Entre le dernier soupir de Jean-Paul II, en odeur de sainteté, le samedi 2 avril à 21 h 37 et ses funérailles, des millions de personnes lui ont en effet rendu hommage en la salle Clémentine, puis à Saint-Pierre, et place Saint-Pierre, lors de ses funérailles: une chose jamais vue.
Devant ce phénomène, facilité par les forces de l’ordre italiennes, qui ont voulu donner à tous la liberté de venir rendre un dernier hommage à ce pape tant aimé des foules du monde entier, les media ont parlé de « canonisation populaire ».
Plus encore, l’hommage des grands de ce monde, des religions, des chrétiens de toutes confessions, des malades, des handicapés, le jour des funérailles, a constitué un autre événement jamais vu.
En outre, les calicots, place Saint-Pierre, et sur d’autres places d’Italie et du monde, ont demandé, lors des funérailles du pape Wojtyla, vendredi 8 avril, « Santo Subito » – « Saint tout de suite ».
Et pendant plus de dix minutes la foule a scandé, place Saint-Pierre et rue de la Conciliation, « Santo Subito »: le cardinal Joseph Ratzinger, doyen du collège cardinalice, qui présidait la célébration s’est arrêté pour laisser la foule s’exprimer: il écoutait.
Enfin, des témoignages afflueraient maintenant du monde entier au Vatican pour attester des guérisons inexplicables survenues après une rencontre, une bénédiction, une caresse de Jean-Paul II. Ces guérisons inexplicables seraient survenues en Inde, au Mexique, en Roumanie.
Deux cardinaux ont évoqué ces derniers jours de tels événements. D’une part, le cardinal mexicain Javier Lozano Barragan, 71 ans, président du conseil pontifical pour la Pastorale de la santé, et le cardinal Franceso Marchisano, archiprêtre de la basilique vaticane.
Normalement, il faut attendre cinq ans, après la mort d’un baptisé, laïc ou clerc, avant de promouvoir sa cause de béatification. La cause est d’abord soutenue au niveau diocésain, par un « postulateur », qui doit être approuvé par l’évêque et par la congrégation pour les Causes des saints.
L’évêque est l’évêque du lieu de la mort du serviteur de Dieu. Il peut traiter la cause directement ou la confier à un prêtre délégué. Il nomme aussi un « promoteur de la justice », une forme de « ministère public ».
Le postulateur doit être expert en théologie, en droit canon, et en histoire, et doit être résident à Rome.
Il est chargé de mener les enquêtes pour vérifier sa renommée de sainteté. Il réfère de ses travaux à l’évêque concerné. Il doit produire une biographie, éditer tous les écrits du candidat, et fournir une liste de témoins.
L’évêque doit demander à deux théologiens de donner leur avis sur les écrits édités du serviteur de Dieu.
Il est aussi chargé de rassembler les preuves et d’interroger les témoins. Il peut aussi convoquer des témoins opposés à la cause. Il doit enfin convoquer des experts qui ont étudié les documents, les médecins, en cas de guérisons prodigieuses.
Une fois le procès diocésain conclu, l’évêque communique tous les documents à la congrégation romaine pour les causes des saints, dont le préfet est le cardinal portugais, José Saraiva Martins.
Il écoute les trois « rapporteurs », le collège des théologiens, certains consulteurs experts en théologie et en histoire, et une commission de médecins pour les éventuelles guérisons physiques obtenues par l’intercession du « candidat ».
Lorsque les cardinaux et les évêques de la congrégation arrivent à un vote positif sur la cause, ils transmettent leurs conclusions au pape auquel revient la décision de la béatification. S’il s’agit d’un martyr, il n'y a pas besoin de miracle, le martyre en étant un en soi. Pour la canonisation, il faudra un autre miracle survenu après la béatification.
Autrefois, la canonisation pouvait arriver « vox populi »: presque tous les papes des cinq premiers siècles ont ainsi été déclarés saints.
Mais la cause des papes – par exemple Pie IX et Jean XXIII béatifiés en 2000 – est plus complexe et plus longue que les autres. Elle implique un examen soigné non seulement de leurs actes en tant que pontifes romains, partout où ils sont allés, mais dans les diocèses où ils sont nés, où ils ont exercé leur ministère de prêtre et d’évêque. La cause de Pie XII par exemple doit recueillir des témoignages de l’époque où il était nonce en Allemagne, à Munich, puis à Berlin, mais les archives de la nonciature de Berlin ont péri dans un incendie pendant la guerre.
Seul le nouveau souverain pontife pourrait accorder une dérogation à la règle des cinq ans, comme Jean-Paul II l’a fait pour la cause de Mère Teresa de Calcutta, seule dérogation de tout le pontificat, sur quelque 1800 canonisations et béatifications.
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Apr 10, 2005 00:00