ROME, Jeudi 22 février 2007 (ZENIT.org) – Pour Pierre Damien, la vie érémitique était une « affirmation » pour les chrétiens, du primat et du caractère central du Christ », écrit Benoît XVI.
Benoît XVI a en effet adressé un message au P. Guido Innocenzo Gargano, supérieur du monastère Saint-Grégoire de la colline romaine du Celius, et à l’ordre des Camaldules, à l’occasion du millénaire de la naissance de saint Pierre Damien, dont c’est la fête le 21 février.
Cet anniversaire est l’occasion, soulignait le pape, « d’approfondir les aspects de sa riche personnalité de savant, d’ermite, d’homme d’Eglise et de disciple fidèle du Christ ».
En effet, Pierre-Damien fut d’abord un ermite, « et même le dernier à avoir codifié la vie érémitique dans l’Eglise latine alors qu’éclatait le schisme entre l’Orient et l’Occident » , rappelait le pape.
Pour Pierre Damien, la vie érémitique était une « affirmation » pour les chrétiens du primat et du caractère central du Christ », souligne encore le pape, qui insiste sur le « sens de l’Eglise » manifesté par le saint, et sur sa « disponibilité » à sortir de son ermitage pour apaiser les conflits.
« Après chaque mission, il regagnait la paix de Fonte Avellana », disait le pape en rappelant que « libre de toute ambition, il renonça jusqu’à la dignité cardinalice, afin de ne pas avoir à quitter la solitude où il vivait sa vie immergé dans le Christ ».
Pierre-Damien fut l’inspirateur, rappelait le pape, de la réforme grégorienne qui marqua le passage du premier au second millénaire chrétien et dont Grégoire VII fut le principal moteur.
Le saint fondateur exigeait en effet de ses frères ermites « le courage d’une offrande totale du Seigneur, la plus proche possible du martyre ».
Il exigeait du pape et de tous les prélats « un détachement évangélique des honneurs et des privilèges dans l’accomplissement de leurs fonctions ecclésiales. Il rappelait au clergé l’idéal de leur mission et sollicitait d’eux la pureté de mœurs et la pauvreté matérielle », ajoutait Benoît XVI.
Il était en effet habité par une certitude : « C’est seulement grâce à la tension harmonique entre deux pôles – la solitude et la communion – que l’on peut construire un témoignage chrétien fructueux ».
« Cet enseignement reste valable pour notre temps », a déclaré le pape.
Pierre était le dernier-né (1007) d’une famille nombreuse de Rivenne, si pauvre qu’il fut abandonné aux soins d’une servante pendant sa prime enfance, inique le site “Missel.fr” (http://missel.free.fr). Repris par sa famille peu avant la mort de sa mère, il fut employé par un ses frères à des travaux grossiers dont la garde des pourceaux jusqu’à ce qu’un autre de ses frères, Damien, pris de pitié, le prenne avec lui ; c’est par reconnaissance pour ce frère qu’il se fera nommer Pierre Damien. Damien fait étudier Pierre à Ravenne où il se montre si brillant qu’il lui fait poursuivre des études à Faenza, puis à Parme.
Prodigieusement intelligent, il devient un professeur très renommé. Cependant, assailli de violentes tentations d’orgueil et de sensualité, Pierre Damien ne voyait pas d’autres moyens d’échapper aux dangers du monde que d’entrer chez les moines Camaldules de l’abbaye Sainte-Croix de Fonte Avellana, aux confins de la Marche et de l’Ombrie, où il s’adonnait à une vie extrêmement austère (1035).
Appelé par ses supérieurs à restaurer et à renforcer la discipline, il prêcha dans son couvent et dans d’autres. Il fut élu prieur de Fonte Avellana (1043) d’où il fonda d’autres monastères.
Soucieux des intérêts de l’Eglise, il dénonça à Grégoire VI (1045-1046) les clercs et les évêques incontinents et simoniaques dont le nombre avait augmenté sous le pontificat de Benoît IX (1032-1045).
Conseiller de Clément II (1046-1047), il lui écrit : « Travaillez à relever la justice qu’on foule aux pieds avec mépris ; usez des rigueurs de la discipline ecclésiastiques pour que les méchants soient humiliés et que les humbles se reprennent à l’espérance. »
Près d’être condamné par Léon IX (1048-1054) circonvenu par ses ennemis, Pierre Damien écrit au Pape : « Je ne cherche la faveur d’aucun mortel ; je ne crains la colère de personne ; je n’invoque que le témoignage de ma propre conscience. » Après avoir déserté la cour pontificale pendant la fin du pontificat de Léon IX et celui de Victor II (1055-1057), il est rappelé d’Ostie par Etienne IX (1057-1058) qui le fait cardinal-évêque ; il dénonce l’élection de Benoît X (1058-1059) entachée de simonie et, avec Hildebrand (futur saint Grégoire VII), après avoir contribué à l’élection de Nicolas II (1059-1061), il obtient le décret de 1059 qui réserve l’élection du pape aux seuls cardinaux.
A peine a-t-il fait l’élection d’Alexandre II (1061-1073) qu’il se retire dans son monastère dont il doit bien vite partir pour veiller sur l’Eglise déchirée par le schisme de l’antipape Honorius II (condamné en 1062). « Nous n’en connaissons pas dont l’autorité soit plus grande, après la nôtre, dans l’Eglise romaine, dit Alexandre II , il est notre œil et le ferme appui du siège apostolique. » Il est envoyé comme légat à Milan (1059), en France (1063), à Florence (1063), puis en Germanie (1069). Après avoir remis de l’ordre dans le diocèse de Ravenne dont le défunt archevêque Henri a soutenu l’antipape, Pierre Damien, terrassé par la fièvre, au monastère Sainte-Marie-des-Anges, à Faenza, le 22 février 1072.