Le pape rencontre les prêtres et les diacres du diocèse de Rome (Discours intégral)

Il les invite à retourner à la racine du sacerdoce : Jésus Christ

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ROME, Mardi 17 mai 2005 (ZENIT.org) – Le vendredi 13 mai, le pape a rencontré les prêtres et les diacres du diocèse de Rome, dans la Basilique Saint-Jean-de-Latran. Voici le discours prononcé par Benoît XVI.

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Chers prêtres et diacres, qui prêtez votre service pastoral dans le diocèse de Rome, je suis heureux de vous rencontrer au début de mon ministère d’évêque de cette Eglise, «qui préside dans l’amour». Je salue avec affection le cardinal-vicaire, que je remercie des paroles aimables qu’il m’a adressées, le vice-gérant et les évêques auxiliaires. Je salue de façon amicale chacun de vous et je désire vous exprimer dès cette première rencontre ma gratitude pour votre labeur quotidien dans la vigne du Seigneur.

L’extraordinaire expérience de foi que nous avons vécue à l’occasion de la mort de notre très aimé pape Jean-Paul II, nous a montré une Eglise de Rome profondément unie, pleine de vie et riche de ferveur: tout cela est également le fruit de votre prière et de votre apostolat. Ainsi, dans l’humble adhésion au Christ unique Seigneur, nous pouvons et nous devons promouvoir ensemble cette «exemplarité» de l’Eglise de Rome qui est un service authentique aux Eglises sœurs présentes dans le monde entier. Le lien indissoluble entre romanum et petrinum implique et exige, en effet, la participation de l’Eglise de Rome à la sollicitude universelle de son Evêque. Mais la responsabilité d’une telle participation vous concerne à un titre particulier, chers prêtres, qui êtes unis à votre Evêque par le lien sacramentel et qui êtes constitués ses précieux collaborateurs. Je compte donc sur vous, sur votre prière, sur votre accueil et votre dévouement, afin que notre diocèse bien-aimé réponde toujours plus généreusement à la vocation que le Seigneur lui a confiée. Et quant à moi je vous dis: vous pouvez compter, malgré mes limites, sur la sincérité de mon affection paternelle pour vous tous.

Chers prêtres, la qualité de votre vie et de votre service pastoral semble montrer que, dans ce diocèse comme dans de nombreux autres du monde, nous avons désormais dépassé le temps de la crise d’identité qui a travaillé tant de prêtres. Cependant les causes du «désert spirituel» qui frappe l’humanité de notre époque et qui, en conséquence, minent également l’Eglise qui vit dans cette humanité, restent bien présentes. Comment ne pas craindre que celles-ci puissent menacer également la vie des prêtres? Il est donc indispensable de retourner toujours à nouveau à la racine de notre sacerdoce. Cette racine, comme nous le savons bien, est unique: Jésus Christ Seigneur. C’est Lui que le Père a envoyé, c’est Lui la pierre d’angle (1 P 2, 7). En Lui, dans le mystère de sa mort et de sa résurrection vient le royaume de Dieu et s’accomplit le salut du genre humain. Mais ce Jésus n’a rien qui lui appartienne de façon personnelle, tout est entièrement du Père et pour le Père. C’est pourquoi Il dit que sa doctrine n’est pas à lui, mais à celui qui l’a envoyé (cf. Jn 7, 16): le Fils seul ne peut rien faire (cf. Jn 5, 19.30).

