanbaatar, en Mongolie, où les catholiques sont quelques centaines.
« L'appel du matérialisme et les effets négatifs d'une mentalité sécularisée » préoccupent en effet les évêques de Corée.
Benoît XVI leur répondait en disant : « Lorsque les hommes et les femmes sont emportés loin de la demeure du Seigneur, ils errent inévitablement dans un désert d'isolement individuel et de fragmentation sociale », parce que ce n'est que « dans le Verbe incarné que le mystère de l'homme trouve la vraie lumière ».
« Dans cette perspective, ajoutait le pape, il est évident que, pour être des gardiens effectifs de l'espérance, vous devez vous efforcer de faire en sorte que le lien de communion qui unit le Christ à tous les baptisés soit sauvegardé, et qu'ils en fassent l'expérience, comme étant le cœur de l'expérience du mystère de l'Eglise ».
Or, continuait le pape, « la porte de ce mystère de communion avec Dieu est naturemmement le baptême ».
« Ce sacrement d'initiation, beaucoup plus qu'un rite social ou de bienvenue dans une communauté particulère, est l'initiation à Dieu », a expliqué Benoît XVI.
Par ailleurs, Benoît XVI a encouragé toutes les initiatives visant à la réconciliation pour le bien-être de leurs frères de Corée du Nord.
La Corée, autrefois soumise à la souveraineté japonaise, a été occupée au Nord par la Russie, en 1945 et par les Etats-Unis au Sud, et ensuite séparée en deux Etats en 1948. La conférence épiscopale a juridiction aussi dans le Nord de la péninsule coréenne.
Au début des années 50 elle a été ainsi entraînée dans un conflit sanglant. Aujourd'hui, après plus d'un demi siècle, la pacification, certes complexe, est recherchée. Les 5 millions de catholiques concentrés dans le Sud du pays peuvent y jouer, estime le pape, un rôle positif.
D'autre part, les évêques Coréens se disent préoccupés par le fait que beaucoup d'adultes ne viennent plus aux célébrations liturgiques, alors que c'est à la fois un « droit » et une « obligation » du fait du baptême justement.
C'est pourquoi le pape invite les évêques de Corée à mettre en valeur la messe dominicale, en suggérant en particulier aux laïcs, surtout aux jeunes, d'« explorer la profondeur et l'ampleur » de la célébration eucharistique.
Benoît XVI n'a pas manqué de recommander aux évêques la pastorale du mariage et de la famille, mais aussi de prêter une attention particulière aux questions biomédicales.
Le président de la conférence des évêques de Corée, Mgr John Chang Yik, évêque de Ch'unch'on, a confié aujourd'hui au micro de Radio Vatican que les défis pastoraux sont « très nombreux ».
« Mais le problème difficile, dans une société comme la nôtre, où l'Eglise est petite et minoritaire, disait-il, c'est la cohabitation avec les autres religions, en dépit du relativisme et de l'individualisme de la culture en général à notre époque de consumérisme ».
« Nous tentons de le faire, disait l'évêque, à travers l'éducation, les témoignages, surtout de la vie des chrétiens, ce qui n'est pas facile. Nous tentons de cultiver les petites cellules vivantes de la communauté. Chaque paroisse est divisée en petits secteurs où les gens se connaissent et se réunissent pour former la communauté ».
« C'est ainsi que nous essayons de raviver dans ces cellules vivantes, le sens de l'appartenance, le sens de la mission par les gens eux-mêmes, non seulement pour conserver l'Eglise catholique, mais pour vivre de façon à vraiment témoigner de l'Evangile à travers la vie de chacun, à la foi vécue ».
A propos de la juridiction de la conférence épsiscopale sur les deux parties de la péinsule coréenne, Mgr Chang Yik soulignait : « Nous avons la juridiction, mais pas le libre accès au Nord. Nous tentons donc d'offrir des aides humanitaires de différentes façons, et nous ne cesserons pas de le faire, en distinguant le régime et le peuple : nous visons le bien-être du peuple, surtout des personnes et de leur dignité humaine. C'est la chose la plus importante. Nous n'instrumentalisons pas l'aide pour en faire un moyen d'évangélisation, mais nous le faisons parce que c'est une valeur en soi ».
Anita S. Bourdin