Le pape répond aux séminaristes : la question du « carriérisme » dans l’Eglise (I)

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ROME, Mercredi 21 février 2007 (ZENIT.org) – Samedi 17 février, le pape a effectué une visite au Séminaire romain Majeur à l’occasion de la Fête de la Vierge de la Confiance. Benoît XVI a répondu aux questions de six séminaristes. Nous publierons les réponses du pape en plusieurs parties.

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Voici la question d’un séminariste du diocèse de Nicopoli (Bulgarie), en quatrième année (deuxième année de théologie), Koicio Dimov, puis la réponse de Benoît XVI.

Très Saint-Père, en commentant le Chemin de croix de 2005 vous avez parlé des souillures qu’il existe dans l’Eglise, et dans l’homélie pour l’ordination des prêtres romains de l’année, vous nous avez mis en garde contre le risque du « carriérisme, de vouloir arriver “en haut”, de se procurer une position grâce à l’Eglise ». Comment nous situer par rapport à ces problématiques de la manière la plus sereine et la plus responsable possible ?

Benoît XVI : Ce n’est pas une question facile, mais il me semble avoir déjà dit, et c’est un point important, que le Seigneur sait, il savait dès le commencement, que dans l’Eglise le péché existe aussi, et pour notre humilité il est important de reconnaître cela, et de ne pas seulement voir le péché chez les autres, dans les structures, dans les hautes responsabilités hiérarchiques, mais également en nous-mêmes, pour être ainsi plus humbles et apprendre que devant le Seigneur, la position ecclésiale ne compte pas. Ce qui compte est d’être dans son amour et de faire briller son amour. Personnellement j’estime que, sur ce point, la prière de saint Ignace est d’une grande importance, lorsqu’il dit : « Suscipe Domine, universam meam libertatem; accipe memoriam, intellectum atque voluntatem omnem; quidquid habeo vel possideo mihi largitus es; id tibi totum restitoì ac tuae prorsus voluntati traoi gubernandum; amorem tuum cum gratia tua mihi dones et dives sum satis, nec aliud quidquam ultra posco » [Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon entendement et toute ma volonté; tout ce que j’ai et tout ce que je possède. Vous me l’avez donné, Seigneur, je vous le rends; tout est à vous, disposez-en selon votre bon plaisir. Donnez-moi votre amour; donnez-moi votre grâce: elle me suffit].

Cette dernière partie justement me semble très importante : comprendre que le vrai trésor de notre vie est d’être dans l’amour du Seigneur et ne jamais perdre cet amour. Alors nous sommes véritablement riches. Un homme qui a trouvé un grand amour se sent véritablement riche et sait que cela est la véritable perle, que cela est le trésor de sa vie et non toutes les autres choses qu’il possède peut-être.

Nous avons trouvé, plus encore, nous avons été trouvés par l’amour du Seigneur et plus nous nous laissons toucher par son amour dans la vie sacramentelle, dans la vie de prière, dans la vie du travail, du temps libre, plus nous pouvons comprendre que oui, j’ai trouvé la perle véritable, tout le reste ne compte pas, tout le reste n’est important que dans la mesure où l’amour du Seigneur m’attribue ces choses. Je ne suis riche, je ne suis réellement riche et « en haut » que si je suis dans cet amour. Trouver là le centre de la vie, la richesse. Puis laissons-nous guider, laissons la Providence décider de ce qu’elle fera de nous.

Il me vient à l’esprit une petite histoire de sainte Bakhita. Cette belle sainte africaine, qui était esclave au Soudan, puis a trouvé la foi en Italie, est devenue religieuse, et alors qu’elle était déjà âgée, l’évêque effectua une visite dans son monastère, dans sa maison religieuse. Il ne la connaissait pas. Il vit cette petite sœur africaine, déjà courbée, et il dit à Bakhita : « Mais vous, que faites-vous ma sœur ? » ; Bakhita répondit : « Je fais la même chose que vous, Excellence ». L’évêque surpris, demanda : « Mais quoi donc ? » et Bakhita répondit : « Mais Excellence, nous voulons tous deux faire la même chose, faire la volonté de Dieu ».

Cela me semble une très belle réponse. L’évêque, et la petite sœur qui ne pouvait pratiquement plus travailler, faisaient, dans des situations différentes, la même chose. Ils essayaient de faire la volonté de Dieu et ils étaient ainsi à leur juste place.

Il me vient aussi à l’esprit une parole de saint Augustin qui dit : Nous sommes tous toujours uniquement des disciples du Christ et sa chaire est la plus élevée, parce que sa chaire est la croix et seule cette hauteur est la véritable hauteur, la communion avec le Seigneur, même dans sa passion. Il me semble que si nous commençons à comprendre cela, dans une vie de dévouement, pour le service du Seigneur, nous pouvons nous libérer de ces tentations très humaines.

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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