Chers amis, telle est également la véritable nature de notre sacerdoce. En réalité, tout ce qui est constitutif de notre ministère ne peut être le produit de nos capacités personnelles. Cela vaut pour l’administration des sacrements, mais vaut également pour le service de la parole: nous sommes envoyés non pour nous annoncer nous-mêmes, ou nos opinions personnelles, mais pour annoncer le mystère du Christ et, en Lui, la mesure du véritable humanisme. Nous ne sommes pas chargés de dire beaucoup de mots, mais de nous faire l’écho et les porteurs d’une seule «Parole», qui est le Verbe de Dieu fait chair pour notre salut. La parole suivante de Jésus est donc également valable pour nous: «Ma doctrine n’est pas de moi mais de celui qui m’a envoyé» (Jn 7, 16). Chers prêtres de Rome, le Seigneur nous appelle amis, ils fait de nous ses amis, il s’en remet à nous, il nous confie son corps dans l’Eucharistie, il nous confie son Eglise. Et alors nous devons véritablement être ses amis, n’avoir avec Lui qu’une seule façon de percevoir, vouloir ce qu’Il veut et ne pas vouloir ce qu’Il ne veut pas. Jésus lui-même nous dit: «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande» (Jn 15, 14). Que cela soit notre intention commune: faire, tous ensemble, sa sainte volonté, dans laquelle se trouve notre liberté et notre joie.

Etant donné que le Christ se trouve à sa source, le sacerdoce est, par nature, dans l’Eglise et pour l’Eglise. La foi chrétienne, en effet, n’est pas quelque chose de purement spirituel et intérieur, et notre relation avec le Christ n’est pas seulement subjective et privée. Il s’agit en revanche d’une relation tout à fait concrète et ecclésiale. A son tour, le sacerdoce ministériel possède un rapport constitutif avec le corps du Christ, dans sa double et inséparable dimension d’Eucharistie et d’Eglise, de corps eucharistique et de corps ecclésial. C’est pourquoi notre ministère est amoris officium (Saint Augustin, In Iohannis Evangelium Tractatus 123, 5), c’est la tâche du bon pasteur, qui offre sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 14-15). Dans le mystère eucharistique le Christ se redonne constamment et, précisément dans l’Eucharistie, nous apprenons l’amour du Christ et donc l’amour pour l’Eglise. Je répète donc avec vous, chers frères dans le sacerdoce, les inoubliables paroles de Jean-Paul II: «La Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées» (Discours du 27 octobre 1995, à l’occasion du 30e anniversaire du Décret Presbyterorum ordinis; cf. ORLF n. 46 du 14 novembre 1995). Cela devrait être une parole dont chacun de nous peut dire qu’elle est sienne: la Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées. De la même façon, l’obéissance au Christ, qui corrige la désobéissance d’Adam, se concrétise dans l’obéissance ecclésiale, qui pour le prêtre est, dans la pratique quotidienne, tout d’abord obéissance à son évêque. Dans l’Eglise l’obéissance n’est cependant pas quelque chose de formel; c’est l’obéissance à celui qui est, à son tour, obéissant et qui personnifie le Christ obéissant. Tout cela ne rend pas vaines et n’atténue pas les exigences concrètes de l’obéissance, mais lui assure sa profondeur théologale et son souffle catholique: dans l’évêque nous obéissons au Christ et à l’Eglise entière, qu’il représente en ce lieu.

