Face aux fondamentalismes « laïc » et « religieux », le principe chrétien de la laïcité

Par le cardinal Martino

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ROME, Jeudi 9 mars 2006 (ZENIT.org) – « Une condition fondamentale de la paix est que les religions sachent éviter avec toujours plus de sagesse les deux extrêmes du fondamentalisme laïc et du fondamentalisme religieux », déclare le cardinal Martino. Il rappelle au contraire l’importance du « principe chrétien de la laïcité », qui implique le droit à la « liberté religieuse ».

Le cardinal Renato Raffaele Martino a en effet ouvert ce matin un colloque de trois jours organisé au Centre culturel Saint-Louis de France, par ce même centre, par le conseil pontifical Justice et Paix (dont le cardinal Martino est le président), et par le Centre international Jacques Maritain. Le thème : « Les chemins de la paix ».

Le cardinal Martino expliquait ce concept de « fondamentalisme laïc », de « laïcisme » en rappelant l’évolution de ces dernières années: « Jusqu’il y a quelques années, semblait prévaloir l’idée d’un espace public international « neutre » à l’égard des religions, confié presque exclusivement aux Etats et, en particulier, aux deux super-puissances. Dans le monde occidental, la valeur publique de la religion semblait être inhibée par la laïcité de la vie politique, quand ce n’était pas par le laïcisme ou par le processus de sécularisation qui tendaient à reléguer la religion à la sphère privée ».

Après la chute du Mur de Berlin
Il rappelait en effet qu’« après la chute du mur de Berlin et la fin des blocs, les religions aussi ont soudainement été réhabilitées ». Il expliquait cette inversion de tendance: « L’Occident a alors appris que, sous la couche d’un sécularisme rampant, existaient de fortes tensions religieuses, et pas seulement sous l’aspect consumériste du New Age. Par exemple, les Etats-Unis – considérés à l’avant-garde de la sécularisation en Occident – ont découvert à nouveau leurs racines religieuses au point que certains observateurs parlent d’une différenciation croissante à ce sujet, entre les Etats-Unis et l’Europe. En Orient, de la désagrégation de l’empire soviétique sont issues de nombreuses appartenances religieuses qui, dans certains cas, hélas, ont même explosé sous la forme de conflits virulents. Par ailleurs, les migrations mondiales ont placé les religions les unes à côté des autres et, avec ses événements bien connus, la scène politique mondiale a porté la religion islamique sous les feux de la chronique et de la politique ».

« Tout cela comporte non seulement un poids social et politique renouvelé des religions, mais surtout leur revendication de « droit » à un rôle public », ajoutait le cardinal Martino.

Le « fondamentalisme laïc »
C’est alors qu’il déclarait : « Une condition fondamentale de la paix est que les religions sachent éviter avec toujours plus de sagesse les deux extrêmes du fondamentalisme laïc et du fondamentalisme religieux ».

Et d’expliquer que le « fondamentalisme laïc » n’admet « la présence d’aucune religion dans l’espace public, les reléguant au domaine privé ».

Au contraire, « le fondamentalisme religieux » se résout « dans l’occupation directe de l’espace public, sans respecter le principe chrétien de la laïcité ».

La liberté religieuse n’est pas un motif de guerre
Le cardinal Martino concluait en renvoyant dos à dos les deux fondamentalismes: « De telles positions ne peuvent que conduire à augmenter les conflits religieux. Comme on peut le voir, il sera toujours plus important de garantir à l’avenir la liberté religieuse non seulement dans les textes des constitutions, mais surtout dans la pratique politique concrète. La liberté religieuse n’est pas un motif de guerre ; elle est même la condition pour éviter le fondamentalisme laïc tout comme celui religieux, les deux formes principales d’intolérance religieuse du monde d’aujourd’hui. »<br>
Enfin, à la télévision italienne, le cardinal Martino a déclaré à l’issue du colloque du Centre Saint-Louis de France des paroles qui ont été reprises dès la fin de la matinée par les agences de la péninsule: « Dans les écoles où il y a des enfants de religion musulmane, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas leur enseigner leur religion ».

Et le commentateur résumait ensuite les propos du cardinal en disant : « Pour le cardinal il convient de surmonter les divisions : Si nous attendons la réciprocité dans les pays respectifs où il y a des chrétiens, alors, nous nous mettons au même niveau que ceux qui refusent cette possibilité. Seuls le dialogue et la liberté religieuse peuvent éviter le fondamentalisme, qu’il soit politique et laïc ou qu’il soit religieux. Toutes les religions sont pour la paix ».

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ZENIT Staff

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