Nouveau cardinal irakien : « Nous sommes fils de l’espérance »

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Entretien avec le card. Emmanuel III Delly, patriarche de Babylone des Chaldéens

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ROME, Mercredi 28 novembre 2007 (ZENIT.org) – « Nous sommes fils de l’espérance. Nous devons être optimistes. Le Seigneur nous protégera, il est notre Père et nous aime », a déclaré Emmanuel III Delly, patriarche de Babylone des Chaldéens, à la veille du consistoire au cours duquel le pape l’a créé cardinal, samedi dernier.

Vendredi après-midi, avant la deuxième session de la rencontre de réflexion des cardinaux du monde entier avec le pape, le patriarche chaldéen a répondu aux questions des journalistes.

« Je suis venu [à Rome] recevoir cet honneur que le Saint-Père a bien voulu m’accorder : me créer cardinal pour l’Eglise universelle, a-t-il affirmé. Je remercie la divine providence, je remercie de tout cœur le pape, je vous remercie tous, et surtout toux ceux qui ont prié pour moi et qui aujourd’hui encore continuent à prier pour moi et pour mon pays bien-aimé, l’Irak, ce pays martyrisé depuis quelques années. Que le Seigneur lui accorde la paix, l’amour, la charité et le pardon des uns pour les autres ».

A la veille du consistoire, Benoît XVI a confié personnellement au cardinal Delly qu’il espérait que cette nouvelle nomination soit un signe de réconciliation pour l’Irak, un pays qu’il aime tant, a précisé le patriarche. Ces paroles, le pape les prononcera également dans son homélie de samedi, lors de la célébration du consistoire.

Aussi le patriarche chaldéen a-t-il voulu faire savoir que le gouvernement de son pays avait accueilli avec une grande satisfaction sa nouvelle nomination. Une nomination qui n’est pas concédée « à ma pauvre personne », a-t-il souligné, « mais à tous les Irakiens », dans et hors de la nation.

« Cette dignité doit être utile non seulement à l’Irak, mais à tous nos chers amis à travers le monde, à l’humanité entière », souhaite-t-il.

Lors de cette rencontre avec les médias, le patriarche chaldéen était accompagné de l’évêque auxiliaire du patriarcat chaldéen à Bagdad, de l’évêque de Mossoul, de l’ambassadeur d’Irak près le Saint-Siège et de la ministre irakienne (chrétienne) pour les Droits civils, à la tête de la délégation de son pays (formée de chrétiens et de musulmans ) à l’occasion du consistoire. La rencontre avait été organisée par le père Philip Najim, procureur de l’Eglise chaldéenne près le Saint-Siège.

Evoquant les souffrances de l’Irak, sa Béatitude Emmanuel III Delly a précisé : « Ce qui arrive aux chrétiens arrive également à nos frères musulmans, et ce qui arrive à nos frères musulmans nous arrive à nous aussi chrétiens ».

« Nous avons vécu ensemble pendant 14 siècles, nous entretenons des relations » ; « c’est vrai, il arrive que les chrétiens aient parfois à souffrir davantage, pour différentes raisons », « mais les attentats à la voiture piégée tuent autant les musulmans que les chrétiens » a-t-il ajouté.

Le patriarche a réaffirmé la nécessité de promouvoir l’amour entre les populations irakiennes et d’instaurer la paix dans le pays, invitant la communauté internationale à y apporter sa contribution.

« Je lance une invitation au peuple irakien, en reprenant les paroles de Notre Seigneur – a-t-il ajouté – : nous devons nous aimer les uns les autres, et pas seulement le peuple irakien mais toute la population ; j’en appelle ainsi à la bonne volonté pour pouvoir instaurer la paix dans le monde entier et par ces paroles je consacre tout mon être au service de l’Eglise et de ma patrie ».

Revenant ensuite sur sa nouvelle fonction de cardinal, le patriarche a expliqué : « Je suis venu pour servir, et non pour être servi » ; « nous sommes au service de l’Eglise universelle, pas seulement au service de l’église irakienne, dont je suis le patriarche, le guide et le père, mais au service de toute l’Eglise » ; « tout ce que j’ai donné à mon peuple je continuerai à le donner ; j’aime ma patrie, je la sers: pour moi tous les Irakiens sont égaux. Je ne fais pas de distinction entre chiites, sunnites, chrétiens ou kurdes ».

La délégation irakienne venue à Rome, a-t-il précisé, est formée de ces groupes et de membres de toutes les ethnies de son pays.

« Cela veut dire qu’en Irak, nous sommes encore dans un pays uni et je continuerai à le servir de toutes mes forces, jusqu’à la dernière goutte de mon sang », s’est-il exclamé.

Interrogé sur un certain retour au calme en Irak en ce moment, le cardinal Delly a fait savoir qu’à Bagdad « certaines familles sont rentrées à Dora, le quartier chrétien de la ville, et que son auxiliaire est allé, la semaine dernière, célébrer une messe dans une église jusqu’ici fermée ».

« C’est un début qui, nous l’espérons, continuera à faire du bien à notre peuple et à tout le monde », car les églises ne sont pas les seules à avoir été attaquées ; « tous les lieux de culte » l’ont été, notamment 138 mosquées.

« On est en train de reconstruire les églises et les habitants regagnent leurs domiciles. Nous sommes les enfants de l’espérance, a-t-il affirmé, nous devons être optimistes ; le Seigneur nous protègera, il est notre Père et il nous aime » .

Le cardinal Emmanuel III Delly, âgé de 80 ans, a en projet de « rentrer en Irak et de continuer à servir son pays », mais surtout , a-t-il dit, « de convaincre, au gré de ses voyages, tous ceux qui ont quitté l’Irak de rentrer au pays pour travailler ensemble à sa reconstruction ».

Marta Lago

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ZENIT Staff

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