Jésus Christ a été envoyé par le Père, dans la puissance de l’Esprit, pour le salut de toute la famille humaine et nous prêtres, à travers la grâce du sacrement, nous participons à sa mission. Comme l’écrit l’Apôtre Paul, «Dieu… nous a confié le ministère de la réconciliation… Nous sommes donc en ambassade pour le Christ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu» (2 Co 5, 18-20). Ainsi saint Paul décrit notre mission de prêtres. C’est pourquoi, dans l’homélie qui a précédé le conclave, j’ai parlé d’une «sainte inquiétude» qui doit nous animer, l’inquiétude d’apporter à tous le don de la foi, d’offrir à tous ce salut qui, seul, demeure pour l’éternité. Et dans une ville aussi grande que Rome qui, d’une part, est profondément pénétrée par la foi, mais dans laquelle il y a toutefois de nombreuses personnes qui n’ont pas réellement perçu dans leur cœur l’annonce de la foi, nous devons être encore davantage animés par cette inquiétude d’apporter cette joie, ce centre de la vie qui lui donne un sens et une direction. Chers frères prêtres de Rome, le Christ ressuscité nous appelle à être ses témoins et nous donne la force de son Esprit, pour l’être vraiment. Il est donc nécessaire d’être avec Lui (cf. Mc 3, 14; Ac 1, 21-23). De la même façon que dans la première description du «munus apostolicum», dans Marc 3,
est décrit ce que le Seigneur pensait être la signification d’un apôtre: être avec lui et être disponible à la mission. Les deux choses vont de pair et ce n’est qu’en étant avec Lui que nous sommes également et toujours en mouvement avec l’Evangile vers les autres. Il est donc essentiel d’être avec Lui; ainsi l’inquiétude s’anime et nous devenons capables d’apporter la force et la joie de la foi aux autres, de rendre témoignage à travers toute notre vie et non seulement avec quelques mots. Les paroles suivantes de l’Apôtre Paul sont valables pour nous: «Annoncer l’Evangile en effet n’est pas pour moi un titre de gloire; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile!… Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre… Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns» (1 Co 9, 16, 22). Ces paroles qui sont l’autoportrait de l’apôtre nous donnent également le portrait de chaque prêtre. Cette façon de «se faire tout à tous» s’exprime dans la proximité quotidienne, dans l’attention à l’égard de chaque personne et famille: vous, les prêtres de Rome, avez à cet égard une grande tradition, je le dis avec une profonde conviction, et vous l’honorez aujourd’hui aussi, alors que la ville s’est beaucoup agrandie et a profondément changé. Il est décisif, comme vous le savez bien, que la proximité et l’attention envers tous ait toujours lieu au nom du Christ et vise constamment à conduire à Lui.

Naturellement une telle proximité et un tel dévouement comportent pour chacun de vous, et de nous, un coût personnel, représentent du temps, des soucis, une dépense d’énergie. Je connais votre fatigue quotidienne et je veux vous remercier, de la part du Seigneur. Mais je voudrais également vous aider à ne pas céder à cette fatigue. Pour pouvoir résister, et même grandir, en tant que personnes et que prêtres, il est tout d’abord fondamental qu’il y ait une communion intime avec le Christ, dont la nourriture était de faire la volonté du Père (cf. Jn 4, 34): tout ce que nous faisons, nous le faisons en communion avec Lui et nous retrouvons toujours ainsi l’unité de notre vie face à tant de distractions favorisées par les différentes activités de chaque jour. Du Seigneur Jésus Christ, qui s’est sacrifié lui-même pour faire la volonté du Père, nous apprenons en outre l’art de l’ascèse sacerdotale, qui aujourd’hui aussi est nécessaire: celle-ci ne doit pas être placée à côté de l’action pastorale, comme un poids supplémentaire qui rend notre journée encore plus difficile. Au contraire, dans l’action même nous devons apprendre à nous dépasser, à quitter et à donner notre vie. Mais pour que tout cela se produise réellement en nous, pour que notre action soit réellement dans le même temps notre ascèse et notre manière de nous donner, pour que tout cela ne demeure pas seulement un désir, nous avons sans aucun doute besoin de moments pour retremper nos énergies, même physiques, et surtout pour prier et méditer, en retournant dans notre intériorité et en trouvant le Seigneur en nous. C’est pourquoi le temps pour demeurer en la présence de Dieu dans la prière est une véritable priorité pastorale, ce n’est pas un à-côté du travail pastoral, demeurer face au Seigneur est une priorité pastorale, en dernière analyse la plus importante. Jean-Paul II nous l’a montré de la manière la plus concrète et la plus lumineuse en chaque circonstance de sa vie et de son ministère.

