CITE DU VATICAN, Mardi 23 mars 2004 (ZENIT.org) – L’observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, Mgr Francesco Follo, analyse les grandes tendances culturelles de notre époque au coeur desquelles se trouve la notion de Liberté. Une liberté qui se manifeste dans le domaine politique et qui puise sa source dans le Christ. Mgr Follo s’attache en particulier à analyser comment s’exerce la liberté en politique.
L’analyse est publiée par inXL6.org, le site jeune de l’Eglise catholique en France, à l’adresse: http://www.inXL6.org/article1493.php
Liberté et politique
Au-delà ou en deçà du défi technologique, notre époque a accepté de relever le défi de la Liberté dans le domaine politique. Une fois révolu le temps des totalitarismes, qui ont coûté la vie à des millions de personnes, les hommes ont cru que les libertés démocratiques allaient satisfaire tous leurs espoirs. Mais ils se sont vite aperçus que la liberté n’était pas synonyme d’Espérance. Ils ont découvert que la liberté, qui n’est qu’un instrument de l’Espérance, pouvait être récupérée et détournée. C’était l’époque dans la guerre froide et de la « paix froide », pourrait-on dire, qui a fait renaître des haines profondes.
Certes, la liberté est ce qui fait transparaître la lumière de la raison, la grandeur de la dignité de l’homme, et, d’une certaine manière, la lumière de la transcendance. Mais pour cela, elle doit devenir un véritable espace d’autonomie pour l’individu comme pour la collectivité. Comme le rappelle si bien Descartes, ou la liberté est illimitée « in radice » ou elle n’est pas. D’ailleurs les institutions qui permettaient l’exercice d’une soi-disant liberté ne furent parfois que des terrains de bataille où s’affrontèrent les intérêts privés, sans aucun rapport avec la liberté. De facto il s’agissait de tyrannies plus ou moins raffinées et programmées.
Même si l’Espérance a partie liée avec la liberté, dont elle se nourrit, elle doit donc aller au-delà pour se fixer dans l’éternel, et non dans l’éphémère. Or nous vivons dans une culture qui a exalté et qui exalte aujourd’hui encore l’éphémère en mettant en valeur ce qui nous assujettit, ce qui nous lie à l’immédiateté pour nous éloigner de ce qui fait la grandeur de l’homme : la pensée. La civilisation des images donne aux individus l’illusion de réfléchir mais, en réalité, elle ne leur propose que des slogans artificiels à répéter. Grâce à la pensée, par laquelle nous bâtissons un savoir organisé en catégories universelles, nous échappons au flux du provisoire et du particulier.
C’est dans un tel contexte que l’Eglise offre sa contribution à l’édification d’une civilisation de l’Amour fondée sur la Vérité et la Liberté auxquelles tous les hommes aspirent. Vérité qui unit l’homme à la vie et qui le rend libre. D’autre part, l’Eglise contribue aussi à construire la paix par la proclamation et par l’exigence du respect de tous les droits de l’homme.
La liberté des disciples du Christ
La liberté s’épanouit finalement dans la Foi, qui est toujours menacée aujourd’hui par l’oubli de la transcendance et le refus du surnaturel. Ce n’est pas parce que nous assistons en ce moment à une renaissance du sentiment religieux et à la croissance spectaculaire de certaines manifestations du même ordre, qu’il faille conclure à un réel progrès spirituel. En ce début de troisième millénaire, le défi pour la foi est de rester ce qu’elle est, étrangère au fanatisme comme à l’indifférence.
La foi n’est pas un saut dans la nuit. Grâce au Christ, en effet, le chemin est déjà tracé et nous en connaissons les étapes. Qui veut vivre doit mourir et qui veut accéder à la gloire porter sa Croix. Grâce à Jésus-Christ, la vie est possible à quiconque veut l’imiter, car en lui s’est manifestée « la plénitude de la grâce et de la vérité ».
La Liberté s’épanouit aussi dans l’Espérance, dans l’avenir que promet le christianisme, dans le bonheur que nous offre le Christ et dans la Charité aussi. Le Pape Paul VI n’a-t-il pas dit qu’il fallait construire la civilisation de l’Amour ?
En définitive, le Christ est la réponse à tous les défis de notre temps. L’Eglise a toujours agi à l’exemple du cœur transpercé du Christ qui, dans un excès de miséricorde, répandit le sang et l’eau, dans un amour infini.
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