Chers prêtres, nous ne soulignerons jamais assez combien notre réponse personnelle à l’appel à la sainteté est fondamentale et décisive. Telle est la condition pour que notre apostolat personnel soit non seulement fructueux mais également, et plus largement, pour que le visage de l’Eglise reflète la lumière du Christ (cf. Lumen gentium, n. 1), incitant ainsi les hommes à reconnaître et à adorer le Seigneur. Nous devons tout d’abord accueillir en nous la supplication de l’Apôtre Paul à se laisser réconcilier avec Dieu (cf. 2 Co 5, 20), en demandant au Seigneur avec un cœur sincère et une âme déterminée et courageuse d’éloigner de nous tout ce qui nous sépare de Lui et qui est en opposition avec la mission que nous avons reçue. Le Seigneur, nous en sommes sûrs, est miséricordieux et saura nous exaucer.

Mon ministère d’Evêque de Rome se situe dans le sillage de celui de mes prédécesseurs, accueillant en particulier l’héritage précieux que Jean-Paul II a laissé: chers prêtres et diacres, marchons ensemble sur cette voie, avec sérénité et confiance. Nous continuerons à chercher à faire croître la communion au sein de la grande famille de l’Eglise diocésaine et à collaborer pour développer l’orientation missionnaire de notre pastorale, conformément aux lignes de fond du Synode romain, mises en œuvre avec une efficacité particulière lors de l’expérience de la Mission dans la ville. Rome est un très grand diocèse, et un diocèse vraiment très particulier, en raison de la sollicitude universelle que le Seigneur a confiée à son Evêque. C’est la raison pour laquelle, chers prêtres, votre rapport avec l’Evêque diocésain, que je suis, ne peut malheureusement pas avoir la spontanéité quotidienne que je souhaiterais et qui est possible dans d’autres situations. A travers l’œuvre du cardinal-vicaire et des évêques auxiliaires, à qui j’exprime ma vive gratitude, il m’est cependant possible d’être concrètement proche de chacun de vous, dans les joies et dans les difficultés qui accompagnent le chemin de chaque prêtre. Et je désire surtout vous assurer de cette proximité plus profonde et décisive qui unit l’évêque à ses prêtres et à ses diacres, dans la prière quotidienne. Soyez assurés que le clergé de Rome est réellement et particulièrement présent dans ma prière. Nous sommes également proches dans la foi et dans l’amour du Christ et dans notre don à Marie, Mère de l’unique Prêtre Suprême. C’est précisément de notre union au Christ et à la Vierge que tirent leur substance la sérénité et la confiance dont nous ressentons tous le besoin, tant pour le travail apostolique que pour notre existence personnelle.

Chers prêtres et diacres, voici quelques-unes des considérations que je désirais proposer à votre attention. Avant d’écouter vos questions et vos réflexions, j’ai encore à vous annoncer une très joyeuse nouvelle. Nous avons reçu une communication aujourd’hui. Le Cardinal Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, avec Mgr Nowak, Secrétaire de la même Congrégation, ont écrit :
Instante Em.mo ac Rev.mo Domino D. Camillo S.R.E. Cardinali Ruini, Vicario Generali Suae Sanctitatis pro Dioecesi Romana, Summus Pontifex BENEDICTUS XVI, attentis peculiaribus expositis adiunctis, in audentia eidem Cardinali Vicario Generali die 28 mensis Aprilis huius anni 2005 concessa, dispensavit a tempore quinque annorum exspectationis post mortem Servi Dei Ioannis Pauli II (Caroli Wojtyła), Summi Pontificis, ita ut causa Beatificationis et Canonizationis eiusdem Servi Dei statim incipi posset. Contrariis non obstantibus quibuslibet.
Datum Romae, ex aedibus huius Congregationis de Causis Sanctorum, die 9 mensis Maii A.D. 2005.
Iosephus Card. Saraiva Martins
Praefectus
Eduardus Nowak
Archiepiscopus tit. Lunensis
a Secretis
Après la lecture, il concluait:

A présent, je vous donne la parole. Je chercherai dans la mesure du possible de vous répondre à la fin.

Texte original : italien – Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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